Politique. Christian Baptiste : « La paix civile est en jeu en Nouvelle-Calédonie »

Les députés ont voté le dégel du corps électoral pour les élections locales en Nouvelle-Calédonie, à la demande du gouvernement Macron-Attal. D’où les émeutes, les incendies d’entreprises et de maisons particulières appartenant à des Européens. D’où cinq morts, trois kanaks et deux gendarmes. Christian Baptiste, député de la Guadeloupe, explique son vote.

« J’ai voté contre le projet de loi constitutionnelle sur le dégel du corps électoral de la Nouvelle-Calédonie.

La Nouvelle-Calédonie est marquée par des tensions profondes entre le peuple premier kanak et les descendants des colons européens, ainsi que des migrants venus d’autres régions. Ces tensions ont culminé dans les années 1980, avec des revendications indépendantistes kanakes qui ont conduit à des violences et à une crise politique majeure.

Les accords de Matignon (1988) et de Nouméa (1998) ont été des jalons essentiels pour apaiser ces tensions. Ces accords ont prévu une transition progressive vers une possible indépendance à travers un processus consensuel, incluant le gel du corps électoral pour les élections locales.

Ce afin de garantir que les décisions sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie soient prises par ceux ayant des liens durables avec le territoire.

Le dégel du corps électoral permet à des personnes n’ayant pas résidé en Nouvelle-Calédonie pendant une période suffisamment longue de participer aux élections locales.

Ce changement brusque des règles électorales a ravivé les tensions ethniques et politiques. Les Kanaks perçoivent cette mesure comme une tentative de diminuer leur influence politique et de retarder l’indépendance.

Ce qui conduit à des protestations et des conflits sociaux, compromettant la stabilité de la région. Un rapport de l’Université de la Nouvelle-Calédonie souligne que toute perception de manipulation électorale pourrait intensifier ces tensions.

Le dégel du corps électoral va à l’encontre de l’esprit et de la lettre des accords de Nouméa, qui visent à garantir une transition pacifique et respectueuse des droits et aspirations des populations locales.

Une telle action du gouvernement met en péril le processus de réconciliation et de dialogue.

Les enjeux de décolonisation nécessitent une approche mesurée et inclusive, reconnaissant les dynamiques propres à chaque territoire et les aspirations légitimes de ses habitants.

C’est pourquoi, pour la démocratie, pour la stabilité politique et le respect des processus de décolonisation, éléments cruciaux pour l’avenir de ce territoire, qu’en ma qualité de Député de la Guadeloupe, j’ai voté contre ce projet de loi.

Je réaffirme alors mon engagement en faveur d’une Nouvelle-Calédonie où la paix, la justice et la reconnaissance mutuelle des droits de chaque communauté sont des priorités.

Je continuerai à plaider pour des solutions qui privilégient le dialogue, le respect et l’inclusion, valeurs fondamentales pour le progrès de notre société.

Il est urgent que le Premier ministre se ressaisisse de ce dossier et de son rôle historique. À moins qu’il s’érige délibérément en apôtre du colonialisme.

Je rappelle que la paix civile est en jeu en Nouvelle-Calédonie. »

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