Tard dans la soirée de lundi (23 heures), les socialistes de Guadeloupe ont signifié par voie de communiqué qu’ils ne se rendraient pas au Congrès des élus, ce mardi matin.
Quelles sont leurs raisons ?
« Réunis en intergroupe lundi soir, les élu-e-s « Gwadloup Plurielle Solidaire » et « Péyi Gwadloup » des minorités du Département et de la Région ont décidé de ne pas participer aux travaux du XIXe Congrès qui se tient ce mardi au Palais du Conseil départemental.
Cette non-participation ne sera pas synonyme de « politique de la chaise vide ». Elle sera au contraire une expression politique pleine et entière : celle d’un désaccord profond avec la démarche conduite par le président du Conseil départemental, président du Congrès, en cohérence avec les réserves déjà émises par les deux groupes le 7 juin 2024, lorsqu’ils avaient quitté les travaux du XVIIIe Congrès.
Cette non-participation ne sera pas non plus synonyme de défense du statu quo. Car, les élus des deux groupes ont plusieurs fois exprimé leur conviction que celui-ci n’est plus ni souhaitable, ni possible.
Les élus des deux groupes indiquent en revanche encore une fois que le projet soumis aux élus de ce XIXe Congrès ne fait pas consensus. Il propose une marche forcée et inexorable vers un changement institutionnel et statutaire prévoyant un passage rapide à une collectivité unique autonome relevant — sans l’avouer clairement — de l’article 74 de la Constitution en revendiquant d’emblée la quasi-intégralité des compétences possiblement dévolues à l’échelon local.
Ce projet prévoit également le transfert de la quasi-totalité de la compétence fiscale (impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés, transformation de l’octroi de mer en TVA régionale et possible création de nouveaux impôts) sans avoir pris le temps d’une concertation approfondie aves les acteurs économiques qui ont d’ailleurs justement dénoncé leur mise à l’écart dans ce processus.
Les élus des groupes GPS et PG partagent tous l’objectif d’une plus grande autonomie et revendiquent l’exercice d’un pouvoir normatif dans les matières où la responsabilité locale sera plus performante que l’Etat. Mais, pour eux, ce processus doit s’accomplir de manière progressive, afin de regagner la confiance pour convaincre une population qui fait aujourd’hui au quotidien le constat des défaillances de nombreuses politiques publiques locales.
Il n’y a aucune dimension graduelle dans le projet élaboré par le président du Congrès et ses experts. C’est tout, tout de suite, ce qui revient à promettre à notre population que la Guadeloupe pourra passer en quelques années de territoire aujourd’hui le plus proche du droit commun à un degré d’autonomie le rapprochant de la Polynésie française, voire de la Nouvelle-Calédonie.
Ce n’est pas réaliste.
Durant les phases de concertation, les alertes et les propositions des élus des deux minorités ont ainsi été systématiquement écartées, alors même qu’elles n’ont qu’un objectif : éviter une nouvelle réponse négative de notre population qui voit bien qu’on lui promet un grand saut dans l’inconnu, alors même que de petits pas promis comme la « gouvernance concertée » ou des accords de rationalisation de compétences entre les collectivités existantes n’ont jamais été possibles.
Un « NON » de la population à l’article 74 nous enfermerait durablement dans une collectivité unique sans amélioration des politiques publiques, ni réelle capacité d’évolution future sur les compétences. »
Jocelyn SAPOTILLE, président du groupe « Gwadloup Plurielle Solidaire »
Bernard GUILLAUME, président du groupe « Péyi Gwadloup »