Le 13 mai 2024, Nouméa s’enflamme. À Magenta Tours, l’un des plus grands quartiers populaires de la ville, la vie bascule.
Pendant plusieurs jours, en mai 2024, Nouméa est secouée par des émeutes sans précédent. Au cœur de cette colère, une jeunesse kanak révoltée contre le projet de dégel du corps électoral, perçu comme une menace pour leur avenir et l’indépendance de la Kanaky. À Magenta Tours, l’un des plus grands quartiers populaires de la ville, les jeunes se battent pour une cause, les aînés tentent de tempérer la situation et les familles vivent dans l’angoisse du lendemain.
Documentaire inédit, diffusé dans le cadre du programme Cœur Outre-mer, Entre les tours, Nouméa 2024 a été tourné en immersion pendant et après les émeutes. Retour sur les événements, sur les fractures entre les générations et sur la force et l’engagement de ceux qui, malgré tout, tentent de reconstruire un avenir.
Près de 3 000 habitants dans 15 immeubles sociaux
Construites dans les années 1970, les tours de Magenta ont pendant un temps incarné la vitalité calédonienne. Aujourd’hui, cet ensemble de quinze immeubles sociaux abritent près de 3 000 habitants, en majorité Kanak. Dans ce quartier du centre de la ville, la révolte s’est jouée à huis clos, entre espoir et désillusion, engagement et résignation.
Les réalisatrices ont filmé au plus près les jeunes militants indépendantistes, capté leurs espoirs, leurs contradictions et leurs colères. Elles ont suivi des figures du quartier (Dédé, Viviane, Marvin, Hortense) et des familles prises dans le tourbillon des affrontements.
Routes bloquées, Nouméa paralysée. Impossible d’aller travailler, de rendre visite à sa famille ou de se ravitailler en provisions. Pendant cette période, chaque déplacement est un défi, un risque. La peur a figé la ville et ses habitants. Une présence policière inédite est déployée.
Après les émeutes…

À Magenta Tours, les habitants ont tenté d’unir leurs forces. De nombreuses mères de famille ont soutenu le non au dégel tout en se désolidarisant de la violence qui frappe la ville.
Après les émeutes, les anciens ont initié une reprise en main du quartier. Bâtiment après bâtiment, un petit groupe d’habitants, principalement composé de femmes, a nettoyé les différentes tours. Ce sont les parents et grands-parents qui ont rétabli l’ordre et effacé les traces laissées par les jeunes jusqu’à l’entrée du quartier, là où se dressaient les barrages.
Ce film est un témoignage brut d’une jeunesse tiraillée entre la révolte et l’avenir, une génération sous tension et en confrontation avec ses aînés, qui cherche sa place dans un territoire en pleine mutation.
Lundi 5 mai, à 00.15 sur France 3