L’administration Trump a décrété mardi 2 décembre l’une de ses mesures de répression migratoire les plus radicales à ce jour, ordonnant la suspension de toutes les demandes d’immigration, y compris les demandes d’asile en cours, émanant des ressortissants d’Haïti, de Cuba, du Venezuela et de 16 autres pays dits « à haut risque », a rapporté le Miami Herald.
La directive du Département de la Sécurité intérieure affecte toutes les démarches, des demandes de carte verte aux permis de travail pour les personnes ayant déposé une demande d’asile. En Floride du Sud, où vivent des millions d’immigrants originaires d’Amérique latine et des Caraïbes, cette décision a des conséquences considérables. Mardi soir, les avocats spécialisés en immigration tentaient encore d’interpréter la note de service. « Pour notre communauté du sud de la Floride, compte tenu de ce que nous sommes, cela signifie concrètement l’arrêt de l’immigration légale », a déclaré Randolph McGrorty, directeur exécutif de Catholic Legal Services, cité par Miami Herald. « L’immigration légale est désormais suspendue pour notre communauté du sud de la Floride en raison des pays figurant sur la liste », a-t-il ajouté. « Nous aspirons tous à la sécurité, mais je doute que ces mesures nous apportent la sécurité nécessaire. »
M. McGrorty souligne que trois des 19 pays concernés abritent certaines des plus importantes communautés immigrées du sud de la Floride. « Si vous êtes demandeur d’asile et que votre demande a déjà été déposée, mais que vous cherchez du travail, votre permis de travail sera suspendu. Cela aura donc un impact sur les travailleurs en situation régulière qui devront attendre leur permis », a-t-il expliqué. Cette nouvelle politique, révélée initialement par le New York Times, prolonge une série de changements annoncés la semaine dernière par l’administration, suite à l’inculpation d’un ressortissant afghan pour avoir tiré sur deux membres de la Garde nationale, dont l’un est décédé.
Donald Trump avait déjà annoncé un réexamen des cartes vertes des ressortissants de 19 pays et la suspension de toutes les décisions relatives à l’asile des migrants aux États-Unis. Il a également déclaré que toutes les décisions d’asile prises par l’administration Biden seraient réexaminées et que toutes les demandes d’immigration déposées par des ressortissants afghans seraient suspendues sine die. Les États-Unis interdiraient également l’entrée aux Afghans, a-t-il annoncé, laissant entendre que d’autres mesures pourraient être prises.
La directive de mardi touche un public encore plus large parmi les immigrés, notamment les communautés hispaniques et haïtiennes. Déjà menacées d’expulsion suite à la fin des protections juridiques temporaires, elles se retrouvent désormais dans une situation d’incertitude migratoire.
Dans sa note de service, le Département de la Sécurité intérieure (DHS) a indiqué que cet examen approfondi est nécessaire pour garantir que les personnes originaires de pays à haut risque « n’ont pas l’intention de nuire aux Américains ni de compromettre les intérêts nationaux des États-Unis ».
Les 19 pays concernés étaient déjà soumis à des restrictions d’entrée à des degrés divers. Le Burundi, Cuba, le Laos, la Sierra Leone, le Togo, le Turkménistan et le Venezuela faisaient l’objet d’interdictions partielles affectant les visas de tourisme, d’affaires et d’études depuis juin.
Les ressortissants d’Afghanistan, de Birmanie, du Tchad, de la République du Congo, de Guinée équatoriale, d’Érythrée, d’Haïti, d’Iran, de Libye, de Somalie, du Soudan et du Yémen se voyaient interdire totalement l’entrée sur le territoire, pour les visas d’immigrant comme pour les visas de non-immigrant. L’administration a évoqué la possibilité d’expulser les immigrants résidant aux États-Unis depuis des décennies et titulaires d’une carte verte, peut-on lire dans Miami Herald.
Le mémorandum semble exiger que tous les immigrants originaires des pays visés fassent l’objet d’un réexamen approfondi de leur dossier, incluant un éventuel entretien et, si nécessaire, un second entretien, afin d’évaluer pleinement les menaces pesant sur la sécurité nationale et la sécurité publique, ainsi que tout autre motif d’inadmissibilité ou d’inéligibilité.
Après avoir pris connaissance de la note, Maureen Porras, avocate spécialisée en immigration et conseillère municipale de Doral, a déclaré que, selon elle, cette mesure allait alourdir encore davantage un système déjà défaillant et engorgé, et engendrer des retards supplémentaires. Environ 1,5 million de demandes d’asile sont actuellement en attente de décision. « Si l’objectif est de renforcer la sécurité des États-Unis, nous devrions accélérer l’examen de toutes les demandes d’asile et simplifier la procédure », a affirmé Mme Porras. Elle a également indiqué qu’il lui semblerait difficile de contester la décision de Trump devant les tribunaux, d’autant plus que l’administration a invoqué des raisons de sécurité nationale.
En Floride du Sud, la note de mardi cite deux affaires terroristes récentes impliquant des ressortissants afghans – notamment une tentative d’attentat déjouée le jour de l’élection présidentielle de 2024 et la fusillade mortelle de deux membres de la Garde nationale – comme autant de preuves de lacunes dans le processus de sélection et de la nécessité d’un contrôle renforcé.
Source : Le Nouvelliste
Lien : https://lenouvelliste.com/article/262214/immigration-trump-cible-haiti

























