Caraïbe. L’école haïtienne en mode survie  

L’école haïtienne continue de subir les soubresauts de la situation nationale.

Le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) a officiellement publié, le vendredi 19 septembre 2025, les résultats du baccalauréat pour les dix départements du pays. Selon son communiqué, le taux de réussite national s’élève à 44,96 %. Moins de la moitié des candidats ont franchi cette étape décisive. Sur 94 461 participants, seulement 42 466 ont réussi.

Plus encore, sur les trois plus grands départements en termes de participants à ces épreuves, aucun n’a réussi à franchir la barre des 50%. L’Ouest, 40,68% ; le Nord 49,73% ; et l’Artibonite, 36,24%. Ces résultats sont le reflet de l’année scolaire des écoliers haïtiens. Une grève des enseignants qui aura duré plus de six mois, des fermetures à répétition en raison de la conjoncture sécuritaire et politique et tant d’autres entraves. Ces résultats sont les signes d’une école qui lance des SOS.

« Lekòl la kraze », que faire ?

Le 15 juillet dernier, lors du programme gouvernemental « Les mardis de la nation », le titulaire du MENFP, Augustin Antoine a fait le constat d’un effondrement de l’école haïtienne. « Lekòl la kraze », s’était-il exclamé.

«Les journalistes, les parents, les enseignants, je vous annonce que l’école haïtienne est détruite. Cette école telle que nous la connaissons avec tous ses problèmes structurels est détruite », avait déclaré M. Antoine. Avant d’ajouter : « Quand vous avez 120 mille candidats au baccalauréat, si vous avez 50 mille qui ont réussi, c’est un motif suffisant pour faire la fête ».

Cette sortie n’est pas la première du genre du ministre. En février dernier, à ce même programme, le ministre Augustin Antoine n’a pas mâché ses mots et a dressé un portrait peu reluisant du système éducatif haïtien.

« Le système éducatif haïtien ne marche pas. On ne fait que gérer la post-catastrophe. Au-delà de tout cela, l’école haïtienne prend une mauvaise orientation. Notre école n’adresse pas nos problématiques de société comme par exemple la question de l’identité nationale, la réorganisation de l’État ou l’insertion socioprofessionnelle. L’école haïtienne n’est pas utilitaire parce que le type de formation dispensé, de connaissance donnée, n’est pas en adéquation avec l’évolution du monde », avait révélé Augustin Antoine.

Si le ministre dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, les solutions proposées restent timides. La reconstruction de l’école haïtienne tarde. Et les résultats du bac 2025 viennent une nouvelle fois le rappeler.

Les universités et les écoles professionnelles : un tableau tout aussi sombre

Les universités ne sont pas épargnées. L’Université d’État d’Haïti (UEH), le plus grand centre universitaire du pays, n’a plus de siège fixe. Plusieurs facultés, chassées par la violence des gangs, sont dispersées dans des locaux de fortune pour les plus chanceuses ; les autres survivent en ligne. Aucune solution durable n’a encore été annoncée pour reloger ces entités.

Les universités privées, celles qui ont encore accès à leurs locaux, sont très peu fréquentées. Les affluences diminuent chaque année, et nombre d’entre elles ont songé à fermer.

Quant aux écoles professionnelles, elles représentent une alternative pour ceux qui n’ont pas les moyens ou l’envie d’intégrer l’université. Mais elles ne sont pas mieux loties. En juillet et août derniers, Le Nouvelliste s’est penché sur deux écoles publiques d’enseignement professionnel : l’école professionnelle J.B. Damien et le Centre pilote de formation professionnelle. La première n’a plus de locaux depuis un an, la seconde fonctionne tant bien que mal. La direction a été contrainte de fermer plusieurs sections en raison du peu d’inscription enregistrée. Les écoles professionnelles privées, elles, échappent largement au contrôle de l’État, avec une qualité de formation très inégale et leurs lots de difficulté et de limitation.

Un plan pour la remobilisation de l’école?

L’année académique 2025-2026 débutera officiellement le 1er octobre prochain, selon les vœux du MENFP.  Cette année, le ministère a décidé de reconduire le même que l’année précédente : « Restaurer l’autorité de l’école ».

Les mesures annoncées à l’approche de la rentrée des classes : renforcement et extension du Programme national des cantines scolaires, réhabilitation d’infrastructures scolaires, distribution de kits scolaires et de livres, soutien monétaire etc. sont toutes conjoncturelles. Aucune mesure pour tenter de toucher les causes profondes de l’effondrement du système éducatif haïtien. La réforme annoncée tarde.

Source : Le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/260093/lecole-haitienne-en-mode-survie

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