PAR VICTORIN LUREL*
Héritier d’une situation budgétaire calamiteuse — dont il est également comptable en tant que fidèle soutien des différents gouvernements depuis 2017 —, le Premier ministre a dévoilé aujourd’hui les premiers axes du budget dont le Parlement sera saisi à l’automne.
En préambule, je tiens à rappeler que la douloureuse cure d’austérité n’est pas, contrairement à ce qui est avancé, la conséquence d’une « addiction collective » à la dépense, d’un « manque de productivité » des travailleurs ou d’une « irresponsabilité française » mais bien le résultat d’un appauvrissement continu de l’État et de l’accumulation de politiques antisociales aux effets antiredistributifs mis en œuvre depuis 8 ans.
Ainsi, alors que le Gouvernement cherche aujourd’hui 43,8 milliards d’économies pour 2026, il semble opportun de préciser que le désarmement fiscal organisé depuis 2017 par les cadeaux faits aux plus fortunés ampute chaque année les recettes de l’État de 60 milliards d’euros et que les aides publiques d’État versées aux entreprises représenteraient selon un rapport sénatorial près de 211 milliards chaque année !
Non revalorisation du barème de l’impôt, des pensions, des minimas sociaux et des allocations, gel général des dépenses des ministères, réduction du nombre de fonctionnaires et non remplacement d’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite, baisse de 5 milliards d’euros des dépenses sociales et de 5,3 milliards des dotations aux collectivités locales, obscure transformation de l’abattement fiscal pour les retraités, suppression de 2 jours fériés et création d’une inquiétante « allocation sociale unifiée » : la facture est à la fois salée et amère alors que de nombreuses pistes alternatives étaient possibles.
Cette « douloureuse » est donc avant tout l’expression d’un choix éminemment politique.
Dans l’attente d’un détail précis de ce plan d’austérité et en tant que membre de la commission des Sénat engagé avant tout contre les injustices sociales et fiscales, je tacherai, comme chaque année, de présenter d’autres options budgétaires : comme le Premier ministre nous y a invités, je travaillerai naturellement à la mise en place d’une « contribution de solidarité sur les plus hauts revenus » mais aussi sur les plus hauts patrimoines, je proposerai une répartition « juste et équitable » des efforts exigés et chercherai surtout à infléchir toute politique et toute mesure qui conduiraient à l’appauvrissement des Outre-mer.