Haïti. Ouverture des États généraux sur les femmes en politique et les violences électorales

Le ministère à la Condition féminine et aux Droits des femmes (MCFDF) a officiellement lancé, vendredi à l’hôtel La Cretonne aux Cayes, les États généraux sur « la participation politique des femmes et les violences électorales », sous le thème évocateur : « Pa gen demokrasi ni eleksyon san fanm, zewo vyolans ».

Cette initiative, qui ce déroulera du 12 au 14 décembre 2025, a rassemblé des acteurs institutionnels et communautaires afin de réfléchir aux obstacles persistants limitant l’engagement des femmes dans la vie publique. les conseillers présidentiels Leslie Voltaire et Frinel Joseph, la représentante du secteur des femmes au Conseil électoral provisoire (CEP), les ambassadeurs du Mexique et de l’Espagne, la représentante de l’ONU Femmes, le représentant du BINUH, ainsi que plusieurs organisations politiques et membres de la société civile du Sud.

À l’ouverture de l’événement, la ministre à la Condition féminine et aux Droits des femmes (MCFDF), Pedrica Saint Jean, a souligné l’importance historique de ce rendez-vous. « Aujourd’hui, nous ouvrons les États généraux de la participation politique des femmes, un espace inédit, un espace nécessaire, un espace attendu depuis trop longtemps. Un espace où la République d’Haïti accepte enfin de se regarder en face. Où elle reconnaît ses manquements, ses retards, ses contradictions. Où elle doit assumer ses responsabilités envers plus de la moitié de sa population », a-t-elle déclaré, rappelant que les femmes haïtiennes, bien qu’essentielles à la vie nationale, restent trop souvent exclues des sphères de pouvoir.

Pour la titulaire MCFDF, ces États généraux ne constituent pas un simple exercice de consultation, mais un véritable « mouvement de vérité, de courage, de justice et de transformation profonde ». Elle a insisté sur la nécessité de rompre avec l’invisibilisation des femmes et de reconnaître enfin leur rôle central dans le renforcement démocratique. 

« La démocratie ne peut plus avancer en laissant la moitié du pays derrière elle », a martelé Pedrica Saint Jean, appelant à une prise de conscience collective.

Dans cette perspective, la ministre a annoncé une démarche inclusive et participative impliquant toutes les régions du pays. « Dans ce processus, nous allons écouter les femmes de chaque département. Nous recueillerons leurs recommandations, entendrons leurs expériences et identifierons les obstacles qui freinent leur participation à la vie politique et sociale. Ce travail nous permettra de proposer des solutions concrètes capables de transformer leur réalité et d’élaborer un plan d’action national clair, ambitieux et mesurable », a-t-elle poursuivi.

La ministre a également rappelé que la reconstruction d’Haïti ne saurait se faire sans l’implication active des femmes. « Haïti ne peut se reconstruire sans ses femmes. Leur leadership est une ressource vitale, leur courage une lumière dans les moments les plus sombres, et leur engagement une garantie pour la démocratie. Elles portent en elles la capacité de transformer les institutions, de renforcer l’État et de guider la nation vers une stabilité durable. Investir dans les femmes, c’est investir dans la résilience et l’avenir d’Haïti », a-t-elle affirmé.

Ce message a trouvé un écho particulier dans l’intervention du conseiller présidentiel Leslie Voltaire, qui a rappelé l’urgence de rétablir la force du combat des femmes dans la vie publique. « Nous ne devons jamais cesser de nous battre pour protéger notre place dans la construction du pays d’Haïti. Si nous regardons bien, nous remarquerons que le combat des femmes a perdu de sa force », a confié Leslie Voltaire.

Pour l’ex coordonnateur du CPT, les États généraux doivent servir de point de départ à une dynamique nationale visant à renforcer la présence des femmes à tous les niveaux de gouvernance, « depuis la section communale jusqu’à la présidence ».

Le conseiller président Voltaire a également appelé à une prise de conscience collective sur la nécessité d’inclure davantage de femmes dans les instances politiques. « Les réflexions doivent amener toutes les femmes et tous les hommes d’Haïti à comprendre qu’ils n’ont pas d’autre terre que celle-ci. Nous avons toujours soutenu la démocratie et les élections. C’est pourquoi nous encourageons davantage de femmes à entrer en politique, sinon leurs luttes continueront de reculer. Si je ne me trompe, une seule femme siégeait dans notre dernier Parlement… réfléchissez à cela, mesdames », a-t-il souligné, invitant les femmes à s’organiser pour faire respecter leurs droits.

Selon Leslie Voltaire, il n’y a « pas de détour » : l’avenir du pays dépend de la capacité de chacun à gérer autrement les ressources, les institutions et le territoire haïtiens. « C’est à nous en premier lieu de contraindre l’État à respecter nos droits et à écouter ce que nous disons lorsque nous nous exprimons comme aujourd’hui. Nous devons gérer cette terre autrement afin qu’elle nous donne tous les moyens de vivre ! Organisons-nous ! », a conclu l’ancien coordonnateur du Conseil présidentiel de transition.

Il convient de noter qu’au début du discours du président Voltaire des participants frustrés par la fermeture des routes nationales à cause de l’insécurité, ont profité pour exprimer leur revendication de pourvoir circuler librement.

Source : le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/262529/ouverture-des-etats-generaux-sur-les-femmes-en-politique-et-les-violences-electorales

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