« Derrière les « coups de gueule » contre les sargasses une stratégie locale erratique de lutte contre les échouages », lance Bernard Guillaume, président du Groupe Péyi Gwadloup (PS) au Conseil régional.
Que dit-il, égratignant au passage certains maires ? « Les élus du groupe Péyi Gwadloup ne peuvent qu’approuver les « coups de gueule » des maires qui se sont exprimés dans les médias pour dénoncer la gravité des échouages de sargasses dans notre archipel ces dernières semaines.
Mais, s’ils partagent l’appel aux responsabilités de l’Etat, ils doivent aussi faire le constat des errements dans la mise en place de la stratégie locale de lutte contre ce phénomène avec des retards qui se comptent désormais en années.
En effet, le 13 novembre 2022 – il y a donc 2 ans et demi ! – le ministère des Outre-mer annonçait pour la Guadeloupe et la Martinique la création d’un opérateur unique de gestion des sargasses sous la forme d’un groupement d’intérêt public (GIP) pour chaque territoire afin de « concentrer les
moyens de réponse au phénomène des sargasses et permettre plus de souplesse dans l’allocation des ressources publiques ».
Le 25 avril 2023 – 5 mois après – le président de Région se réjouissait de l’élection du conseiller régional Loïc Tonton à la présidence du GIP dénommé « SARGIP » dont le 1e vice-président est Jean-Philippe Courtois, au titre du Conseil départemental, par ailleurs maire de Capesterre Belle-Eau, auteur de l’un des « coups de gueule » du week-end.
En cette fin juin 2025, 2 ans après ces annonces reprises par tous les médias, le « SARGIP » Guadeloupe est tout simplement au point mort sans qu’on en sache la cause.
Interrogée lors de la plénière du 20 février dernier par la conseillère régionale Péyi Gwadloup Magaly Marcin sur les retards dommageables et incompréhensibles de la réponse publique locale à cette « urgence », la vice-présidente de la Région Guadeloupe en charge du dossier,
Sylvie Gustave-dit-Duflo, indiquait que le SARGIP en était encore à la « phase de préfiguration » et qu’il devrait prendre la forme d’un syndicat mixte ouvert (SMO). Comme le SMGEAG.
Objectif : « sortir les contours de ce SMO d’ici à la fin de l’année 2025 pour qu’il puisse être opérationnel début 2026 ». Soit encore de longs mois d’attente avec, en suspens, la question du financement évaluée par la Région entre 4 et 6 millions d’euros par an pour la collecte et la valorisation, sachant en outre qu’un mètre linéaire de barrage flottant coûterait, toujours selon la Région, près d’un million d’euros et entre 300 000 à 500 000 euros par an pour l’exploitation.
Pendant ce temps, l’archipel croule sous des tonnes de sargasses avec des conséquences sur la santé, sur l’environnement, sur l’économie et sur la vie quotidienne dans les zones impactées.
C’est l’impuissance publique dans toutes ses dimensions. »