Guadeloupe. Le député Rody Tolassy milite pour une normalisation encadrée du « Tue-cochon » dit encore « abattage sous le manguier »

Une opération conjointe menée récemment par les services de la DAAF et les forces de l’ordre à Petit-Bourg a permis de constater un cas d’abattage porcin réalisé en dehors du cadre réglementaire. Rody Tolassy, député européen (RN), a réagi en écrivant au directeur de la DAAF, Olivier Degenmann.

« La protection de la santé publique, le respect des normes sanitaires et la lutte contre les risques alimentaires, notamment ceux liés à la
chlordécone et aux agents pathogènes, sont des objectifs légitimes et indispensables »
, reconnaît le député.

Il poursuit : « À ce titre, l’action de la DAAF trouve pleinement sa justification. Néanmoins, je souhaite attirer votre attention sur la nécessité de faire preuve de discernement et de proportionnalité dans le traitement des contrevenants, en tenant compte des réalités sociales, culturelles et historiques propres à notre territoire. »

Rody Tolassy explique ce qu’on appelle communément en Guadeloupe « l’abattage sous le manguier » ou encore, moins amusant « Tue-cochon », pratique traditionnelle quoique hygiéniquement limite… et pénible à entendre. Là, pas de merlin d’abattage, mais un couteau tranchant.

Autre problème passé sous silence : adieu la traçabilité de la viande vendue elle aussi… « sous le manguier » sur des tables en bois, qui restent là toute l’année, voire de génération en génération, qu’il pleuve, qu’il vente et que les oiseaux (des merles gourmands) qui se nourrissent de mangues conchient de belle façon (mais c’est nettoyé ou l’abatteur-boucher-vendeur dispose une toile cirée).

« L’abattage du porc à l’approche des fêtes de fin d’année relève, en Guadeloupe, d’une tradition ancestrale profondément enracinée, transmise de génération en génération. Il s’agit non seulement d’un acte alimentaire, mais aussi d’un fait culturel, familial et communautaire, qui participe de notre identité et de notre mémoire collective. »

Le député légitime : « Cet abattage traditionnel, communément appelé « tue cochon », n’est d’ailleurs pas interdit en France. Il est autorisé, à condition de respecter certaines règles d’hygiène et d’être déclaré en amont auprès des services compétents. Le cadre réglementaire national permet donc, y compris en métropole, l’abattage à la ferme pour la consommation personnelle, sous réserve d’une déclaration préalable et du respect de mesures sanitaires précises. »

Il achève son propos : « Cela ne saurait, bien entendu, justifier des pratiques présentant un danger sanitaire. Mais cela impose, selon moi, que l’action publique ne se limite pas à une approche exclusivement répressive. La pédagogie, l’accompagnement et l’information doivent primer,
afin de permettre aux populations concernées de se conformer aux règles sans se sentir stigmatisées ou criminalisées. »

Le député européen invite le directeur de la DAAF et ses services à faire savoir que c’est possible de tuer à la ferme, mais en prévenant les autorités et en ayant des règles d’hygiène strictes.

« Il serait judicieux, dans ce cadre, de mieux faire connaître ces possibilités d’abattage encadré et déclaré, tout en facilitant les démarches pour les particuliers qui souhaitent perpétuer cette tradition dans le respect du droit. Une telle approche constructive renforcerait l’adhésion de la population aux règles sanitaires et contribuerait à une meilleure efficacité de l’action publique sur le long terme. »

Certes, d’autant que les autorités semblent décidées à faire cesser cette « tradition ancestrale » qui ne concerne pas que les porcs mais encore les bovins, les caprins…

Et comme elles n’y arriveront pas — tous les DAAF et les préfets s’y sont essayé en vain — la proposition de M. Tolassy peut être étudiée.

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