A l’occasion de la réunion organisée par le président du SMGEAG avec les élus nationaux de Guadeloupe et la Commission de surveillance, plusieurs défis majeurs liés à la gestion de l’eau ont été exposés notamment la fragilité financière et structurelle du syndicat mixte.
Face à ces enjeux cruciaux, la Commission de surveillance, présidée par Jean-Claude Malon, « réaffirme son engagement et sa contribution à la consultation publique sur l’eau en mettant en lumière les leviers essentiels pour assurer une gestion efficace et pérenne des ressources hydriques en Guadeloupe. »
La Commission insiste « sur l’urgence de mettre en œuvre ses propositions afin de prévenir la catastrophe prévisible. »
1. Renforcement de la gouvernance locale
La gestion de l’eau en Guadeloupe nécessite une refonte profonde pour garantir une planification efficace et une prise de décision transparente. Le Schéma Directeur d’Alimentation en Eau Potable (SDAEP) constitue une avancée majeure, mais sa mise en œuvre repose sur une gouvernance locale renforcée.
Actuellement, le SMGEAG fait face à des défis liés à sa structuration et à la coordination avec ses partenaires notamment la Commission de Surveillance.
Il est impératif de clarifier les rôles entre l’Autorité Organisatrice (AO) et l’opérateur du service public afin d’assurer une gestion plus performante.
La Commission de Surveillance préconise :
1. La création d’un modèle de gouvernance rénové distinguant les fonctions stratégiques de l’AO et les opérations quotidiennes confiées à un opérateur indépendant.
- L’instauration d’un directoire professionnel et d’un conseil de surveillance intégrant des représentants des usagers et des acteurs locaux.
- L’adoption d’une gestion pilotée par des indicateurs de performance accessibles à tous.
2. Amélioration des infrastructures et financement insuffisant
La vétusté des réseaux et la faible performance hydraulique restent un frein majeur à l’accès équitable à l’eau potable. Malgré les ambitions du SDAEP, son succès dépend d’une mobilisation accrue des moyens financiers et de pilotage.
A ce jour, les ressources budgétaires disponibles sont largement insuffisantes pour mener à bien les investissements nécessaires. Sans un engagement clair et structuré de l’État et des organismes de financement conforté par un pilotage efficient du SMGEAG, les actions prévues risquent d’être compromises.
La Commission de Surveillance recommande :
- Un plan prioritaire pour supprimer les tours d’eau d’ici 2026, grâce à des réparations systématiques et une modernisation des infrastructures (télégestion, lutte contre les fuites, renouvellements ciblés.
- La création ou le renforcement d’une cellule locale dédiée à la maîtrise d’ouvrage pour piloter et coordonner efficacement les projets d’investissement.
- Une diversification des sources de financement incluant des subventions européennes, nationales et des partenariats publics-privés, tout en garantissant la transparence et la soutenabilité financière pour les usagers.
3. Lutte contre la pollution et structuration de la filière chlordécone
La préservation des milieux aquatiques doit être une priorité absolue, en particulier face aux pollutions agricoles et industrielles. Les efforts doivent se concentrer sur des actions territorialisées intégrant pleinement les enjeux de développement durable.
Un enjeu central demeure le traitement de la chlordécone, un polluant persistant aux conséquences sanitaires graves. Actuellement, la filière de traitement est encore insuffisamment structurée et financée, rendant difficile la mise en place de solutions efficaces.
Pour remédier à cette situation, la Commission de Surveillance propose :
- La généralisation des périmètres de protection des captages dans les zones les plusvulnérables, accompagnée d’un dispositif de suivi renforcé.
- Le lancement de projets agro-environnementaux territorialisés, visant à réduire durablement les pollutions diffuses.
- Une cartographie fine et évolutive des pressions environnementales afin de cibler les actions préventives et correctives.
- La mise en place d’une filière spécifique de traitement du charbon actif, en intégrant les avancées scientifiques récentes et en mobilisant les acteurs publics et privés autour d’un programme de financement adapté.
La Commission de Surveillance appelle à une mise en œuvre locale ambitieuse et concertée du SDAGE 2028-2033.
Ce document ne doit pas être un simple outil réglementaire, mais un cadre structurant et fédérateur, guidant les choix stratégiques et favorisant une gestion transparente et résiliente de l’eau en Guadeloupe.