Haïti. Rentrée scolaire : qui s’en préoccupe finalement ?

La rentrée scolaire 2025-2026 approche, et aucune décision concernant son organisation n’a encore été annoncée : pas de date de réouverture des classes, ni de calendrier prévisionnel, encore moins de mesures d’accompagnement pour les parents. Le Nouvelliste a donné la parole à des acteurs du système éducatif concernant ce mutisme de l’instance chargée de la gouvernance du secteur.

Le 30 juillet 2025, au moment de la rédaction de cet article, le MENFP n’avait toujours rien annoncé sur la réouverture des classes. « C’est un silence assourdissant », estime Marguerite Clérié, de l’Association professionnelle des écoles privées (APEP), interrogée par Le Nouvelliste. « On s’inquiète de ce silence et s’interroge sur la raison pour laquelle aucun calendrier n’a été publié. On ne comprend pas ce silence », a déclaré l’éducatrice, qui estime que cette année, plus que jamais, la rentrée devrait avoir lieu dès le mois de septembre. Une telle décision permettrait de récupérer des jours de classe perdus et de mettre fin à la pratique des calendriers allégés.

« Est-ce que le MENFP nous réserve une surprise ? Ou bien fait-il preuve de prudence, comme cela a souvent été le cas, où une rentrée prévue en septembre est finalement repoussée à octobre ? », s’est demandé Marguerite Clérié, qui voit dans ce silence « une indifférence face à la souffrance des écoles ».

La directrice exécutive du Consortium des organisations du secteur privé d’éducation (COSPE), Caroline Hudicourt, affirme avoir abordé ce silence avec les dirigeants du consortium. « Nous nous posons des questions, car c’est de la responsabilité du ministère de fixer un calendrier scolaire anticipé et de déterminer la date de la réouverture des classes », a-t-elle souligné. Quoi qu’il en soit, Mme Hudicourt pense que, malgré ce silence, les écoles s’organisent : certaines prévoient de rouvrir le 1er ou le 8 septembre.

Selon elle, ce silence donne l’impression que le MENFP n’est pas prêt et évite de se prononcer. Elle souligne que chaque école reprendra selon la date qui lui convient. Un tel mutisme, d’après Mme Hudicourt, ne bénéficie pas aux écoles privées, car il risque d’engendrer des confusions et des retards dans les calendriers élaborés par les directions d’établissement.

Pour Léo Litholu, de l’Union des parents d’élèves progressistes haïtiens (UPEPH), ce silence traduit clairement que le ministère n’est pas prêt pour la reprise. Il soutient que le MENFP est même dans l’incapacité de trouver un local pour la correction des examens. Selon lui, plusieurs directeurs d’écoles nationales sont dans l’incertitude quant à la manière dont ils vont fonctionner. Ce silence témoigne, selon ses mots, de « l’irresponsabilité de l’État », qu’il qualifie de « peu soucieux de l’éducation ».

« Le gouvernement sera-t-il encore en place en octobre ? », s’est interrogé l’éducateur Patrice Dalencour, qui perçoit dans la politique de l’autruche adoptée par le MENFP un manque de sérénité pour l’avenir. « Pour envisager une rentrée scolaire, il faut être capable de rétablir la sécurité, de reconquérir un minimum d’espace. Sinon, on ferme les yeux et on laisse s’organiser ce qui peut s’organiser », a-t-il réagi.

Ce silence concernant les dispositions pour la rentrée scolaire 2025-2026 intervient dans un contexte particulier. Le 16 juillet dernier, lors du programme gouvernemental « Les Mardis de la Nation », le titulaire du MENFP avait déclaré à la nation que « Lekòl la kraze ». Ce silence serait-il une forme d’aveu d’impuissance ?

Le Nouvelliste a pris connaissance d’une circulaire datée du 18 juin dernier, annonçant la création d’une commission ministérielle chargée de la planification de la rentrée scolaire 2025-2026. Cette commission est composée de 14 personnalités issues du cabinet du ministre, de la direction générale, de l’inspection générale du ministère ainsi que de responsables de directions techniques.

La mission de cette commission consiste, entre autres, à : élaborer le calendrier scolaire 2025-2026 ; proposer le thème de la rentrée ; définir le mode d’accompagnement à offrir aux parents d’élèves déplacés ; déterminer la nature du soutien à apporter aux écoles en difficulté ; et évaluer le nombre d’écoles à réhabiliter, réparer ou relocaliser. « La Commission dispose de cinq mois pour exécuter son mandat », peut-on lire dans la circulaire du MENFP. À ce jour, cependant, cette commission n’a donné aucun signe de vie.

Source : Le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/258559/rentree-scolaire-qui-sen-preoccupe-finalement

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