Le Bothrops lanceolatus, ou trigonocéphale, est le seul serpent venimeux de Martinique. Présent sur l’île depuis plus de 4,2 millions d’années, il reste à la fois redouté et protégé. Redouté parce qu’on a constaté une hausse du nombre des morsures ces dernières années. Protégé parce que c’est une espèce endémique.
La municipalité du Gros-Morne a décidé de la création d’un serpentarium, afin d’élever ces serpents et d’en tirer le venin, qui servira à créer un sérum anti-venimeux local.
Son arrivée sur l’île de la Martinique s’est faite grâce à une dispersion trans-océanique depuis l’Amérique du Sud vers Sainte-Lucie et de la même manière vers la Martinique, il y aurait entre 3 et 6,5 millions d’années.
Sa présence est citée dans l’ouvrage du Père Labat : Voyage aux Isles, chronique aventureuse des Caraïbes (1693-1705). Également dans « l’anonyme de Carpentras » : Un flibustier Français dans la mer des Antilles (1618-1620) : relation d’un voyage infortuné fait aux Indes occidentales par le capitaine Fleury, avec la description de quelques îles qu’on y rencontre, recueillie par l’un de ceux de la compagnie qui fit le voyage.
Ces ouvrages attestent de la présence du reptile dans l’île déjà au début et dans le courant du XVIIe siècle. Contrairement à certaines rumeurs, ce serpent n’a pas été introduit, ni par les Amérindiens, ni par les Européens.
Concernant son habitat, il privilégie les zones encore sauvage ou semi-sauvage, calmes et retirés, notamment la forêt du nord de l’île ou les mornes boisés (collines), du sud. Il fait des incursions dans les plantations de canne à sucre à proximité des forêts, et parfois proche des habitations où il peut trouver des proies telles que les rats en abondance.
L’espèce subsiste dans certaines zones d’anthropisation clairsemée. Les forêts humides, la fraîcheur, les points d’eau et les altitudes supérieures à 200 m, voire à 400 m semblent les zones d’habitat les plus favorables. Il s’agit en tout cas de ses habitats refuges actuels. Avant l’anthropisation, l’espèce habitait la totalité de l’île.
Un sérum mono-spécifique, le Bothrofav, a été créé spécialement pour la Martinique par l’Institut Pasteur en France. En cas de morsure : rester le plus calme possible, faire allonger la victime, appeler le 112 (numéro des urgences) ; après avoir répondu à ses questions, votre interlocuteur décidera des meilleures façons d’évacuer la victime vers un centre hospitalier de Fort de France (par voie terrestre ou par hélicoptère).