Mercredi 15 octobre, à l’immeuble Canal Média de Baie-Mahault, le Groupe Canal+ a présenté officiellement CaribbeanConnect, une nouvelle infrastructure sous-marine à très haut débit reliant la Guadeloupe, la Martinique et Porto Rico.
Il s’agit d’un projet stratégique qui promet de renforcer la connectivité des territoires d’Antilles-Guyane et d’assurer leur place dans le grand réseau mondial du numérique.
Un projet né d’un besoin urgent de modernisation
Derrière ce nom technique se trouve un enjeu très concret : celui de la connexion au monde.
Jusqu’à présent, la Guadeloupe, la Martinique dépendaient d’un ancien câble sous-marin en fin de vie. Il fallait donc agir pour répondre à la demande exponentielle de plus de 40% par an de connectivité et garantir la continuité de lien internet de la région.

« Aujourd’hui, internet dépend de deux choses : les infrastructures terrestres (le déploiement de la fibre éligible pour 80% des foyers) et un lien avec l’internet mondial (le câble sous-marin). On peut imaginer le réseau numérique comme une grande gare », a expliqué Aymé Makuta Mbumba, directeur général de Canal+ Télécom.
« Ici, en Guadeloupe et en Martinique, nous avons modernisé la gare — c’est-à-dire nos réseaux de fibre optique —, mais pour qu’elle soit utile, il faut qu’elle reste reliée aux autres gares du monde. CaribbeanConnect, c’est justement cette voie ferrée (sous-marine) qui relie nos territoires au reste du réseau mondial. »
Avec une capacité de 300 Gb/s, cette nouvelle infrastructure permettra de multiplier les débits, réduire la latence et assurer une connexion stable et fluide, tant pour les particuliers que pour les entreprises et les administrations.
Le projet, cofinancé à 70 % par l’Union Européenne dans le cadre du programme Connecting Europe Facility (CEF Digital), représente un investissement total de près de 6 millions d’euros.
Une coopération exemplaire entre Europe et territoires

Présent à la conférence, Yves Dareau, Secrétaire Général pour les Affaires Régionales (SGAR), a salué « un projet emblématique et concrêt, porté par une Europe qui relie et qui investit dans l’avenir de ses territoires ultramarins ».
Il a souligné la capacité des partenaires publics et privés à travailler main dans la main pour faire de CaribbeanConnect un levier de développement et de résilience pour toute la région.
La Région Guadeloupe, facilitatrice du projet, était également représentée par Aurélie Bitufwila, présidente de la commission numérique, dont la présence témoigne du soutien de la collectivité à cette initiative stratégique.
De son côté, Alice Bourrouet, représentante de l’agence exécutive européenne HaDEA, a rappelé que le projet s’inscrivait dans la politique européenne de connectivité : « Financer CaribbeanConnect, c’est investir dans les territoires, pour leurs habitants, ainsi que dans leur capacité à innover. C’est un projet qui rapproche les territoires
européens d’outremers (RUP), au sens propre comme au figuré. »
Canal+ Antilles-Guyane : connecter, créer, transmettre
Sébastien Punturello, nouveau directeur général de Canal+ Antilles-Guyane, a replacé CaribbeanConnect dans la vision globale du groupe : « Ce câble est une infrastructure essentielle, mais c’est aussi un symbole : celui d’un groupe qui croit dans la puissance des liens — ceux de la connectivité comme ceux du développement de la culture. Nous voulons que nos territoires soient pleinement connectés, techniquement et humainement. »
Canal+ poursuit en parallèle le déploiement accéléré de la fibre, déjà accessible pour 80 % des foyers guadeloupéens, et soutient chaque année plus d’une vingtaine de productions locales (Zion, Wish, Toutoune…) à travers des ateliers, des coproductions et des diffusions dédiées.
Un tournant pour l’économie numérique régionale
Avec la mise en service progressive de CaribbeanConnect en 2025 et l’arrivée de services associés dès 2026 (datacenters, hébergement local), le projet ouvre une nouvelle ère numérique pour les Antilles-Guyane.
Il représente une avancée technologique majeure, mais aussi un acte de souveraineté numérique, garantissant que les territoires ultramarins restent connectés entres nos îles et au monde tout en conservant la maîtrise de leurs infrastructures.