Michel Chataigne, sur les ondes de Magik 9, le 19 décembre 2025, a abordé la situation du secteur du design en Haïti.
Témoignage à l’appui, le créateur revient sur les conséquences directes de l’insécurité sur son activité professionnelle et sur l’ensemble de son réseau de production. « Je suis une grande victime de l’insécurité en Haïti, parce que mon atelier est fermé, mais aussi ceux avec lesquels je travaillais. Notamment à Carrefour-Feuilles, où j’avais près de quatre ateliers avec lesquels je collaborais. Entre fermetures et départ de certains artisans, j’ai non seulement perdu la production, mais aussi la main-d’œuvre », explique-t-il.
« La plus belle chose que je peux annoncer au public, c’est que le secteur de la mode est un secteur en bonne santé, car nous continuons à produire et à créer, malgré le fait que la vente n’est pas toujours au rendez-vous », avance-t-il. Il estime également que ce secteur mérite davantage d’attention.
Dans le milieu de la mode, Michel Chataigne évoque une réalité souvent méconnue : si les projecteurs sont braqués sur le designer, on oublie parfois les ramifications qui permettent de donner vie à ses créations. À cet effet, il annonce la présentation d’un sac inédit à Artisanat en fête, rassemblant près de trois secteurs, notamment le travail du fer découpé et de la corne.
« Quand les choses marchent mal pour le designer, tous les autres secteurs en pâtissent, car ils sont les fournisseurs des créateurs. Ce sont des chaînes de valeur. Nous payons le prix fort durant ces trois dernières années ; cependant, cela ne nous empêche pas de créer », avance-t-il.
Michel Chataigne souligne la différence entre produire et créer : « Si nous ne produisons pas au même rythme, nous continuons de créer, en attendant un moment propice ou une opportunité pour mettre nos œuvres devant le public. » Il prend en exemple ce sac créé en début d’année, mais qui, faute d’espace pour être commercialisé, a dû attendre Artisanat en fête.
Le secteur vestimentaire en Haïti, confronté au faible pouvoir d’achat, à l’inflation et à la cherté de la vie, contraint la population à se tourner vers des produits importés, souvent moins chers que les créations locales. En ce sens, M. Chataigne souligne que le coût des fournitures dépasse parfois celui d’un vêtement neuf importé. Ajoutée à la main-d’œuvre, cette réalité empêche les créations locales de concurrencer les produits importés en termes de prix.
Aussi, M. Chataigne estime qu’il revient à l’État de réguler ce secteur afin de favoriser les créateurs haïtiens. Il rappelle qu’il existe de nombreux jeunes évoluant dans ce domaine, sans compter les écoles professionnelles ; néanmoins, ces acteurs semblent encore absents des priorités de l’État, alors même que le secteur pourrait constituer un levier économique et culturel important pour le pays.
Source : Le Nouvelliste
Lien : https://lenouvelliste.com/article/262747/les-balles-cassent-les-aiguilles
























