Guadeloupe. « Notre mission c’est de nourrir un peuple, qu’on nous donne les moyens de le faire »

Agriculteur — ou éleveur — en Guadeloupe, ce n’est pas simple. En attestent les productions toujours à la baisse d’une année sur l’autre. Fort de ce constat, déterminés à renverser la tendance, quelques leaders syndicaux agricoles ont décidé de créer une intersyndicale et de foncer.

A table,réunis dans les locaux de l’IGUAVIE, à Baie-Mahault, il y a Wilhem Monrose, de la FNSEA 971, Charly Singarin, de la Coordination Rurale Gwadloup, Alex Bandou, de l’UPG, Yannick Kindeur, des Jeunes Agriculteurs et Eugène Mardivirin, porte-parole du Collectif des planteurs de cannes.

Au menu, une situation difficile, qui induit une profonde amertume mais aussi une volonté certaine d’en finir avec les incertitudes. Cette volonté se traduit par une plateforme unitaire :

1. FEADER : Ineffectivité du dispositif

  • Pourquoi ?
  • Exigence de la profession déblocage des 19 mesures annoncées par la Région

2. POSEI, réforme de la PAC

  • Disparition des spécificités ?
  • Conséquences ?

3. Accord commerciaux

  • Concurrences déloyale, contraintes normative, baisse de revenus, souveraineté alimentaire
  • Conséquences globale sur l’agriculture

4. Ouverture états généraux de l’agriculture guadeloupéenne.

De quoi s’agit-il ? Yannick Kindeur, président des Jeunes Agriculteurs, à l’origine de l’intersyndicale à laquelle tous ont adhéré saut le MODEF, un syndicat agricole géré par Patrick Sellin, président de la Chambre d’agriculture, explique :

« Nous pratiquons, en Guadeloupe, une agriculture de sacrifice. On ne nous donne pas les moyens de pratiquer l’agriculture. Pour ce qui est de la question du FEADER, vitale pour l’agriculture, dont la Région est gestionnaire, nous ne sommes pas en conflit avec elle mais nous demandons que chacun prenne ses responsabilités. Nous avons demandé un rendez-vous avec la Région jeudi matin. »

Alex Bandou, de l’UPG : « Les jeunes qui s’installent sont confrontés à des problèmes. Ils n’ont pas les moyens de s’installer. S’installer c’est avoir de la terre en suffisance, du matériel, des intrants, etc. Certains, parce que les banques sont réticentes, parce que les collectivités ne bougent pas assez vite, parce que le FEADER est en quelque sorte un fonds de remboursement de dépenses qu’on a demandé à l’agriculteur de prendre en charge à 100%, ont laissé tomber de beaux projets. D’autres se posent des questions. La Région, gestionnaire du FEADER explique les retards, parfois de deux ou trois ans, par une question de logiciel qui ne serait pas formaté pour des petites exploitations comme chez nous. Or, il faut consommer les fonds européens. Pour consommer l’enveloppe de 110 millions, il a fallu rallonger les délais. »

Alex Bandou :

Autre problème le POSEI, dont on sait qu’il est absorbé par la canne et la banane, mais dont une partie retombe pour les autres filières agricoles. Ce POSEI est menacé par l’Europe.

Pourquoi ? « Parce que l’Europe veut réformer la PAC (politique agricole commune). Mais aussi parce que les fonds seront remis aux préfets des régions pour qu’ils répartissent ceux-ci. »

« Nous allons à terme vers la disparition de l’ODEADOM », poursuit Alex Bandou. L’ODEADOM qui assure la gestion de la quasi-totalité du POSEI France composé d’une part, du Régime Spécifique d’Approvisionnement (RSA) et d’autre part, de Mesures en Faveur des Productions Agricoles Locales des départements d’outre-mer en compensation de leurs handicaps.

Autre souci, les accords de partenariat avec les pays ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique).

« Ils nous impactent. Les produits des pays voisins entrent chez nous, et sont en concurrence avec nos productions. Or, le coût de production, surtout de main-d’œuvre n’est pas le même, tout comme le bian sanitaire. Chez eux, il n’y a pas de contrôles. »

Wilhem Monrose, de la FNSEA 971 : « Pour ce qui est de la filière canne, nous nous heurtons à des injustices criantes. Chaque année, il y a 40 millions de fonds dégagés pour l’industriel, qui devrait traiter 610 000 tonnes de cannes, et 20 millions pour les producteurs. Cependant, l’usinier, qui ne traite pas 610 000 tonnes de cannes, même s’il n’en traitait que 10 000, il recevrait ses 40 millions, le producteur est payé à la canne qu’il emmène à l’usine. Et, depuis quelques années, il y a une bonne partie de la canne cultivée qui n’est pas ramassée parce que l’usinier ferme à une date qu’il détermine. C’est un manque à gagner important pour nos producteurs.

Wilhem Monrose :

« Les cannes restées sur pied n’ont pas de POSEI. L’enveloppe qui reste est dispatchée dans la filière mais pas pour les producteurs. Et puis, nous perdevons le POSEI un an après… Ce n’est pas juste ! », lance Eugène Mardivirin.

Pour tenter de résoudre leurs difficutés, les syndicats ont demandé une réunion avec la Région.

Yannick Kindeur : « Nous avons des réunions régulièrement depuis mars 2025. Nous en sommes à 4, jeudi ce sera la cinquième. En fait, depuis 2024, mais c’était informel. Nous cherchons à comprendre d’oùviennent les difficultés que nous re controns mais nous n’avons pas toujours de réponses claires. Ce qu’il faut savoir aussi c’est que les dossiers de demandes de FEADER, déposés il y a deux ou trois ans contiennent des devis et que ceux-ci ne sont plus valables… Que faire ? Un dossier complet, un nouveau dossier… ou simplement apporter les nouveaux devis ? Ça aussi c’est à discuter. »

Charly Singarin est le représentant de la Coordination Rurale Gwadloup. C’est un éleveur, qui connaît bien le sujet.

Comme les autres intervenants, il regrette que les plans de relance des filières soient dressés par des administratifs, des techniciens sans que ceux qui ont les mains dans la terre ou aux tétines des vaches soient sollicités.

« On nous fait des plans qui ne sont pas adaptés aux spécificités de la Guadeloupe », dit-il.

Pour les éleveurs, trois problèmes récurrents : les prduits phytosanitaires qui ne sont pas adaptés; les chiens errants qui en meute déciment les animaux; les plans de relance pas adaptés non plus : « On nous propose des modèles d’élevage qui viennent de France… »

Charly Singarin :

Yannick Kindeur : « Notre mission c’est de nourrir un peuple, qu’on nous donne les moyens de le faire. Sinon, dans moins de dix ans, le monde agricole en Guadeloupe c’est fini… »

Rendez-vous jeudi à la Région.

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