Haïti. Abner Septembre dénonce les causes environnementales des inondations à Petit-Goâve

L’ancien ministre de l’Environnement, Abner Septembre, pointe du doigt plusieurs facteurs ayant fragilisé l’écosystème de Petit-Goâve et contribué aux inondations provoquées par l’ouragan Melissa.

Les pressions anthropiques, les constructions anarchiques et l’exploitation abusive des mines de sable sont, entre autres, les facteurs évoqués par l’ancien ministre de l’environnement sur les ondes de Magik 9, jeudi 6 novembre. Invité à l’émission Panel Magik, Abner Septembre a dénoncé le comportement des habitants qui utilisent la rivière La Digue comme dépotoir de toutes sortes d’ordures.

« C’est une catastrophe environnementale, déplore-t-il. La rivière creuse son lit et transporte tous les sédiments qui font monter le niveau de l’eau jusqu’au bas du pont. En aval, les gens extraient du sable sur les flancs des montagnes et dans le lit même de la rivière », a-t-il expliqué 

Un lourd bilan à Petit-Goâve

Le bilan humain s’est alourdi après le passage de l’ouragan Melissa en Haïti. Selon les derniers chiffres communiqués par la direction de la Protection civile (DPC) de Petit-Goâve, on dénombre 24 morts dont 10 enfants, 7 personnes portées disparues, 12 blessés, 132 maisons détruites et 789 maisons inondées, 815 familles sinistrées. Trois écoles, cinq églises et plusieurs entreprises ont également été affectées tandis que plusieurs véhicules ont été ensevelis sous la boue. 

Pour M. Septembre, ce drame aurait pu être évité. « Si les habitants avaient accepté de se déplacer et si les autorités avaient pris des décisions fermes pour contraindre ceux qui refusaient, on aurait éviter une telle ampleur », estime-t-il.

Construire un pont n’est pas la solution

L’ancien titulaire du ministère de l’Environnement invite à tirer les leçons de cette catastrophe et d’agir en conséquence pour pouvoir récolter une meilleure qualité de vie après la tempête. Selon lui, il serait illusoire de se concentrer sur la reconstruction du pont La Digue.  

« Comment investir dans un pont si toutes les menaces demeurent ? Ce serait jeter de l’argent par les fenêtres », a-t-il soutenu, invitant les autorités à agir sur les causes profondes du désastre.

M. Septembre admet que l’environnement n’a jamais été une priorité pour l’État haitien, souvent réduit à un simple sujet de discours politiques. A titre d’exemple, il indique que le regroupement Sosyete Lakou Dessalines avait adressé une correspondance à quatre ministères, le 14 juillet 2025, pour alerter sur les risques liés au pont La Digue mais aucune action n’a été entreprise en ce sens.

Abner Septembre souligne que la rivière La Digue avait causé des dégâts similaires en 1994 et que le dernier travail de curage réalisé remonte à 1996. Ce manque d’entretien, selon lui, a aggravé la situation.

Pour prévenir de nouvelles catastrophes, l’ancien ministre propose quelques pistes de solutions: fermeture des brèches à l’aide de gabions et travaux de fouille avec des pelles mécaniques, pour rétablir le cours normal de la rivière; restauration des écosystèmes des bassins versants de La Digue pour favoriser l’infiltration d’eau et réduire le ruissellement ; curage régulier du lit de la rivière et gabionnage des berges accompagné d’une ceinture végétale protectrice; construction d’un nouveau pont avec une élévation et longueur suffisantes, adaptées aux risques hydrologiques actuels.

Source : Le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/261488/abner-septembre-denonce-les-causes-environnementales-des-inondations-a-petit-goave

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