Avec le Service public de la petite enfance, plusieurs enjeux majeurs sont ciblés : favoriser le plein emploi, offrir un environnement propice au développement de l’enfant, rompre le cycle du chômage (et donc de la pauvreté), agir sur l’exode des jeunes… et contribuer au développement économique.
Face à des défis sociaux, qui pourraient hypothéquer inexorablement l’avenir du territoire, la CAF de Guadeloupe/Saint-Martin et ses partenaires entendent continuer d’agir en investissant sur la petite enfance.
En Guadeloupe :
- plus d’un enfant sur deux vit dans une famille monoparentale souvent sans emploi
- 60 % des demandes d’emploi émanent de femmes
- 45 % des 25-29 ans originaires de Guadeloupe vivent dans l’Hexagone, un dépeuplement de l’archipel particulièrement marqué dans le Grand Sud Caraïbe et Marie-Galante.
Des chiffres qui appellent une réaction… urgente. Fort heureusement, des solutions durables ont été mises en œuvre sur le territoire. Pour autant, la route est encore longue. Pour renforcer la mobilisation de l’ensemble de ses partenaires (Etat, Education nationale, ARS, collectivités locales, gestionnaires de crèches, France Travail, Conseil départemental, associations…), la CAF de Guadeloupe et Saint-Martin a organisé, jeudi 16 octobre, à Lamentin, un séminaire sur le Service public de la petite enfance.
« De cette belle mobilisation des communes et des gestionnaires de crèches, nous attendons clairement l’amélioration de l’accueil, le développement de nouvelles places de crèches et des professionnels pleinement mobilisés sur cet objectif », commente Patrick Divad, directeur de la CAF de Guadeloupe et Saint-Martin.
Les maires au cœur du dispositif
Pour favoriser le plein emploi, depuis le 1er janvier 2025, les communes – ou regroupements de communes -, désormais « autorités organisatrices » de l’accueil du jeune enfant, sont au cœur du dispositif en faveur de la petite enfance. À charge pour elles de proposer sur leur territoire un mode d’accueil destiné au jeune public.
En effet, 1 parent sur 5 se dit « contraint de garder son enfant faute de solution d’accueil », 61 % des parents déclarent que trouver un mode d’accueil est « une source de stress importante ».
Aujourd’hui, en Guadeloupe, près de 100 % des communes proposent un Relais Petite Enfance (RPE) : 5 communes manquent à l’appel. Toujours sur le front avec ses équipes, le directeur de la CAF de Guadeloupe et Saint-Martin reste optimiste. « Nous avons posé un diagnostic complet et dégagé des pistes pour favoriser la création de places, voire rénover et maintenir les structures existantes. Je ne doute pas qu’à partir du deuxième semestre 2026, nous établirons des conventions avec les communes restantes pour que l’ensemble de la Guadeloupe dispose d’une offre structurée et de qualité. »
« La crèche, un moteur pour le retour à l’emploi »
Conscientes de la nouvelle responsabilité qui leur incombe et des enjeux qui l’accompagnent, de nombreuses communes (Petit-Canal, Gourbeyre, Saint-Claude, Pointe-à-Pitre, Deshaies, Vieux-Fort, Port-Louis, Les Abymes, Lamentin…) ont pris part à ce rendez-vous riche d’enseignements, avec les interventions d’experts locaux et nationaux, dont Gaëlle Choquer-Marchand, directrice des politiques familiales et sociales de la Caisse Nationale d’Allocations Familiales.

Selon Isabelle Sérèmes, directrice des Partenariats à France Travail Guadeloupe et Iles du Nord, « la crèche est un moteur pour le retour à l’emploi : elle favorise, particulièrement pour les femmes, l’accès à la formation et à l’emploi, la création d’emplois locaux qualifiés dans la petite enfance, le soutien de l’activité économique locale. Le service public de la petite enfance réussira s’il conjugue insertion, formation et attractivité. »
Grâce au Service public de la petite enfance, la CAF compte aussi agir efficacement contre le dépeuplement de l’archipel. « La loi permet aujourd’hui de mettre en place un Service public de la petite enfance en investissant massivement pour permettre à l’enfant de se sociabiliser : un élément important pour construire les adultes de demain, souligne Cédric Geolier, président du Conseil d’administration de la CAF Guadeloupe et Iles du Nord. Avec les moyens que nous mettons en œuvre pour structurer l’accueil des jeunes enfants, il s’agit aussi de dire aux jeunes Guadeloupéens, à travers le monde, que tout est mis en place pour qu’ils reviennent en Guadeloupe et travaillent dans de bonnes conditions. »
Investir dans la petite enfance est un vaste chantier pour lesquels les nombreux partenaires restent mobilisés pour rompre ensemble le cycle de la pauvreté, du chômage, de l’exode des jeunes.
Cécilia Larney
Lamentin, une commune engagée
Président de l’Association des maires de Guadeloupe, Jocelyn Sapotille, maire de Lamentin, a évoqué, au cours du séminaire sur le Service public de la petite enfance, « trois projets majeurs » qu’il porte avec ses équipes, dont un Village de la famille. Dans quelques mois, au plus tard, au début de l’année 2026, le premier projet dédié aux familles devrait aboutir au centre-ville. Le deuxième projet, la réhabilitation du Logement des maîtres, répondra, dans la zone de Pierrette, aux demandes d’accueil des enfants. « Les études sont réalisées, il faut maintenant passer à la maitrise d’ouvrage », annonce Jocelyn Sapotille. Enfin, « The » projet, le Village de la famille, « très structurant pour la ville », comme le présente le maire de Lamentin, devrait voir le jour d’ici deux à trois ans à Caillou.

À l’heure où les budgets sont contraints, les maires peuvent compter notamment sur l’accompagnement de la CAF de Guadeloupe et Saint-Martin pour développer et structurer l’offre d’accueil des jeunes enfants sur leur territoire.
« Les moyens existent sur le territoire, mais il faut une coordination, assure Jocelyn Sapotille. On peut bénéficier de financements jusqu’à 80, 90 %, voire 100 % sur les projets. Puis, il faut disposer de foncier ou de bâtiments qui permettent d’accueillir les structures. C’est un enjeu majeur pour la Guadeloupe ! »