PAR BERNARD GUILLAUME*
Le débat, lundi à l’Hôtel de Région, sur les quatre résolutions du 19e Congrès des élus départementaux, régionaux et des maires, a démontré avec éclat l’absence de consensus politique sur le changement institutionnel et statutaire porté par le
président du Conseil départemental Guy Losbar.
Invités à se prononcer sur des résolutions qui prévoient comme seule voie possible de changement statutaire et institutionnel pour la Guadeloupe un basculement vers une collectivité unique autonome relevant — comme la Polynésie française — de l’article 74 de la Constitution, les conseillers régionaux ont exprimé des positions très partagées :
- 17 élus — dont les conseillers régionaux Péyi Gwadloup — demandant un report de l’examen de ces résolutions afin de poursuivre les concertations avec les forces vives du pays et d’envisager d’autres pistes ;
- 19 élus – pour l’essentiel du groupe GUSR – exprimant une volonté d’avancer à marche forcée vers l’autonomie dans le cadre de l’article 74 pourtant lourd d’incertitudes.
Même si les résolutions ont finalement été adoptées à une courte majorité avec l’abstention du président de Région et de ses proches, ce vote serré vient incontestablement démentir les affirmations du président du Département selon lesquelles il existerait aujourd’hui un large consensus politique, voire une unanimité, pour une évolution vers l’article 74.
Dans les débats, la voie d’une révision constitutionnelle est apparue, à plusieurs reprises, comme une bien meilleure option pour évoluer vers un pouvoir normatif et une plus grande autonomie de notre territoire, dans un cadre juridique plus sécurisé garantissant le maintien de l’égalité républicaine.
C’est la position défendue de longue date par Péyi Gwadloup, mais également par le groupe Gwadloup Pluriel Solidaire du Conseil départemental et par la Fédération socialiste. C’est également la position défendue par la Martinique et la Guyane.
C’est aussi la voie ouverte par le président de la République lors de son échange avec les élus des Outre-mer le 30 septembre
dernier. Et c’est pourtant une voie que le président du Département a systématiquement écartée depuis 2024 et qui ne figure dans aucune des résolutions adoptées le 17 juin dernier.
Au-delà des divisions de la majorité régionale apparues au grand jour et de la mise en minorité du président de Région dans sa propre assemblée, les élus du groupe Péyi Gwadloup préfèrent se réjouir de ce sursaut démocratique qui rend possible une reprise du travail au sein de la commission ad hoc sur une approche plus réaliste et moins idéologique du débat sur la gouvernance de notre territoire.
*Président du groupe Péyi Gwadloup à la Région