Le Congrès des élus à Basse-Terre en direct sur Karibinfo

EN DIRECT A PARTIR DE 9H30

Un Congrès bien préparé

Depuis la dernière réunion du Congrès en juin 2024, la commission ad hoc composée d’élus de tous les partis politiques représentés à la Région et au Département, mais aussi le site kanoukafe.com et des réunions avec des universitaires, des représentants de la société civile, des représentants du monde économique ont permis de comprendre ce que les Guadeloupéens attendent du XIXe Congrès des élus réunis mardi 17 juin à Basse-Terre.

Cette nouvelle édition du Congrès sera rythmée par plusieurs temps forts, notamment :

. la présentation des analyses des experts (évolution institutionnelle, emblèmes, organisation des compétences, ressources financières et fiscales de la collectivité unique)
. la présentation du rapport du Cabinet Lefebvre sur les modalités de mise en œuvre d’une politique fiscale adaptée à la Guadeloupe
. la restitution des travaux de la commission mixte ad hoc ;
. l’examen et l’adoption des nouvelles résolutions.

« Le rapport présenté au XIXᵉ Congrès des élus marque l’aboutissement d’un processus collectif de trois années, fondé sur les contributions des forces vives, l’expertise d’intervenants qualifiés et l’engagement des élus. »

Que proposera-t-il ?

Il proposera la création d’une collectivité unique, par la fusion de la Région et du Département, dotée d’un pouvoir normatif local, afin de renforcer la lisibilité et l’efficacité de l’action publique.

« Face aux limites du modèle actuel, il s’agit d’assumer une transformation responsable, au service d’un développement harmonieux du territoire », explique un élu.

Ils sont venus, ils sont … presque tous là !

Ary Chalus, président de Région, fait son entrée à 9 heures, comme la plupart des élus régionaux et départementaux. Les maires suivent le mouvement, tout comme les parlementaires.

Manquent les élus socialistes, mais André Atallah, maire de Basse-Terre, est présent. Tout comme Lucie Mirre-Weck, maire de Saint-Claude. Les socialistes de Guadeloupe, élus du Conseil départemental et de la Région, s’ils ne jouent pas « chaise vide », sont absents. Ils ont dit pourquoi dans un communiqué publié quelques minutes avant minuit, hier.

10 h 20 : le Congrès est ouvert

Petit à petit les élus gagnent leur place, matérialisée par des chevalets à leur nom. De part et d’autre du fauteuil encore vide du président Guy Losbar, Ary Chalus, Jean-Marie Hubert, Jean-Claude Nelson, Sylvie Gustave dit Duflo, Camille Pelage, vice-président de Région sont assis.

De l’autre côté, Maryse Etzol, Jean-Philippe Courtois, Gabrielle Louis-Carabin, Louis Galantine, Adrien Baron, vice-présidents du conseil départemental, ont pris place.

Guy Losbar est assis, il feuillette les pages de son discours et attend que la vidéo présentant le Congrès des élus démarre. Vidéo pédagogique, avec quelques messages démontrant que la commission ad hoc de 23 élus a travaillé, que les réunions avec des organisations politiques et para-politique, des organisations professionnelles, des experts se sont bien déroulées pour mettre en œuvre un processus de changement statutaire, ceci avant les résolutions du XIXe Congrès puis la consultation de la population après que les résolutions aient été présentées au gouvernement… Le processus sera long, encore complexe.

Guy Losbar : « Nous voulons d’un pays où l’humain
est au cœur de chaque décision. »

C’est un discours fondateur que celui de Guy Losbar.

« Depuis que nous avons entamé ce processus d’évolution de nos institutions en 2022, nous avons parcouru la Guadeloupe, nous l’avons écoutée, nous l’avons observée, nous l’avons ressentie.

Et ce que nous avons entendu, ce ne sont pas que des chiffres, ce ne sont pas que des rapports.

Ce sont les voix, les colères, les doutes des enfants du Pays : des jeunes, des mères, nos sœurs, nos frères, des chefs d’entreprises, des employés, de nos ainés … des citoyens, comme vous et moi, qui voudraient légitimement vivre mieux, vivre heureux, chez eux. »

Plus tard : « La Guadeloupe est une terre fière, courageuse, créative et résiliente.

Elle n’a pas besoin de pitié, elle a besoin de respect.

Elle n’a pas besoin de promesses, elle a besoin de projets concrets, durables, justes.

Elle n’a pas besoin d’assistance, elle a besoin d’avoir les moyens de mobiliser ses ressources et de développer son potentiel. »

Après avoir rappelé les grands anciens qui ont fait la Guadeloupe, malgré les chausse-trappes, Guy Losbar parle d’aujourd’hui.

« Nous voulons d’un pays où l’humain est au cœur de chaque décision, où chaque politique publique commence par une question simple :

“Est-ce bon pour nos enfants ?

Est-ce juste pour nos anciens ?”

Nous voulons d’une Guadeloupe qui écrit ses propres règles, ses propres normes, parce qu’elle sait mieux que quiconque ce qu’il lui faut pour vivre dignement, pour protéger ses terres, pour bâtir son avenir. »

L’actualité lui donne l’exemple d’une « profonde injustice » et de ce que la puissance publique peut parfois, voire souvent, être injuste.

Kabana Beach : « Le rôle de la puissance publique ne peut se limiter à brandir froidement le droit !
« L’affaire du Kabana Beach, dit-il, doit interpeller tous les responsables politiques que nous sommes.
Et j’ose le dire ici, même si la décision de démolition de cet établissement relève d’une décision de justice, elle est ressentie comme une profonde injustice !
La démarche de ce jeune entrepreneur guadeloupéen, qui a créé une 20aine d’emplois a certes pu être maladroite, voire entachée d’irrégularités sur certains aspects,
Mais à mes yeux, le rôle de la puissance publique ne peut se limiter à brandir froidement le droit !
Notre rôle c’est aussi de protéger, d’accompagner et d’encourager les initiatives locales, surtout lorsqu’elles contribuent à l’emploi et la vitalité économique du territoire.
Le rôle de la puissance publique, et notre rôle en tant qu’élus responsables, c’est de créer les conditions pour que nos jeunes entreprennent et s’épanouissent dans leur pays ! »

Guy Losbar renvoie à leurs vieilles lunes les élus qui refusent de siéger au Congrès et de participer à ces discussions fondatrices de ce que serait une Guadeloupe autonome. Il s’agit de combattre la peur.

« Autonomie ne veut pas dire séparation.

Autonomie signifie : adaptation. responsabilité. efficacité.

Nous devons dépasser les débats stériles entre article 73 ou 74. Ce que nous voulons, c’est notre propre modèle.

Un statut sur mesure. Un statut de responsabilité.

Un cap clair, une feuille de route concertée.
Une puissance publique capable d’agir, de décider, de bâtir.

Ce que nous proposons, n’est pas une rupture avec la République.
C’est une exigence de justice dans la République. »

Ary Chalus quitte la place

Que dit Ary Chalus ? Que les travaux sont loin d’être achevés, qu’il faut prendre son temps pour expliquer aux Guadeloupéen(ne)s afin de surmonter leur défiance. Eviter une vague d’abstention au moment du vote. Repartir avec des commissions ad hoc. Eviter de se précipiter, chercher le consensus… Et en attendant, répartir les compétences entre les deux collectivités, mettre en place de meilleures politiques publiques, éviter la concurrence entre les deux collectivités… C’est le moment des quatre vérités…

« Nous aurions pu faire mieux et plus pour construire la Guadeloupe ensemble. Pour cela, il faut avoir envie de prendre la main de son prochain… Ce que nous faisons, ce n’est pas de la publicité mais des actions dans l’intérêt des administrés, remplacer le Je par le Nous. On ne peut pas embarquer le pays dans une évolution institutionnelle sans consensus de toutes les forces vives de ce pays. Il faut prendre le temps. »

« Le destin de la Guadeloupe n’est pas l’affaire d’un homme, n’est pas l’affaire d’un parti. »

Il conclut : « Oui pour la collectivité unique mais prenons le temps de bien faire ! »

Il affirme qu’il ne votera pas les décisions du Congrès en l’état. Et quitte la place.

L’expert du cabinet Lefèvre

Cet expert se fait l’écho d’un projet lié à la fiscalité telle que la nouvelle collectivité pourrait l’envisager.

C’est un travail complet, basé sur la fiscalité telle qu’elle existe. Un travail, dit l’expert, jamais réalisé auparavant pour savoir quelles sont les recettes attendues qui pourraient abonder le budget de la future collectivité.

Quelle est l’évolution du potentiel fiscal ? Pour le savoir, c’est obtenir que l’Etat français ouvre ses placards et partage les informations dont il dispose. Ce qui permettrait de savoir quel est le potentiel fiscal dont pourrait disposer la future collectivité.

La CGTG au micro

Jean-Marie Nomertin, secrétaire général de la CGTG, a demandé à intervenir pour la défense de ses collègues ouvriers de la banane.
De quoi s’agit-il ?
Le Syndicat des Ouvriers Agricoles de la banane affilié à la CGTG « dénonce les actes des patrons et des dirigeats du Groupement des Producteurs de Bananes. Depuis plus de trois mois, certains ouvriers sont totalement privés de salaires. Depuis le 1er février 2025, nos camarades de la CUMA de La Plaine n’ont plus perçu de salaire. La CUMA a été dissoute. Un mandataire judiciaire a été désigné. A ce jour, leurs salaires et leurs indemnités de licenciement n’ont toujours pas été prises en charge. »
Il semble que les ouvriers d’une plantation de bananes importante connaissent le même sort depuis le 1er mars.
Autre problème, celui de l’indemnisation des victimes du chlordécone.
« Les ouvriers agricoles de Guadeloupe et de Martinique n’acceptent pas les tergiversations du pouvoir colonial. Il protège les bénéficiaires qui en ont tiré profit… Il faut imposer une indemnisation sans condition. »
Autre problème encore, celui des fonds versés par l’Europe à certains planteurs favorisés. « On gaspille de l’argent public ! », fustige Jean-Marie Nomertin. A mettre en balance avec le traitement « inhumain » réservé aux ouvriers de la banane.

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