Justice. Alex Ursulet devant la Cour criminelle de Paris pour viol aggravé : l’AVFT sera partie civile aux côtés de Mme M.

Les 10, 12, 13 et 14 novembre prochain se tiendra le procès d’Alex Ursulet, avocat pénaliste parisien, renvoyé devant la Cour criminelle départementale de Paris pour être jugé sur des faits de viol aggravé. A ce stade, il est présumé innocent. L’Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail s’est portée partie civile et dit pourquoi.

Que reproche-ton à Alex Ursulet ? « D’avoir, à Paris et sur le territoire national, le 30 janvier 2018, en tout cas depuis temps non prescrit et sur l’ensemble du territoire national, par violence, contrainte, menace ou surprise, commis un acte de pénétration sexuelle sur la personne de Mme M, avec cette circonstance que les faits ont été commis en abusant de l’autorité conférée par ses fonctions en l’espèce en lui imposant plusieurs pénétrations digitales vaginales », dit le dossier.

Que dit l’ssociation européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail ?

« L’AVFT se constituera partie civile aux côtés de Mme M., qu’elle soutient et accompagne dans ses démarches depuis 4 ans pour être rétablie dans ses droits.

Ces poursuites sont l’occasion de rappeler une nouvelle fois que les femmes ne sont à l’abri d’éventuelles agressions au travail dans aucun milieu professionnel. L’avocature, et les métiers du droit en général, n’y échappent pas. Les centaines de témoignages de femmes victimes dans ce secteur ayant émergés ces dernières années l’illustrent.

Au contraire, chaque profession recèle de quoi nourrir les stratégies des agresseurs. C’est ce que nous dénonçons sans relâche depuis 40 ans : le caractère structurel et systémique des violences sexuelles, qui ne sont jamais de simples faits divers d’individus isolés.

Au-delà du cas d’Alex Ursulet (qui est présumé innocent à ce jour), nous faisons le constat que le pouvoir et l’impunité attachés à la profession d’avocat peuvent être utilisés pour infliger des violences sexuelles dans l’exercice de cette activité professionnelle. Le milieu feutré des grands avocats pénalistes parisiens – ceux que l’on appelle même « les ténors » – est particulièrement concerné : là où règnent l’entre-soi, le corporatisme et la notoriété, se trouve la croyance, fermement appuyée par des préjugés de classe, que ce seraient nécessairement des « gens respectables et distingués » qui, en conséquence, ne pourraient être auteurs de violences sexuelles. Cette croyance est renforcée par le fait que, pour nombre de nos concitoyen·nes, être « homme de loi » signifie implicitement respecter la loi.

C’est pourtant justement cela qui peut permettre à certains d’asseoir une domination sur d’autres individus, particulièrement sur des femmes, encore plus particulièrement lorsque la position de celles-ci est précaire, car stagiaires, débutantes, souvent bien plus jeunes (comme c’était le cas pour Mme M. dans ce dossier).

Dans une société où la réussite professionnelle devient un horizon aussi enviable qu’inatteignable pour bien des jeunes (notamment des jeunes femmes) entrant dans la vie active, le statut d’avocat et de maître de stage permet d’asseoir un rapport de pouvoir impossible à égaliser, qui réduit drastiquement les marges de manœuvre des élèves-avocat·es en stage.

Cette dynamique de pouvoir est au cœur de très nombreuses violences sexuelles au travail : elles reposent entre autres sur la contrainte économique, la peur des représailles et le coût immense -psychologique, professionnel et matériel- que représente toute dénonciation, surtout lorsqu’elle vise une figure installée, connue et influente dans une profession.

Si toutes et tous devons respecter la loi, il ne nous semble pas excessif d’exiger une exemplarité particulière de ceux qui la prêchent et qui en tirent profit dans notre société.

Autant d’éléments de compréhension des violences au travail que l’AVFT entend faire émerger lors de cette audience, par la voix de Me Elodie Tuaillon-Hibon qui assistera l’association.

Les droits de la défense et la présomption d’innocence sont évidemment fondamentaux dans un Etat de droit (l’AVFT, association féministe, ne peut qu’y être particulièrement attachée également). Mais il importe de rappeler symétriquement que le fait pour toute femme de ne pas être victime de viol ou de harcèlement sexuel (à son travail, à son domicile ou dans la rue) l’est tout autant. Le travail, en dépit des inégalités qui y subsistent, reste par ailleurs un vecteur d’émancipation essentiel pour celles-ci.

L’AVFT continuera à se battre pour que les violences sexuelles au travail, quel que soit le statut de leur auteur, soient reconnues, jugées et sanctionnées, et pour que les victimes obtiennent justice.

Pour toutes ces raisons, conformément à son objet social et à son engagement depuis 40 ans, l’AVFT se constituera partie civile à ce procès aux côtés de Mme M. »

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