Guadeloupe. Des médecins lancent un appel « pour que l’Hôpital demeure un sanctuaire du soin »

Depuis le 23 octobre, l’accès au CHU de la Guadeloupe est perturbé par des barrages filtrants. Une « situation inadmissible », selon le Dr Tania Foucan, vice-présidente de la Commission médicale d’Etablissement et les médecins co-signataires qui lancent un appel dans un courrier.

Vice-présidente de la Commission médicale d’établissement (CME), témoigne : « Nous avons des difficultés d’accès à cause de barrages filtrants. Des patients ont des difficultés pour accéder aux soins. Les personnes âgées, malades, doivent grimper jusqu’à l’hôpital, ce n’est pas facile. D’autres ont peur de passer devant les personnes qui bloquent. Certains patients vont manquer leur rendez-vous et n’ont pas la certitude d’en avoir un autre rapidement. À terme, cette situation va désorganiser les rendez-vous puisqu’il faudra recevoir les personnes qui ont des traitements à renouveler, des spécialistes à consulter et souvent, tout ceci est urgent.
Les patients et les soignants ne souhaitent pas avoir ce type de sensation en passant à l’entrée. Les personnes ne sont pas nombreuses à filtrer les entrées : elles essaient d’organiser une sorte de service minimum en laissant entrer certains soignants, pas d’autres, en fonction de ce qu’ils pensent suffisant pour travailler dans chaque service. Ce n’est pas leur rôle.
Les véhicules doivent rester dehors, sur le parking, au bord de la route. On peut imaginer quand le personnel quitte son service en pleine nuit, tard parfois, pour circuler à pied sur ce parking qui n’est pas éclairé. C’est dangereux.
C’est un hôpital public ! Les soignants, les patients, doivent pouvoir entrer et sortir comme ils veulent. C’est inadmissible comme situation. Nous respectons le droit de grève, mais il y a des règles qui ne sont pas respectées. C’est très grave ! »

« Préserver la continuité des soins en toutes circonstances »

« Pour que l’hôpital demeure un sanctuaire du soin.
L’hôpital est le lieu où la vie se défend à chaque instant.
Il garantit l’accès de tous aux soins, sans distinction et sans condition.
Préserver l’accessibilité au CHU, c’est préserver la santé, la dignité et la sécurité des plus fragiles d’entre nous.
Ces principes doivent demeurer intangibles, au-delà de toute revendication ou tension sociale.
Si le droit de grève est consacré, il ne peut avoir pour effet d’empêcher patients, proches ou soignants d’accéder à un établissement de santé.
L’hôpital est un bien commun : nul ne devrait craindre pour sa sécurité, ni devoir franchir un obstacle, pour venir y soigner ou se faire soigner.

Depuis le 23 octobre, l’accès aux différents sites du CHU de la Guadeloupe est fortement perturbé par des barrages filtrants.
Ces entraves entraînent des retards ou reports de consultations et d’interventions, des difficultés majeures pour les personnes à mobilité réduite, et des situations anxiogènes pour les patients nécessitant une prise en charge rapide et adaptée.

Ce sont précisément les personnes les plus vulnérables qui en subissent les conséquences les plus lourdes :

  • Patients âgés ou en situation de handicap, contraints de parcourir à pied plusieurs centaines de mètres ;
  • Patients sous oxygénothérapie ou nécessitant un accompagnement ;
  • Enfants, femmes enceintes et personnes douloureuses exposés à une fatigue ou un risque clinique accru ;
  • Équipes médicales et soignantes retardées, voire empêchées temporairement d’exercer.

Nos missions hospitalières ne peuvent être remplies que si l’accès aux soins est libre, continu et sécurisé.

En responsabilité, nous, médecins membres du Bureau de la CME (Commission Médicale d’Etablissement), médecins chefs de pôle et médecins chefs de pôle adjoints, cadres paramédicaux de pôle du CHU de la Guadeloupe, appelons solennellement :

  • à ce que l’accès à l’hôpital public soit pleinement rétabli,
  • à ce que patients et professionnels puissent circuler sans entrave,
  • à ce que la continuité des soins soit préservée en toutes circonstances.

Parce que chaque retard peut compter.
Parce que l’hôpital n’est pas un lieu comme un autre.
Parce que la santé de nos patients doit rester la priorité absolue.
Pour que l’hôpital reste un sanctuaire, aujourd’hui et toujours. »

Les signataires :

L’UTS-UGTG réagit : « Il a fallu qu’ils se manifestent devant le CHUG pour qu’ils s’émeuvent »

De son côté, l’UTS-UGTG explique : « Depuis le 29 septembre 2025, les agents de 4 services du CHUG sont en grève. La lutte engagée par ces professionnels de la cardiologie, de la blanchisserie, du bionettoyage et du brancardage témoigne s’il en était besoin de la déliquescence du management général du CHUG et des rapports sociaux.

Comment, au vu des revendications posées par ces services, ni les autorités de l’Etat (Préfet, DGARS), ni les autorités politiques de surveillance et de contrôle (conseil de surveillance), ni les « autorités » médicales (CME), si promptes à dénoncer les atteintes à la liberté du travail, et à la libre circulation au CHUG, ne se sont-elles pas manifestées plus tôt, alors que depuis des mois et des années, nous UTS-UGTG réclamons des négociations sur les conditions de travail, les effectifs, le bien-être au travail.

Alors que depuis le 29 septembre 2025, ces agents tiennent un piquet de grève dans le Hall du CHUG et devant le pôle logistique, il a fallu qu’ils se manifestent devant le CHUG pour qu’ils s’émeuvent. »

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