Haïti. Des chefs décalés, la réalité et les dangers…

La chronique des jours sans, des jours sang est tenue, les bandes armées signent d’autres conquêtes territoriales, incendient des lieux de vie, activent la bile, le flot de haine greffé sur des complexes et le mal-être de certains, prompts, dans la justification du pire, à brûler même les cendres de lieux de vie ayant valeur de patrimoine.

La chronique des jours sans, des jours sang est tenue, les bandes armées signent d’autres conquêtes territoriales, incendient des lieux de vie, activent la bile, le flot de haine greffé sur des complexes et le mal-être de certains, prompts, dans la justification du pire, à brûler même les cendres de lieux de vie ayant valeur de patrimoine.

L’on se perd, s’étripe, se bouffe alors qu’au plus haut niveau de l’État, entre confort et inquiétude de la fin du temps des jouissances, l’on ressert au pays les promesses de sécurité. Le projet n’est pas à la hauteur d’hommes, de femmes en souffrance dans l’Ouest et dans l’Artibonite. Avant tout, si l’on considère les éléments de langage, l’on veut sécuriser pour organiser des élections. Dans cinq mois et demi.

Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, en visite à Washington, a vendu cette promesse d’élections générales en 2025, considérée par beaucoup, au fait des défis sécuritaires, logistiques et politiques, comme une salade. « Je me suis entretenu aujourd’hui avec le Premier ministre d’Haïti, Alix Didier Fils-Aimé, qui a présenté le plan de son gouvernement pour améliorer la sécurité et organiser des élections d’ici la fin de l’année, y compris les avancées du Conseil électoral provisoire », peut-on lire dans une communication publiée par le secrétaire général de l’OEA, Albert Ramdin, sur son compte X après sa rencontre avec M. Fils-Aimé.  

Ni le plan de sécurité annoncé par le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé ni le budget de guerre n’ont encore d’effet majeur sur la vie des Haïtiens que l’on rêve de voir dans les urnes pour valider une proposition monstrueuse de Constitution et élire des chefs qui, jusqu’ici, se servent au lieu de servir la population.

Si le gouvernement Fils-Aimé a pu trouver un peu plus de 40 millions de dollars pour engager une firme privée de sécurité pour appuyer la PNH, le processus n’aurait pas fait des heureux. Un second projet de contrat avec une seconde firme, selon des sources, serait dans l’impasse.

Mais s’il est relativement facile de finaliser ce contrat avec cette firme étrangère, la PNH et les FAD’H ont de la difficulté a absorbé leurs budgets d’investissement, a-t-on appris. Les crédits budgétaires du ministère de la Défense, hors financement externe, sont de 9,5 milliards de gourdes. Selon le tableau d’exécution des dépenses budgétaires, 1 milliard 197 millions ont été dépensées en « salaire », 574,9 millions de gourdes en fonctionnement et 14.5 millions de gourdes en dépenses d’investissement au mois de mai 2025, au ministère de la Défense. À quatre mois de la fin de l’exercice le 30 septembre, le ministère de la Défense a consommé 1,7 milliards de gourdes de son budget de 9,5 milliards, soit 18,77 % du budget.

Contrairement au ministère de la Défense, le ministère de la Justice et de la Sécurité dont relève la PNH, sur la même période, a consommé 50, 15 % de son budget de 70,1 milliards gourdes. 19,4 milliards de gourdes en salaire, 12,5 milliards pour les dépenses de fonctionnement, 3 milliards 222 millions de gourdes allouées à des dépenses d’investissement. Le MJSP a dépensé 35 milliards 186 millions de gourdes.

Au mois de mai 2025, les ministères en charge des forces de sécurité haïtienne, selon ce tableau d’exécution du budget, hors financement externe, ont coûté plus de 36 milliards de gourdes aux contribuables haïtiens.

Plusieurs dizaines de millions de dollars d’investissement pour la PNH ne seraient pas encore absorbés, selon des sources interrogées en ce mois de juillet par Le Nouvelliste. L’hyper-dépendance de la PNH, biberonnée depuis sa création par certains bailleurs, est une des raisons de cette faiblesse. « Pas que », soutiennent d’autres sources.

L’absorption du budget d’investissement de l’État est une problématique bien plus large, mêlant carence de cadres compétents pour préparer les dossiers, passer les marchés, s’assurer du suivi logistique et, aussi, des choix délibérés d’avoir des taux d’exécution relativement faibles, favorables au bousculement de requêtes à la fin de l’exercice fiscale.

Sur le faible taux d’exécution des dépenses de capital, les chiffres sont révélateurs. Du 1er octobre 2024 au 30 juin 2025, sur les 138,7 milliards de gourdes de dépenses de capital du budget 2024-2025, seulement 36 milliards ont été dépensées. Le taux d’exécution est de 26 %. Le solde est de 102,6 milliards de gourdes. De l’autre côté, entre octobre et juin 2025, sur les 184,6 milliards de dépenses courantes, 69,2 milliards de gourdes, soit un taux d’exécution de 62 % de cette enveloppe, ont été dépensées.

Globalement, l’État Haïtien, à trois mois de la fin de l’exercice, n’a exécuté que 52 % de son enveloppe budgétaire. Au 30 juin 2025, l’État haïtien a dépensé 153,7 milliards de gourdes de son budget de 323,4 milliards, soit un taux d’exécution de 52 % de l’enveloppe budgétaire, selon le tableau des recettes encaissées et des dépenses autorisées rendu public par le ministère de l’Économie et des Finances. Il reste à l’administration reste à dépense 48 % de son budget en 90 jours.

Entre-temps, l’enjeu, pour ceux qui connaissent l’administration publique, concerne les 48 % du budget non encore dépensés à trois mois de la fin de l’exercice. « Il est courant que le MEF soit inondé de requêtes pour épuiser des lignes budgétaires. C’est souvent une période propice à des dépenses problématiques, sources d’enrichissement de particuliers », a confié une source interrogée par Le Nouvelliste.

Des plans prévisionnels envoyés presque en fin d’exercice

Si le Premier ministre promet des élections cette année, s’il a évoqué des avancées du CEP, l’institution électorale, sur certains aspects de la logistique, n’est qu’au stade de plan prévisionnel de marchés.

Le plan prévisionnel de marchés publics du CEP a été reçu au CNMP le 9 juillet 2025.  On y voit un appel d’offres restreint national de 215 millions de gourdes pour l’achat de 18 véhicules à moteur tout-terrain, de deux autobus pour les besoins du CEP. La période de signature du marché est en août 2025. 

Il y a également un marché de 40 millions de gourdes, appel d’offres restreint national dont la période probable de signature est en août 2025, pour le « recrutement d’une firme préposée à la gestion et le contrôle d’un fonds destiné à la promotion et la sensibilisation autour du référendum et des élections générales pour le CEP ». 

Du FAES et de certains projets de contrats « gré à gré »

Le FAES a fait son plan prévisionnel de passation de marchés le 26 mai 2025. Le montant des marchés est supérieur à 3 milliards de gourdes. La majorité des 22 marchés dont il est question sont de « gré à gré » dont l’un de 301,2 millions de gourdes pour l’acquisition de 60, 000 kits alimentaires de type D, un de 100 millions de gourdes pour la construction d’abris provisoires, le nettoyage des toilettes mobiles, l’assainissement, un pour la sélection d’un fournisseur d’ustensiles de cuisine et l’approvisionnement en denrées alimentaires et condiments des restaurants communautaires, un autre, toujours de gré à gré, d’un montant de 685,2 millions de gourdes pour l’acquisition de 105 420 kits alimentaires type E ( produits comestibles sans cuisson au profit des déplacés internes), un autre, de gré à gré, de 270,6 millions de gourdes pour la production et la distribution de 528 580 plats chauds au profit des déplacés internes ( DPI). La période de signature est en juillet 2025, le délai prévisionnel d’exécution est de deux mois.

À la fin de l’exercice 2024-2025, il est peu probable d’avoir un audit administratif et financier, des inventaires « physiques » -non sur le papier- de biens de l’État, la transparence sur les plus importants contrats signés par l’État, une évaluation de l’efficacité des dépenses et une revue des contrats et concessions engageant l’État.

Entre-temps, des veines du Trésor public sont toujours ouvertes. Brevet d’impunité en poche, des acteurs au sein de certains ministères et des particuliers vampirisent l’État. L’ULCC n’a pas encore l’effet dissuasif escompté. Mais l’unité continue son enquête sur le patrimoine de plusieurs personnalités dont un ex-président. Les enquêtes sur FNE et BMPAD avancent également, a confié une source au journal.

D’un autre côté, le CPT entame sa dernière ligne droite. Le 7 août 2025, Fritz Alphonse Jean doit céder la coordination du CPT à Laurent St Cyr. Les intrigues de palais et rumeurs folles donnent du grain à moudre. La transmission du maillet ne serait pas de plein et de bon cœur, contrairement aux apparences. M. Jean est attendu au tournant.

Entre-temps, au sommet de l’exécutif, l’on dégaine des lettres, demande des explications sur des dossiers, confirmant, pour ceux qui en douteraient, que les carcasses de l’État, ses concessions, sont pour le moins juteuses.

Les frictions -racontent les murs de certains salons- sont réelles. Les intérêts sont défendus âprement dans cette bataille entre « seigneurs » de chasses gardées et certaines autorités politiques considérées comme des pyromanes potentiels.

Comme en novembre 2024, il faut redouter des folies, des aventures toujours préjudiciables au pays.  Des actes de violence redoutés se sont produits à Port-au-Prince, quelque vingt-quatre heures après le limogeage par le Conseil présidentiel de transition (CPT) du Premier ministre Garry Conille, arrivé au pouvoir en mai dernier.

Toute la nuit de dimanche à lundi, tôt lundi matin et tout au long de la matinée du 11 novembre 2024, dans un contexte de fermeture des écoles, du commerce, des banques et des services consulaires de certaines ambassades, des attaques ont été signalées, entre autres, à Vivy Mitchell, Tabarre et Croix-des-Bouquets, dans les parages de  la Société nationale des parcs industriels (Sonapi) et non loin du carrefour de Nazon.

Des images et une vidéo d’un avion de Spirit Airlines à destination de Port-au-Prince, touché par balles, ont très vite circulé sur les réseaux sociaux. L’avion a dû se dérouter vers un aéroport de la République dominicaine, le lundi 11 novembre 2024.  L’avion était parti de Fort Lauderdale. Au moins une personne, une hôtesse de l’air, a été touchée par une balle.

L’incident a contraint les autorités aéroportuaires de l’aéroport international Toussaint-Louverture, dans la capitale haïtienne, à annuler tous les vols commerciaux. L’aéroport international Toussaint-Louverture de Port-au-Prince est banni depuis par la FAA.

Source : Le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/258097/des-chefs-decales-la-realite-et-les-dangers

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