Guadeloupe. Plénière de la Région : « Je suis pour un article 73 renforcé. Jamais pour l’article 74 ! », affirme Ary Chalus

Les élus du Conseil régional se sont réunis ce matin à Basse-Terre pour la sixième plénière de l’année sous la présidence d’Ary Chalus. On a parlé de tout… y compris d’évolution institutionnelle, ce qui a permis de préciser certaines choses.

Rappel des moments forts de la Guadeloupe en 2025, avec la présidence des RUP par Ary Chalus. Moment crucial considérant que les fonds européens vont être renationalisés. « Nous refusons une Europe centralisée et autocratique », affirme le président de Région qui rappelle : « Nous avons ici su gérer les fonds européens grâce à un pilotage pragmatique. 95% de l’enveloppe ont été consommés, démontrant notre efficacité. »

Le président Chalus le dit : « Ceci pour faire taire ceux qui disent le contraire. »

Ary Chalus revient sur la plénière et précise certaines choses :

« Pour les jeunes agriculteurs, les premiers paiements
de soutien interviendront cette semaine. »

Qu’annonce-t-il pour 2026 ?

« D’abord, poursuivre le plan prioritaire d’investissement en eau potable et assainissement : 26 opérations, 38 millions d’euros de FEDER programmés, dont 7 millions déjà justifiés par le SMGEAG. Ensuite, finaliser la programmation des deux projets structurants d’économie circulaire portés par le SYVADE et le SINNOVAL : 49 millions d’euros de FEDER à justifier d’ici fin 2029.
Les autres fonds européens confirment cette dynamique. Le FEAMPA, pour la pêche et l’aquaculture, affiche 58 % d’engagements et 3 millions déjà payés : dégagement d’office évité. Interreg Caraïbes, pour la coopération régionale, est programmé à 70 %, avec 4 millions certifiés.
Quant au FEADER, malgré des difficultés nationales connues, la Région a pris ses responsabilités : le programme 2014-2022 est quasiment soldé, et pour la programmation 2023-2027, nous avons mis en place des solutions exceptionnelles pour soutenir les agriculteurs, notamment les jeunes. »

 « Les premiers paiements interviendront cette semaine. »

« La Commission Européenne nous a fait confiance », lance le président qui félicite Marie-Luce Penchard, Jean-Marie Hubert, Patrick Sellin qui ont plus particulièrement travaillé sur le dossier.

Un échange entre le président Ary Chalus et son vice-président Camille Pelage.

Côté coopération régionale, le dossier des sargasses a été présenté par la Région Guadeloupe et la création d’une instance fédérative pour lutter contre les sargasses a été acté au niveau mondial. Sylvie Gustave dit Duflo reçoit le satisfecit du président.

« La séquence internationale des 26 au 28 mars a permis le lancement du programme SARGCOOP II, la création d’un cluster régional dédié à la gestion des sargasses, ainsi que la mise en place d’un réseau caribéen de surveillance de la qualité de l’air.
En septembre dernier, la motion portée par la Région Guadeloupe sur l’urgence de créer une gouvernance internationale face aux échouements massifs de sargasses a été adoptée à plus de 96 % lors du Congrès mondial de la nature de l’UICN à Abou Dhabi.
Il s’agit du premier texte adopté dans une enceinte onusienne sur ce sujet, marquant une avancée et une réussite diplomatique historique pour la reconnaissance des enjeux sanitaires, économiques et environnementaux liés aux sargasses. »

Les félicitations se multiplient, notamment pour ceux qui ont organisé l’exposition Guillaume Guillon-Léthière au MACTe.

« Faire de la Guadeloupe un territoire capable de produire, stocker, distribuer de l’énergie électrique, c’est notre fierté. »

Et aussi :

« Notre rayonnement culturel s’est également illustré au Salon International du Livre d’Abidjan, où la Guadeloupe, invitée d’honneur, a pu mettre en lumière la vitalité de sa création littéraire et la force de ses liens avec le continent africain. »

L’équipe de Jean-Claude Nelson est de même félicitée pour son travail de multiplication des tournages sur l’archipel.

La transition énergétique s’est poursuivie avec de nombreuses réalisations, dont la mise en service d’un compensateur synchrone par EDF.

« Faire de la Guadeloupe un territoire capable de produire, stocker, distribuer de l’énergie électrique, c’est notre fierté. » Remerciements à Mme Vanoukia

Des déchèteries dans toutes les communes… pour compléter le volet environnement.

« Ce que la Guadeloupe montre ici, c’est qu’un petit territoire peut assumer de grands choix. Qu’il peut être pionnier, non pas par contrainte, mais par vision. Et qu’il peut tracer un chemin que d’autres suivront. »

« La France n’a pas de budget,
nous ne savons pas où nous allons. »

Quelques mots pour rappeler : « La France n’a pas de budget, nous ne savons pas où nous allons. »

Ceci en préparatif à dire qu’il ne faut pas se hâter à changer de statut. Les conditions ne sont pas réunies.

« Les retours d’expérience partagés par des représentants de la Guyane, de la Martinique ou encore de Saint-Martin, où des modèles similaires ont été mis en œuvre, nous apportent des enseignements précieux qui appellent à la plus grande prudence. » (Voir plus loin, le détail de ses propos).

« Nous aurons bientôt des élections municipales. Je vais inviter tous les maires de dire à la population que nous allons vers l’article 74. Je vais me battre pour qu’on le dise aux Guadeloupéens », lance Ary Chalus, comme par défi.

Le président du Conseil régional passe ensuite en revue — c’est la dernière plénière de l’année 2025, le moment du bilan — les réalisations des douze mois.

Pour ceux qui en douteraient… il affirme : « En matière de mobilité, les travaux de la déviation de La Boucan se poursuivent comme prévu. Ce chantier de 110 millions d’euros permettra, à l’horizon 2028, de fluidifier durablement la circulation sur la RN2 et de désenclaver le Nord Basse-Terre. »

Pour l’avenir, martèle Ary Chalus, « quelles que soient les suites judiciaires, je le dis une fois de plus, je serais là en 2028 avec une équipe qui fera tout pour être ici. »

Le discours se termine avec des conseils de prudence sur les routes en ces temps de fêtes.

Le temps des présidents des organes consultatifs

Eric Létan, 5e vice-président du CESER, donne l’avis de cette instance consultative rarement critique. On apprend qu’il faudrait 80 millions au moins pour refaire l’intégralité du réseau routier des routes dites nationales et départementales. » Le réseau routier communal pourrait, à terme, indique le président par intérim, rejoindre ce réseau entretenu par des fonds de la Région et du Département.

Félix Lurel, président du CCEE, donne à son tour l’avis de cette instance consultative. Très urbain, le président remercie ceux qui lui ont transmis depuis différents services intéressés par l’ordre du jour de la plénière (points 5, 7 et 8).

Octroi de mer : il faut réaliser une évaluation sur le terrain : intérêt pour les entreprises locales et pour les foyers guadeloupéens.

Taxe carbone pour les transporteurs aériens : le CCEE propose qu’elle soit en partie utilisée pour la continuité territoriale.

Pour les autres points, Félix Lurel est critique constructif, demandant des clarifications des objectifs tout en soutenant l’essentiel des projets, notamment le Schéma d’Aménagement Régional (SAR) auquel il prend part (on lui doit douze pages du document).

Ce SAR doit tenir compte des impératifs : protéger le patrimoine, tout le patrimoine, environnemental, sites, etc.

Des Guadeloupéens, des experts, doivent être consultés pour être au plus près des besoins des îles de Guadeloupe.

Jean-Marie Hubert, président de la Commission de synthèse, sur les 5 premiers points, pas de regards particuliers. Pour les autres, quelques modifications sont apportées.

Le temps de Victorin Lurel (opposition)

L’opposition chipote sur le nombre de procurations lors de la dernière séance plénière. Victorin Lurel le fait parce que, « c’est intéressant de voir ceux qui ont voté pour et ceux qui ont voté contre, qui s’est abstenu. Il faut ajuster le résultat. » Il s’agissait du vote sur les résolutions du Congrès.

Ary Chalus acquiesce : « Tout a été enregistré, que les services revoient précisément ceci. »

Victorin Lurel revient sur des délibérations anciennes qui n’ont pas été respectées… mais « sont toujours valables », selon Ary Chalus.

Pour ce qui concerne l’Octroi de mer : Jean-Louis Francisque intervient sur les points 5 (taux d’OM voté par le Conseil régional) et 6 (taux de majoration OM de la taxe d’embarquement des passagers) de l’ordre du jour.

C’est très technique. Les conseillers régionaux en dehors de l’orateur maîtrisent-ils ces finesses ?..

Les barres aluminium (laquées ou pas laquées) importées voient le taux passer de 7 à 15%
La farine de blé dur (importée) passe à un taux de 30%, comme la farine de blé tendre (fabriquée localement).

Pour la taxe d’embarquement des passagers, 4,57 euros par passagers, la dérogation courant pour les destinations inférieures à 1 000 km passe à 1 200 kilomètres. Ce qui incluerait Cuba mais pas Miami.

« Il y a une question d’orthodromie… il faut vérifier », soutient Victorin Lurel.

Marie-Luce Penchard souhaite que, « l’an prochain, avec les parlementaires de Guadeloupe, nous travaillions sur l’Octroi de mer, pour faire face à des propositions qui ne seraient pas celles qui nous conviendraient. »

 Des observateurs font remarquer in petto qu’il faudrait même élargir ces discussions aux parlementaires de Martinique et de Guyane…

Reboucher les trous, nettoyer les bords de routes, etc.

Un responsable de Routes de Guadeloupe, M. Arbaud, vient faire un long (très long et détaillé) exposé sur les missions de ce service. Il y a des « réponses fortes » à faire sur toutes les problématiques : nids de poules, réfection des réseaux anciens et mal entretenus, risques d’inondations, etc.

Il y a 300 agents à Routes de Guadeloupe et 1 000 kilomètres de routes à entretenir : renforcer les chaussées, les ponts et ponceaux, etc.

« Il faut rénover dans les matériaux utilisés parce que les matériaux actuels se raréfient », indique ce technicien.

Le président Chalus remercie le fonctionnaire et lui demande que Routes de Guadeloupe fasse diligence pour nettoyer les bords de routes, faire en sorte que les routes ne conservent pas les flaques d’eau plusieurs jours, que l’on rebouche bien les tranchées de quinze centimètres qui coupent les routes tous les dix mètres sur certains tronçons faits et pas bien rebouchées par des entreprises qui posent la fibre…

Jean Bardail, vice-président, président de la Commission des travaux routiers, rappelle quelques points sur Routes de Guadeloupe, « réalisation formidable quand à la mutualisation des moyens… »

Il y a des actions à mener pour entretenir ce réseau. « Toutes les routes sont en mauvais état. L’entretien du réseau routier pâtit de la fermeture de la carrière de Deshaies. Il faut trouver des solutions pour avoir des matériaux pour les routes. »

La DEAL comme d’habitude, est mise en cause, qui interdit de toucher à quoi que ce soit…

« C’est un débat pitoyable », lance Camille Pelage

Sur le volet institutionnel, les socialistes sont des alliés stratégiques — de circonstance ? — d’Ary Chalus. En atteste la présence d’Olivier Nicolas (secrétaire général du groupe Péyi Gwadloup et secrétaire fédéral du PS, pas spécialement apprécié d’habitude) dans la délégation régionale qui a été reçue par la ministre des Outre-mer, Naïma Moutchou, vendredi dernier.

« La méthode suivie par le président du Département n’est pas bonne », explique Loïc Martol, de péyi Gwadloup, qui énumère ce qu’il n’apprécie pas et conclut : « Nous n’avons cessé de prêcher dans le désert et nous n’avons pas été entendus. »

Les socialistes, dit-il, ne sont cependant pas partisans du statu quo. Ils souhaitent une révision constitutionnelle pour le changement statutaire, en dehors des articles 73 et 74 qui ne sont plus d’actualité.

Les socialistes sont « contre les démarches entreprises en ce moment », et « sans demander l’arrêt du processus », souhaitent « que le président du Département prenne en compte ces remarques. »

Loïc Martol, de Péyi Gwadloup :

Camille Pelage s’insurge : le fond, le forme, la méthode, il conteste tout. Il est, lui, au sein de la majorité de la Région, contre cette intervention en fin de plénière, pas à l’ordre du jour, sur un sujet « où vous avez tort puisque les élus de la Région — dont lui —vous ont donné tort. »

« Si, malgré tous nos efforts, vous continuiez de soutenir que nous ne sommes pas compétents, ne savons pas utiliser tout ce qui est mis à notre disposition… C’est un débat pitoyable. Nous avons fait un travail en Guadeloupe (M. Pelage fait allusion aux travaux du Congrès), nous regardons ce qu’il faut faire avec l’Etat, revoir sans doute la méthode, pour dépasser tout ceci et avoir la bonne boite à outils. On ne doit pas manier la peur ! »

Camille Pelage :

Ary Chalus revient sur le Congrès de 2019, qui devait répartir les compétences Région-Département. « Nous ne l’avons pas fait », regrette-t-il. « J’ai toujours été pour une évolution. Certains se cachaient… J’ai mes opinions, mes idées. On ne peut pas toujours être d’accord, mais il faut se respecter. C’est ma manière de fonctionner. Je respecte ce que les uns et les autres ont dit, mais je dirai que… »

Petit graffignage vers Camille Pelage qui rit.

Ary Chalus le dit et le répète : il est « pour un article 73 renforcé. Jamais pour un article 74 ! » Il est vivement applaudi par Victorin Lurel.

Victorin Lurel s’explique :

Volet institutionnel

Qu’a dit Ary Chalus ?
« La Guadeloupe traverse une période particulière. Une période où la confiance envers les institutions et la parole publique est mise à rude épreuve. Où les fractures sociales, les incertitudes économiques, et les tensions politiques à l’échelle nationale comme locale imposent de faire preuve d’un sens aigu de la responsabilité collective.
À la suite des résolutions adoptées lors du dernier Congrès, la ministre des Outre-mer a convoqué une réunion, vendredi dernier, pour définir une méthode de travail pour affiner les propositions d’évolution institutionnelle (fusion des deux collectivités, champ des compétences normatives attribuées à la collectivité, statut européen, fiscalité…) ainsi qu’un calendrier…
A cette occasion, j’ai eu à redire avec clarté les raisons qui m’ont amenée à ne pas prendre part au vote des résolutions du Congrès du 17 juin dernier. Non par opposition de principe. Mais, par souci de méthode et par respect envers celles et ceux qui attendent de nous autre chose que des postures mais une réelle capacité à construire ensemble.
De nombreuses voix – issues des milieux économiques, syndicaux, politiques – n’ont cessé de souligner un déficit de concertation. Je les ai entendues et, fidèle à mes engagements, j’ai pris l’initiative de renforcer le dialogue.
En témoignent les rencontres organisées ces dernières semaines, notamment lors des Grand Forums du 25 juillet, du 17 octobre et du 5 décembre dernier, avec les forces politiques, les acteurs socio-économiques, les organisations syndicales représentatives des agents territoriaux et les acteurs du monde associatif.
Ces échanges constructifs ont souligné qu’un tel projet, s’il venait à être adopté, impliquerait une transformation profonde de l’organisation institutionnelle et administrative de notre territoire.
Cela ne peut se faire sans garanties solides : sur les moyens dont disposera cette collectivité pour répondre aux attentes des guadeloupéens, sur la fiabilité du modèle fiscale local, sur la démocratie locale, sur les statuts, les carrières et les conditions de travail des agents de la nouvelle collectivité… »

Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp
Email

Actualité

Politique

Economie

CULTURE

LES BONS PLANS​

KARIB'Archives

Rechercher un article par mot clé dans nos archives à partir de 2020

DERNIERES INFOS

LE TOP KARIB'INFO