Guadeloupe. 27 homicides en 7 mois : les réponses de Bruno Retailleau au narcotrafic

Avant de réunir « dans les prochains mois », une Conférence de coopération internationale sur la sécurité, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, « change de braquet » en renforçant les moyens techniques et humains pour lutter contre le trafic d’armes et de drogue.

Lors de sa visite éclair en Guadeloupe, samedi 23 août, Bruno Retailleau n’est pas juste venu écouter et constater… ce qu’il savait déjà. Dans la cour du commissariat flambant neuf qu’il a inauguré à Basse-Terre, le ministre de l’Intérieur a annoncé les moyens humains et techniques qui viennent compléter l’arsenal judiciaire qui avait déjà été revu et augmenté, notamment avec la nouvelle loi Narcotrafic qui renforce les prérogatives du préfet.

« La nouvelle loi Narcotrafic est une disposition très combattive, commente Bruno Retailleau. Tout va se jouer dans les deux ou trois prochaines années : il faut changer de braquet avec plus de moyens humains, de la volonté, pour faire échec aux trafiquants d’armes et de drogues. »

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, accueilli par les élus à son arrivée au nouveau commissariat de Basse-Terre.

Depuis le début de l’année, la Guadeloupe enregistre 27 homicides par armes à feu en seulement 7 mois, soit presqu’autant que l’année 2024 (33 homicides), avec des victimes parfois très jeunes, « trop jeunes, déplore le ministre de l’Intérieur. Pas une semaine ne passe sans vol à main armée, une fusillade, un règlement de comptes à déplorer. Pas un mois ne passe sans victime à pleurer. Derrière ces chiffres froids, il y a une réalité cruelle que les trafiquants imposent aux compatriotes de Guadeloupe. Des enfants-soldats, lancés contre des enfants-victimes, des existences broyées, des familles déchirées, et la peur d’être au mauvais endroit au mauvais moment. Le quotidien des habitants de Grande-Terre, de Basse-Terre, de Désirade ou de Marie-Galante est désormais un calvaire auquel je ne me résigne pas ! Parce que les trafiquants d’armes et de drogue ont fait de ce territoire la pointe avancée de leur entreprise de mort, nous devons faire de cet archipel de beauté un avant-poste de notre combat contre le crime organisé, contre le narcotrafic, contre les trafiquants d’armes. »

Unité balistique, brigades nautiques, drone…

Pour faire face à l’intensification du trafic d’armes et de drogue qui gagne du terrain en Guadeloupe, de nouveaux moyens seront déployés :

  • Renforcement des filières d’investigation : l’OFAST (Office anti-stupéfiants) disposera de 13 enquêteurs supplémentaires
  • Le groupe Armes comptera 2 enquêteurs de plus
  • Création d’un laboratoire d’analyse balistique
  • Confirmation de 2 escadrons de gendarmerie mobile
  • Création de 2 brigades nautiques : à Gourbeyre pour la gendarmerie et à Pointe-à-Pitre pour la Police nationale
  • Deux radars pour la surveillance du trafic en mer, notamment le canal des Saintes et le canal de la Dominique, doublés d’un drone.

Un audit du Grand Port est programmé

Les principaux points d’entrée et de sortie de l’archipel, le Port et l’aéroport continueront de faire l’objet d’une attention particulière. Les opérations 100 % contrôle des bagages et des passagers se poursuivront à l’aéroport.

Concernant le Grand Port maritime de Guadeloupe, qui a vocation à évoluer en hub pour les Antilles et la Caraïbe, il accueillera « prochainement » une mission d’audit menée par le Secrétariat général de la Mer. « Il nous faut, au-delà du scanner mobile, un point complet pour empêcher les trafiquants d’opérer », indique Bruno Retailleau.

Dans les prochains mois, le ministre de l’Intérieur entend réunir, avec le Quai d’Orsay, une Conférence de coopération internationale avec l’ensemble des pays voisins de la Caraïbe et Etats membres de l’Union européenne.

Cécilia Larney

« La violence est partout : ne vous découragez pas ! »

Dans son discours, prononcé à l’occasion de l’inauguration de l’Hôtel de police de Basse-Terre, devant les maires, parlementaires, présidents des collectivités départementale et régionale, le procureur général, Eric Maurel, le premier président de la Cour d’Appel de Basse-Terre, Michael Janas, le contrôleur général, directeur du SDIS, Félix Anténor-Habazac, le général Christophe Perret, commandant de la gendarmerie de Guadeloupe, le commissaire général, Philippe Miziniak, directeur territorial de la Police nationale…, Bruno Retailleau a rendu hommage aux policiers, gendarmes, sapeurs-pompiers, aux membres de l’administration territoriale de l’Etat.

« Nous sommes dans une société qui s’est ensauvagée : la violence est partout ! Les Antilles françaises et la Guyane sont dans les zones de transit de la drogue et du trafic d’armes. Par votre dévouement quotidien, vous êtes la part lumineuse de ce ministère, les boucliers des Français ! Ne vous découragez pas. »

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