Ary Chalus, président de la Région Guadeloupe, a reçu hier matin à l’Espace régional au Raizet (Les Abymes), les députés Max Mathiasin et Elie Califer, la maire de Deshaies, Jeanny Marc, Hubert Quiaba, Ruddy Tessier et trois autres personnes du Collectif de défense mobile (LCDM) pour une rencontre intitulée par ces dernier « la réunion de la dernière chance ».
De quoi s’agit-il ? De l’hôtel Fort-Royal de Deshaies, propriété de la Région, loué à une société suédoise, le groupe Langley.
Ces Suédois n’emploient pas beaucoup de Guadeloupéens, sauf à la plonge et pour nettoyer les chambres, tandis que le personnel suédois ou nordique occupe la plupart des emplois qualifiés, à l’accueil, au service, etc.
Il est vrai que la société exploitante ne reçoit quasiment que des clients des pays du Nord de l’Europe, c’est même sa spécialité.
Or, disent les membres du LCDM, cette entreprise perçoit des fonds publics qui ne servent pas à favoriser le travail local.
De même, il semble que la société exploitante de l’hôtel — ou à tout le moins ses dirigeants en Guadeloupe — n’ait pas un grand respect de l’environnement : déchets de construction de travaux, qui seraient réalisés sans autorisation, jetés dans la nature, etc.
Cependant que les habitants alentours n’ont pas de station d’épuration des eaux usées, que celles-ci se déversent dans la campagne, l’hôtel aurait bénéficié de fonds publics pour faire installer, au seul usage de l’hôtel, une station d’épuration privée.
Hubert Quiaba et ses amis ont érigé des barrages à proximité de l’hôtel, sur la route nationale 2, manifesté devant l’hôtel pour demander que cessent ces pratiques et que l’on n’ait plus l’impression qu’en Guadeloupe, il y ait ainsi un îlot suédois ou nordique… alors que des centaines de jeunes Guadeloupéens, formés, seraient tout à fait aptes à travailler là.
En recevant tout ce petit monde — il y avait des manifestants dans le hall de l’Espace régional et dans la cour — il s’agissait de trouver des solutions et de revoir ce qui est écrit dans le contrat de location. Selon Victorin Lurel, sénateur, le bail permettrait au groupe Langley de racheter l’hôtel avant la fin de celui-ci (voir plus bas).
Ary Chalus n’a pris aucune décision immédiate, on le comprend, mais les services régionaux vont prendre l’attache d’experts pour lire le contrat de bail, les éventuelles modifications intervenues sur ce contrat au fil des années, et dire si ce bail est respecté.
On se revoit dans trois mois.
A noter qu’une réunion en préfecture, le 19 mars, avait acté la signature « prochaine » d’une convention tripartite Etat/Région/Langley, pour plus de transparence sur la gestion de l’hôtel Fort Royal et pour que l’établissement réponde aux exigences du territoire, notamment en termes d’emploi et d’insertion des jeunes Guadeloupéens.
On attend toujours…
Jeanny Marc, de son côté, a souligné qu’elle s’employait à requalifier le parking proche de l’hôtel, qui appartient à la commune.
Hubert Quiaba attend de voir. A suivre.
Pour en savoir plus
Fort Royal, ancien établissement du Club Mèd, était en faillite et fermé jusqu’en 1990, date où l’établissement a été racheté par la Région sous la mandature de Félix Proto. La collectivité voulait en faire un fleuron de l’hôtellerie en en faisant le moteur de la relance du tourisme dans la zone. La société Aquitaine Loisirs International a exploité l’hôtel un temps…
La Région a repris l’hôtel à la société Aquitaine Loisirs International en faillite en 1995.
La Région lançait un appel d’offre pour relancer la machine. Sur une douzaine de repreneurs potentiels, le groupe suédois Langley, propriétaire et gestionnaire d’une douzaine d’hôtels en France, était retenu.
Les deux parties signaient un contrat en avril 2006, avec un bail à construction de 30 ans.
La Région allouait à la société Langley l’équivalent de 2 millions d’euros pour des travaux de rénovation avant reprise.
L’accord avec le groupe Langley était signé sur la base d’engagements, notamment en termes d’emplois des Guadeloupéens.
Le groupe suédois prenait possession de l’établissement, devenu un hôtel quatre étoiles après rénovation. Ouverture le 2 décembre 2007.
Depuis, le groupe Langley fait venir ses cadres et de nombreux jeunes stagiaires de Suède et complètement pris en charge.
En 2009, un accord entre le LKP et la Région stipulait l’application par le groupe Langley de l’accord déjà conclu avec la collectivité régionale prévoyant l’augmentation régulière et significative de l’emploi local à Fort Royal. Accord partiellement respecté, semble-t-il.
Dans un message sur X (Twittter), le sénateur Victorin Lurel a affirmé, il y a quelques temps, que le groupe Langley peut lever l’option du bail de location et devenir propriétaire de Fort Royal « dès 2024. »