Le gouvernement n’envisage pas de fournir une lettre de crédit irrévocable pour aider d’autres entreprises à couvrir les frais élevés d’assurance à cause du niveau de risque et permettre le retour de la concurrence dans ce secteur, a appris Le Nouvelliste d’une source gouvernementale, vendredi 6 juin 2025.
« Il n’y a pas de mécanisme de soutien aux compagnies, aux entreprises. Sunrise fonctionne normalement et n’est pas réputée en faillite même si elle a des dettes envers le fisc et d’autres institutions publiques lui fournissant des services. A cause du niveau du risque, les assurances ont augmenté leur prime. Ce que Sunrise ne pouvait supporter financièrement. Pour porter Sunrise a reprendre les vols réguliers, le gouvernement a décidé de compenser le manque à gagner à travers une lettre de crédit irrévocable émise sur une banque étrangère, a confié cette source gouvernementale qui a évoqué le caractère fermé du transport aérien à cause de l’importance des investissements à consentir. Les investissements initiaux pour monter une compagnie aérienne sont lourds et importants. Cela freine l’appétit d’autres investisseurs à entrer sur ce marché. C’est comme s’il y a une barrière naturelle sur ce marché », a dit cette source.
Interrogée sur l’existence ou non d’engagements de Sunrise pour baisser les prix des billets parce que cette lettre de garantie est garantie de l’argent public, notre source a indiqué que « certains s’attendaient à avoir dans l’accord une fourchette de prix pour les différents circuits ». « C’est contraire à la loi du marché. C’est le jeu de l’offre et de la demande qui doivent déterminer le niveau des prix. Cela ne se fait pas à travers un mécanisme administratif et dirigiste », a dit notre source.
« Nous savons qu’il y a des failles sur ce marché. C’est le régulateur qui doit jouer son rôle afin d’éviter des excès, des abus », a-t-elle ajouté, affichant au passage un optimisme certain sur l’effet bénéfique de la reprise des vols domestiques. Ce qui rendra non nécessaire la fourniture de lettres de crédit aux compagnies d’hélicoptères.
La reprise des vols domestiques rendra non nécessaires les vols d’hélicoptères sur ce marché. Les vols en hélicoptère seront alors réservés « à un petit groupe qui a des moyens financiers et qui ne voudrait pas prendre la ligne dans un aéroport», a indiqué cette source.
Qu’en est-il pour soutenir les entreprises qui s’adonnent aux transports maritime et routier ?
« Le transport maritime ne souffre pas trop de la crise sécuritaire malgré certains cas de kidnapping. Par contre, le secteur routier a beaucoup souffert. Des mécanismes sont en train d’être mis en place pour les supporter. Mais une bonne partie du secteur est informelle, mal organisée et difficile à supporter à travers des mécanismes classiques et conventionnels », a confié cette source gouvernementale.
Dans un communiqué de presse, publié ce jeudi, Sunrise Airways a expliqué avoir décidé de signer le protocole d’accord avec l’État haïtien après avoir obtenu des garanties, notamment la mise en place d’une assurance complémentaire couvrant les risques liés à l’instabilité sécuritaire.
« Sunrise Airways a accepté de répondre à cette sollicitation sous réserve qu’une solution d’assurance complémentaire soit proposée et fournie par l’Etat, pour atteindre le niveau minimum souhaitable de couverture des victimes humaines et des dommages matériels éventuels en cas d’incident ou de catastrophe aérienne, directement ou indirectement imputables à la situation sécuritaire hautement volatile dans le pays », lit-on dans le communiqué dont le journal a pris connaissance.
« Cette couverture supplémentaire, d’un montant maximum de 11 millions de USD, sera fournie par l’Etat via le ministère de l’Economie et des Finances sous la forme d’une garantie financière et débloquée le cas échéant uniquement pour indemniser directement les victimes, les ayant-droit des victimes et les dégâts matériels causés par un sinistre en complément des montants versées par la compagnie d’assurance », a révélé la compagnie dans le communiqué, annonçant que les informations sur les horaires et tarifs des vols seront disponibles incessamment sur leur site web.
« L’accord signé le 5 juin 2025 entre l’Etat et la compagnie aérienne stipule les modalités techniques de mise en œuvre de cette garantie et les dispositions opératoires relatives à la reprise progressive des vols domestiques réguliers exclusivement », conclut le communiqué.
Un pas dans la bonne direction
« Dans les prochains jours, la reprise des vols réguliers de notre ligne aérienne nationale vers ses destinations originales de Port-au-Prince vers le Cap-Haïtien, des Cayes, Jacmel, Jérémie et vice-versa. La signature de ce protocole est bien plus qu’une simple annonce de retour aux opérations de l’Autorité Aéroportuaire Nationale, des aéroports régionaux ni un acte administratif et juridique ordinaire, mais davantage l’accomplissement de réflexions approfondies, de consultations enrichissantes et de négociations constructives », a déclaré Yves Ducarmel François, le directeur de l’Autorité aéroportuaire nationale (AAN).
« Cette reprise symbolise la résilience, la détermination et l’espoir d’un pays qui cherche encore et toujours sa voie dans le concert des nations modernes », a-t-il ajouté.