En Martinique, Marie Deston, surnommé « Lamota », considéré par ses pairs comme un maître du danmyé ou ladja est mort, à 91 ans.
Originaire de la commune de Sainte-Marie, Marie Deston est né le 5 septembre 1930, au quartier Reculée, berceau du danmyé (ou ladja) et du bèlè, dans le Nord Atlantique de la Martinique. Marie Deston est, depuis son plus jeune âge, l’un des piliers de la discipline dans la région.
Mort, ce dimanche 26 septembre, il avait débuté le danmyé à l’âge de 12 ans, quittant en cachette le domicile familial avec son petit frère Maximin pour aller danser. Il était depuis considéré comme un maître ayant largement contribué à l’aura de la discipline, au niveau local, voire international.
Aux côtés des plus grands de la discipline
De réputation, Marie Deston était considéré comme l’un des « majors » les plus redoutés de la Martinique. « Je ne me suis jamais considéré comme un major. Ce sont les autres qui l’affirmaient. Moi, je jouais sans faire de mal à mes adversaires », disait-il humblement.
Aujourd’hui, son nom figure aux côtés d’autres grands maîtres comme lui du bèlè, du ladja ou du danmyé en Martinique : Benoît Rastocle, Apollon Valade, Vava Grivallier ou encore Donate Lebel.
Un album pour la postérité
Marie Deston vivait depuis de nombreuses années au bourg du Lorrain. Il participait fréquemment à des rendez-vous ladja dans le nord de l’île ou ailleurs. Le monde danmyé pleure incontestablement l’un des siens.
En 2016, pour laisser une trace de leurs exploits, l’association Lézinisyé de Martinique produisait un album de 18 titres intitulé Fondasyon Ladja, réunissant les musiciens Benoît Rastocle, Marie Deston et Yvon Quatrevents, piliers de la tradition.
Rodolf Etienne
Le ladja, un art de vivre
Longtemps réprouvée, la pratique du ladja permettait aux descendants d’Africains de s’exprimer et de développer un esprit de résistance. Par ailleurs, les pratiquants du ladja étaient des personnes initiées. « Il y avait tout un cheminement pour devenir pratiquant de haut niveau, explique encore Alain Légarès, conteur. Il y a toute une philosophie qui correspond à cette pratique : le rapport à la nature, la lune, la rivière, la mer, la manière de se préparer, son alimentation… ».