Alors que la rentrée scolaire officielle dans le pays a été fixée au mercredi 1er octobre 2025, la suite de la première semaine d’ouverture pourrait être sérieusement compromise dans la cité de l’Indépendance.
La reprise des cours, déjà programmée au lundi 6 octobre dans de nombreux établissements de la ville, est en ballotage en raison du mouvement de protestation dans le quartier de Raboteau où des habitants exigent justice pour Wilfort Ferdinand, alias Ti Will .
Si un calme relatif a régné en début de semaine, il s’agit tout simplement d’une trêve délibérée afin de faciliter le ravitaillement des membres de la population selon les hommes de Raboteau. Jerry Bien-aimé, l’un des porte-paroles du mouvement, avait annoncé lors de la dernière manifestation que le mercredi serait consacré à une veillée funèbre et le jeudi aux funérailles de Ti Will. Il avait clairement indiqué que les manifestations reprendraient immédiatement après, laissant planer une incertitude sur la reprise effective des activités scolaires.
Entre lundi et mercredi, on pouvait voir de nombreux parents dans les rues et au bas de la ville, tentant de se procurer des fournitures scolaires essentielles, mais le cœur lourd de doute. L’une d’elles, approchée par Le Nouvelliste, confie : « Je suis obligée, malgré les circonstances, d’acheter les fournitures pour mon enfant, même si je ne sais pas vraiment s’il y aura la possibilité de l’envoyer à l’école lundi prochain. Ils ont l’habitude de faire perdre aux enfants plus de deux mois dans l’année scolaire. Je ne sais pas ce qui va arriver cette année », a-t-elle déclaré.
Face à cette situation, les responsables éducatifs se montrent préoccupés. Lors de la cérémonie de lancement de l’année scolaire, l’adjoint du directeur départemental de l’Éducation de l’Artibonite, Didier Pierre, a exprimé ses « plus grandes inquiétudes », tout en espérant une amélioration de la situation pour une rentrée « en bonne et due forme ».
Du côté de la société civile, l’organisation de défense des droits humains MEDHA, par la voix de son responsable Me Michelet Dorgilles, appelle au respect du droit à l’éducation. « Il n’y a aucune société sans éducation, ni droits humains sans éducation », a-t-il rappelé. Me Dorgilles en appelle aux autorités pour qu’elles contrecarrent l’influence des gangs et de leurs soutiens financiers, afin de garantir une reprise scolaire en toute sécurité et liberté pour les enfants.
Alors que les funérailles de Ti Will approchent, l’avenir immédiat de milliers d’élèves des Gonaïves se joue dans un fragile équilibre entre le droit à la justice et le droit fondamental à l’éducation.
Source : Le Nouvelliste