Haïti. « Viv ansanm » et « Baz Gran grif » désignées organisations terroristes par les États-Unis

Les États-Unis ont désigné, vendredi 2 mai 2025, les organisations criminelles « Viv ansanm » et « Baz Gran grif » comme organisations terroristes étrangères et terroristes mondiaux.

Ces deux entités, responsables de nombreuses exactions telles que des massacres, des viols, des enlèvements, ont été ajoutées sur le site web de l’Office of foreign assets control (Bureau de contrôle des avoirs étrangers) (OFAC). Par cette décision, ces groupes criminels changent de catégorie et toute personne ou entité qui leur fournit un soutien quelconque s’expose à des poursuites aux États-Unis.

Dans un communiqué publié le même jour, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a déclaré que l’ère de l’impunité pour ceux qui soutiennent la violence en Haïti est révolue. « Les gangs haïtiens, dont la coalition Viv ansanm et Gran grif, sont la principale source d’instabilité et de violence en Haïti. Ils constituent une menace directe pour les intérêts de sécurité nationale des États-Unis dans notre région. Ces gangs ont tué et continuent d’attaquer la population haïtienne, les forces de sécurité haïtiennes et le personnel de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMSS), et sont déterminés à renverser le gouvernement haïtien. Leur objectif ultime est de créer un État contrôlé par les gangs où les trafics illicites et autres activités criminelles se déroulent librement et terrorisent les citoyens haïtiens. Les désignations de terroristes jouent un rôle crucial dans notre lutte contre ces groupes odieux et constituent un moyen efficace de limiter le soutien à leurs activités terroristes. Les transactions avec des membres de ces groupes comportent des risques vis-à-vis des autorités antiterroristes, non seulement pour les Haïtiens, mais aussi pour les résidents permanents légaux et les citoyens américains. Les personnes et entités fournissant un soutien matériel ou des ressources à Viv ansanm ou Gran grif s’exposent à des poursuites pénales et à une interdiction de territoire ou à une expulsion du territoire américain », a longuement expliqué le patron de la diplomatie américaine dans son communiqué.

« Nous saluons l’extraordinaire courage de la Police nationale haïtienne et de tous les partenaires internationaux qui soutiennent la mission MMSS pour leurs efforts continus visant à instaurer la stabilité et la sécurité en Haïti. Nous exhortons tous les dirigeants politiques haïtiens à donner la priorité à la sécurité du peuple haïtien, à trouver des solutions pour mettre fin à la violence et à progresser vers le rétablissement de la démocratie par le biais d’élections libres et équitables. Les États-Unis soutiennent le peuple haïtien dans sa quête d’un avenir sûr et stable pour son pays et ses citoyens. Les mesures prises aujourd’hui par le Département d’État démontrent l’engagement de l’administration Trump à protéger nos intérêts en matière de sécurité nationale et à lutter contre ces gangs dangereux », a poursuivi Rubio.

Le groupe criminel Gran grif, fondé en 2016, est le gang le plus dangereux de l’Artibonite. Il est responsable de nombreux massacres contre des communautés de paysans, et d’assassinats de policiers haïtiens et kényans. Cette semaine, ses membres ont lancé une attaque sanglante contre la commune de Petite-Rivière de l’Artibonite, qui s’est soldée par une dizaine de morts, des enlèvements, provoquant le déplacement forcé de plusieurs milliers de personnes.

L’organisation criminelle « Viv ansanm », composée de plus d’une vingtaine de groupes criminels, a été fondée en septembre 2023. Elle contrôle plus de 85% de la région métropolitaine de Port-au-Prince. Depuis février 2024, ses membres lancent des assauts coordonnés sur plusieurs fronts ciblant les postes de police, les quartiers et les hôpitaux. Cette coalition est en mesure de coordonner et de mener simultanément des attaques sur plusieurs fronts, y compris au niveau de différentes régions géographiques du pays.

Vendredi 2 mai, ces deux groupes criminels haïtiens rejoignent huit autres organisations criminelles latino-américaines qui ont également été étiquetées comme des groupes terroristes par le Département d’État en février. Cette liste comprend les cartels mexicains ainsi que le Tren de Aragua au Venezuela.

Selon l’experte Vanda Felbab-Brown, interrogée par Miami Herald, « Il n’y a pas de limitation territoriale, donc si quelqu’un paie les gangs en France ou en Australie, cela s’applique toujours », a déclaré la chercheure principale à la Brookings Institution et experte des groupes armés non étatiques qui surveille de près Haïti. « Il n’y a pas de limitation à Haïti ou aux États-Unis. »

« Les deux désignations sont livrées avec des clauses, a-t-elle dit, qui définissent tout paiement de quelque nature que ce soit, tout soutien matériel de quelque nature que ce soit – aussi peu qu’une tasse de thé, un crayon ou une tasse de café, ou un jouet – comme un soutien matériel et sont passibles de sanctions pénales très longues et de sanctions financières très robustes ».

« Cela a potentiellement d’énormes implications si les banques, les maisons de transfert et les systèmes financiers seront disposés à envoyer des fonds à Haïti. S’ils ont peur d’être poursuivis, ils pourraient être prêts à ne pas accepter de tels paiements », a déclaré Felbab-Brown. « Sur l’aspect positif, peut-être que cela effrayera plus de politiciens et d’hommes d’affaires haïtiens qui embauchent des gangs à leurs fins néfastes. »

Bien que cette décision vise à perturber les réseaux financiers de ces groupes, elle soulève d’importantes préoccupations concernant les ONG humanitaires, les entreprises locales et le système bancaire en Haïti. En effet, des organisations humanitaires opérant dans ces régions contrôlées par des gangs pourraient faire face à des défis juridiques accrus. Toute implication, même involontaire, pourrait être interprétée comme une approbation d’un soutien matériel au terrorisme, rendant ainsi ces ONG passibles de sanctions. 

Les entreprises haïtiennes peuvent se retrouver également dans une situation préoccupante. En effet, les groupes criminels exigent souvent dans des paiements pour le passage des marchandises et des employés. Le maintien de ces pratiques est aujourd’hui condamnable au titre du financement du terrorisme, ce qui les expose à des poursuites judiciaires et des sanctions internationales. 

Le secteur bancaire haïtien peut être également concerné par cette mesure qui peut impliquer un renforcement des mécanismes de surveillance pour toutes les transactions envers des groupes désignés. Cette situation pourrait également ralentir les services financiers et augmenter les coûts opérationnels, affectant la stabilité du secteur bancaire haïtien.

Source : Le NouvellisteLien : https://lenouvelliste.com/article/255785/viv-ansanm-et-baz-gran-grif-designees-organisations-terroristes-par-les-etats-unis

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