Une partie de la gauche guadeloupéenne alliée au monde économique, ça s’est rarement vu. Et pourtant…
A moins de 2 semaines du XIXè congrès des élus de Guadeloupe programmé le 17 juin prochain, les élus des groupes Gwadloup Pluriel Solidaire et Péyi Gwadloup représentants les minorités du Conseil départemental et du Conseil régional, ont invité mercredi une délégation d’acteurs économiques de l’archipel à échanger sur les projets d’évolution institutionnelle et statutaire qui doivent être présentés au Congrès.
Qu’est-il ressorti de ces discussions ? Jocelyn Sapotille, président du groupe Gwadloup Plurielle Solidaire, au Département, et Bernard Guillaume, président du groupe Péyi Gwadloup, à la Région, ont répondu dans un communiqué.
Que veulent-ils ? Que le Congrès ne se tienne pas le 17 juin. Ils s’expliquent.
« Il est ressorti de ces longs et riches échanges menés notamment avec la CPME, le MEDEF, le SNEG, la FRBTP, la Chambre de métiers et d’artisanat, et des chefs d’entreprise indépendants de plusieurs communes, que ces acteurs économiques n’ont à aucun moment été associés, ni consultés, sur les travaux de la commission ad hoc en cours depuis deux ans.
Cette inadmissible absence de concertation spécifique avec les acteurs économiques à un moment crucial où le président du Congrès entend décider de l’avenir institutionnel et statutaire du pays constitue une anomalie supplémentaire dans la méthode à l’œuvre depuis deux ans.
En juin 2024, en refusant de participer aux travaux du XVIIIe Congrès et donc de voter les résolutions proposées, les élus GPS et Péyi Gwadloup avaient officiellement demandé au président du Conseil départemental, président du Congrès, de changer précisément cette méthode qui privilégie la précipitation et conduit à une forme de passage en force.
Cette demande, hélas, n’a pas été entendue.
Au contraire, dans un contexte de défaillances multiples de nombreuses politiques publiques, de profondes difficultés économiques et de défiance de la population à l’égard de leurs représentants, le prochain Congrès annonce une accélération du processus devant conduire à la fusion de la Région et du Département et, dans le même temps, à un changement de statut de la Guadeloupe vers l’article 74 avec une revendication d’autonomie fiscale quasi-totale.
Après cette rencontre, les élus GPS et Péyi Gwadloup ont fait le constat que leurs inquiétudes et leurs réserves sont très largement partagées par les acteurs économiques qui estiment, à juste raison, que le projet politique ne peut pas être ainsi totalement déconnecté de sa dimension économique et sociale.
De plus, ces acteurs économiques — dont plusieurs sont également implantés en Martinique et en Guyane — ont exprimé une sérieuse mise en garde sur l’absence d’évaluation approfondie des expériences de fusion de collectivités dans ces deux territoires alors que celles-ci sont à bien des égards mises en échec.
C’est pourquoi, ils demandent une nouvelle fois au président du Conseil départemental, président du Congrès, de prendre le temps d’engager avec les acteurs économiques le temps de concertation absolument indispensable à la bonne élaboration de tout projet d’avenir pour le « Péyi Gwadloup ».
Ils lui demandent de renoncer à tenir ce XIXè Congrès le 17 juin. Car, au regard du manque de préparation que révèle cette absence de concertation avec les acteurs économiques et de l’instabilité gouvernementale actuelle, chacun doit comprendre que rien ne presse aujourd’hui.
Sauf à admettre que ce sont l’idéologie et/ou les arrière-pensées électorales qui guident le processus en cours. »