Guyane. Territoriales : « Il faut que nous puissions nous développer et non pas que nous soyons mis sous cloche en permanence ! »

Rodolphe Alexandre. Photos DR

Rodolphe Alexandre, président sortant de la Collectivité Territoriale de Guyane, se présente à sa succession. Entretien. 

Qui est Rodolphe Alexandre ? 
Je suis un homme simple, père de deux enfants et diplômé d’histoire et de géographie. Ceux qui me connaissent savent que je suis également féru de sport et passionné par ma Guyane pour laquelle j’ai un amour profond. En réalité, j’ai toujours préféré les actes à la parole. Parler de soi n’est pas un exercice auquel je me prête souvent. 

Si vous deviez appuyer votre bilan à la tête de la CTG sur trois actions primordiales, quelles seraient-elles ? 
Je tiens tout d’abord à dire que je suis fier de mon bilan et de celui de ma majorité. Tout au long de ces 5 années, nous avons toujours œuvré en faveur du développement du territoire et dans l’intérêt des Guyanaises et des Guyanais. 

Mais, si je devais malgré tout avoir à « défendre » le bilan de la liste que je conduisais en 2015, à travers trois actions, je mettrais indéniablement l’accent d’une part sur notre vaste et ambitieuse Programmation Pluriannuelle d’Investissements que nous avons réussi à lancer et à financer grâce à plusieurs leviers (cofinancements, accords de Guyane, emprunts). Collèges, lycées, routes, casernes de sapeurs-pompiers,… les besoins en infrastructure sont immenses. La CTG devait répondre présent.

L’événement le plus récent, c’est le CHU, que nous avons obtenu collectivement après plusieurs années d’inertie. Il a fallu des mois de négociation avec le gouvernement actuel et une mission d’inspection interministérielle pour que soit finalement actée la création d’un Centre Hospitalier Universitaire en Guyane à l’horizon 2025. 

Troisièmement, le rebasage financier. Il s’agit là d’une meilleure prise en compte de la réalité du territoire, notamment en ce qui concerne le nombre de personnes qui vivent en Guyane. Il est donc important, afin d’assoir le budget et les finances de la CTG que les dotations soient basées et calculées sur de vrais chiffres. D’ailleurs, Didier Migaud, président de la Cour des Comptes a reconnu dans un rapport que la Guyane est sous dotée. C’est un avancement considérable dans la prise en compte de nos difficultés et besoins. On parle souvent de projets structurants, de constructions, de nouveaux bâtiments… Mais la CTG ce sont aussi des centres de PMI, des services qui accompagnent les entreprises ou qui gèrent les fonds européens, des agents qui sont impliqués pour aider à la jeunesse en danger etc… Tout ceci a un coût.

« Il faut que nous soyons conscients
de nos richesses et potentialités,
et de l’immensité de la tâche que nous avons à accomplir. »

Le développement durable et l’aménagement du territoire sont importants dans un pays à la nature fragile. Comment concilier développement et protection de la nature en Guyane ?
Nous avons la chance d’avoir un territoire riche, aux ressources naturelles et à la biodiversité très vaste. Nous devons concilier développement du territoire et préservation de la nature. Cela passe notamment par l’utilisation de biocarburants pour sécuriser nos besoins énergétiques. Des programmes basés sur des énergies renouvelables sont également menés.. Nous avons d’ailleurs accompagné plusieurs projets de production électrique comme les centrales Biomasse de Cacao et de Saint-Georges de l’Oyapock, ou encore la centrale solaire située à Sinnamary. Puis il y a le tourisme vert. La Guyane est une destination de premier choix pour les amoureux de la nature. Nous devons donc nous tourner vers ce secteur afin de promouvoir notre territoire à travers les voyages responsables visant à préserver la biodiversité. Nous voulons aller encore plus loin dans ce domaine.

Quels secteurs d’activités devrait-on développer en Guyane pour assurer un développement harmonieux ?
Au-delà du tourisme que j’évoquais à l’instant, il faut accentuer nos interventions auprès des pêcheurs, et d’une manière générale de toutes les filières économiques qui ne demandent qu’à se développer et à davantage se structurer : le bois, l’agriculture, la mine et l’innovation. La Guyane est aussi grande que le Portugal. Il faut que nous soyons conscients de nos richesses et potentialités et de l’immensité de la tâche que nous avons à accomplir. Pour lutter contre le chômage et augmenter nos recettes fiscales, il faut que nous puissions nous développer, et non pas que nous soyons mis sous cloche en permanence !  

Le sentiment, quand on circule en Guyane, c’est que l’Etat n’y fait pas grand-chose. Est-ce une réalité ? 
Je ne suis pas l’avocat de l’État, il faudrait donc poser la question à leurs représentants. Nous sommes sur un territoire où tout est prioritaire. Nous travaillons en partenariat avec l’État dès que cela est possible. Par contre, quand nous ne sommes pas d’accord, nous le faisons savoir, et parfois même nous allons en justice. On aimerait fondamentalement que tout aille plus vite tant le retard accumulé est important. Nous manquons cruellement de moyens et d’infrastructures, que cela soit dans le domaine des transports, la santé, l’éducation, etc. Je pourrai développer davantage mais je crois que tout le monde connaît nos difficultés et a conscience des enjeux auxquels nous sommes confrontés. C’est pourquoi il est fondamental que l’Etat prenne à son tour l’intégralité de la mesure de nos besoins et des spécificités de la Guyane. 

Propos recueillis par André-Jean VIDAL

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