Guadeloupe. Devant les magistrats Ary Chalus soutient ne rien savoir

Ary Chalus, président de la Région Guadeloupe, comparaissait, hier jeudi, devant le tribunal judiciaire de Basse-Terre. Ce matin, le procureur Xavier Sicot a requis les peines.

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Les réquisitions viennent de tomber au tribunal correctionnel de Basse-Terre.
Le Procureur de la République, Xavier Sicot, a requis pour :
. Fred Madinecouty : 8 mois d’emprisonnement avec sursis et interdiction d’exercer des fonctions publiques pendant 2 ans
. Georges Daubin : 6 mois sursis simple et 2.000€ d’amende
. Victor Eustache : 4 mois sursis simple
. Dominique Descombes : 8 mois sursis simple
. Ary Chalus : 1 an sursis simple, 10 000e d’amende et interdiction de diriger une association pendant 3 ans

Une audience correctionnelle pour laquelle Ary Chalus était entendu — avec quatre autres prévenus — afin de répondre de financement illégal de sa campagne de 2015. En fait, pour les régionales de 2015, le maximum autorisé en dépenses de campagne était fixé à 168 000 euros. Or, Ary Chalus aurait dépensé plus du double de cette somme, par le biais d’une association, l’Alliance baie-Mahaultienne, qui réglait des factures (55 d’entre elles ont été retrouvées).

Après quelques arguties judiciaires des avocats des prévenus pour tenter de faire renvoyer le procès (qui a été déjà renvoyé une première fois le 30 mars 2023), incident joint au fond, le procès sur deux jours a débuté avec deux heures de retard.

Pour cette première journée d’audience, les magistrats ont entendu Fred Madinecouty, ancien directeur de cabinet de Lucette Michaux-Chevry à la mairie de Gourbeyre, puis à la Région Guadeloupe enfin directeur général des services à la Communauté d’agglomération Grand Sud Caraïbes.

Fred Madinecouty qui a démonté devant les magistrats le système mis en place par Lucette Michaux-Chevry, ancienne ministre, ancienne présidente de Région, ancienne maire de Basse-Terre, alors présidente de la Communauté d’agglomération du Sud Basse-Terre, pour remporter un maximum de suffrages dans la zone de Basse-Terre et permettre à la liste d’Ary Chalus, sur laquelle elle avait positionné sa fille, Marie-Luce Penchard, en seconde position, de l’emporter.

Pour séduire certaines familles nombreuses, elle avait fait embaucher en CDD le temps de la campagne 26 contractuels pour faire des travaux d’entretien de plates-bandes et de massifs floraux. En réalité, ils collaient des affiches, assuraient la logistique (petites mains) des meetings, etc.

Une fois l’élection remportée, ils se sont retrouvés à la rue, menaçant Fred Madinecouty s’il ne tenait pas les promesses de sa patronne. Laquelle, informée, lui aurait répliqué de contracter un prêt auprès d’une banque pour régler ce que demandaient les jeunes gens.

Fred Madinecouty qui suivait le convoi… allant de poste en poste derrière Lucette Michaux-Chevry… malgré lui, à l’en croire, arguant que résister à la dame de fer de la Basse-Terre, puis de la Guadeloupe, c’était signer son arrêt de mort professionnel… Il a dit cela en versant quelques larmes.

Second personnage du système, Pie Eustache, président délégué de l’Alliance Baie-Mahaultienne, une association « culturelle et sportive » qui payait des factures pour la campagne d’Ary Chalus. Quand on lui demande des précisions, il explique qu’il s’occupait des imprimeurs, réglait les factures. Lui aussi parle de la crainte qu’il avait de refuser quoi que ce soit au futur président de Région, alors maire de Baie-Mahault. Quand il a passé la main à Ary Chalus qui a présidé l’association en 2015, il a été soulagé. C’est ce qu’il dit.

Troisième personnage de l’histoire, Dominique Descombes, perpétuel mandataire financier des campagnes d’Ary Chalus (depuis 2006). Il aurait averti Ary Chalus du dépassement des frais de campagne… Ce dernier lui aurait répondu : « L’Alliance paiera. » Et l’Alliance a payé, ce qui n’était pas, comme le reconnaitra Pie Eustache, son rôle effectif.

Tous ont des difficultés à expliquer ces attitudes, ces dépassements de frais, ces dépenses étonnantes, pour des sonos, des conseils de communication, pour des boissons, des Tuc (biscuits salés), des pots à l’issue des meetings, etc.

Ary Chalus, interrogé à son tour, a simplement répondu qu’il ne s’occupait pas de ces détails financiers, ni des embauches de jeunes gens pour tailler des haies ou coller des affiches.

Lui, il s’occupait de gagner les élections. Tout simplement. Ce que l’on demande généralement aux hommes politiques qui ne regardent pas trop ce qui se passe en cuisine…

Dans la salle d’audience, quelques membres du cabinet d’Ary Chalus, des soutiens inconditionnels, mais aussi le sénateur Victorin Lurel et Olivier Nicolas, Premier secrétaire de la Fédération guadeloupéenne du Parti socialiste, qui se sont constitués partie civile au motif que ces intrigues auraient capté leur potentielle victoire à ces élections régionales.

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