Haïti. L’agriculture suit la tendance de la dépression économique du pays  

Le secteur primaire, comme les deux autres grandes branches de l’économie haïtienne, a décru au cours du dernier exercice fiscal. Les chiffres de l’Institut haïtien de statistique et d’informatique (IHSI) montrent que la contraction est de l’ordre de 5,6%.

Participant à l’émission Grands rendez-vous économiques avec l’économiste Kesner Pharel sur les ondes de la radio Métropole, le 1er janvier 2024, le ministre de l’Économie et des Finances, Michel Patrick Boisvert, chiffres à l’appui, a pointé du doigt certains facteurs expliquant la descente aux enfers de l’agriculture haïtienne et se montre très imbu de ce qu’il faut faire pour changer la donne.

L’agriculture suit la tendance de la dépression de l’économie du pays. Tout est au ralenti. C’est visible même au niveau des principales cultures. Les autorités, les agences internationales et les agriculteurs ont du mal à intervenir. Quoique certains financements soient disponibles, plusieurs grands projets définis ne peuvent pas être implémentés. La superficie mise en valeur se réduit de plus en plus avec un pic dans le département de l’Artibonite, zone responsable de plus de 80% de la production de riz du pays, avec environ 7 000 hectares de terre cultivables et irrigués abandonnés.

Selon le ministre de l’Économie et des Finances, Michel Patrick Boisvert, la chute de la production agricole est importante et pas qu’au niveau rizicole. Le responsable fait mention d’une baisse de la production soit 17% de la production de riz,14,5% de la production de maïs, 5,8 de la production du sorgo et 3,8% de celle des  haricots.

Outre les aspects liés au climat, M. Boisvert attribue cette situation à la condition sécuritaire du pays. À cause du climat d’insécurité, les campagnes agricoles, explique-t-il, ne peuvent pas être implémentées. Toute la chaine d’approvisionnement est touchée.

« Le gouvernement et ses partenaires techniques et financiers ne peuvent pas intervenir au niveau des infrastructures physiques dans l’optique de favoriser de meilleures conditions de travail aux agricultures », laisse-t-il entendre. Les subventions deviennent de plus en plus rares, ce qui occasionne une augmentation significative des coûts de production.

Les rapports de la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (CNSA) révèlent que l’absence de support en intrants agricoles a significativement réduit les surfaces emblavées. Dans le bas Artibonite, qui est la zone de production de riz la plus importante d’Haïti, les plantations ont subi non seulement les effets de la sécheresse, mais aussi des attaques de gangs armés ont obligé les agriculteurs à fuir les zones de production.

Le ministre de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural, Bredy Charlot, parle de 25% des terres cultivées qui sont laissées en friche, soit un peu plus de 7 000 hectares, à cause de l’insécurité qui règne dans les communes considérées comme le bastion de la production de riz dans la vallée de l’Artibonite : Petite-Rivière de l’Artibonite, Marchand-Dessailines et Verrettes.

Le ministre de l’Économie et des Finances insiste sur l’impossibilité pour les agriculteurs de s’approvisionner en intrants les plus indispensables comme les semences de qualité, les fertilisants, occasionnant ainsi la déperdition des familles qui, dans le temps, étaient tributaires de la production agricole. Les interventions, souligne-t-il, sont de plus en plus compliquées.

« Mêmes les projets dont le financement est disponible ont du mal à être implémentés », déclare le haut fonctionnaire, qui indexe notamment les projets prédéfinis dans le cadre du Plan de relèvement intégré de la péninsule du Sud (PRIPS).

Michel Patrick Boisvert croit savoir quoi faire pour pallier cette situation. Le gouvernement a alloué au secteur agricole une augmentation budgétaire de l’ordre de 15,6% sur les crédits d’investissement par rapport à l’exercice précédent, ce qui constitue un choix intelligent qui vise à une meilleure contribution du secteur agricole au produit intérieur brut dont la croissance attendue se chiffre à 0,7% pour l’exercice en cours.

Mais ce n’est pas tout, le responsable soutient que le problème doit être abordé de manière urgente. Il ne s’emballe pas trop. Les décisions à prendre devraient encore attendre. Car s’il est vrai que le ministre parle de l’urgence, il affirme, par ailleurs, que des dispositions seront prises afin que, lorsque le calme reviendra, de meilleures conditions puissent être créées pour un nouveau départ du ministère de l’Agriculture.

C’est à juste titre que le ministère de l’Agriculture prend déjà les devants dans le but de juguler sa faible capacité d’absorption en matière d’exécution budgétaire. Certains goulots d’étranglement liés à l’exécution du budget sont déjà identifiés et les responsables projettent de proposer des éléments de solution viables pouvant permettre une nette amélioration du taux d’absorption du budget annuel du MARNDR et enjoignent du même coup au ministère des Finances de décaisser, dans les meilleurs délais, les crédits d’investissements prévus pour le compte de ce secteur.

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