PAR VICTORIN LUREL*
Après un mois de combat au Sénat sur le projet de budget présenté par le Gouvernement, nous avons collectivement décidé, à Gauche, de mettre un terme à la mascarade dans laquelle la majorité sénatoriale a tenté de nous embarquer depuis le début des débats.
Tenant la tranchée depuis des semaines, subissant l’intransigeance inédite d’une droite revancharde plus austéritaire et antisociale que jamais, j’ai décidé de ne plus subir cette tyrannie majoritaire, de retirer tous les amendements et de quitter l’hémicycle.
Si j’accepte le fait majoritaire et les rapports de force politiques, je refuse l’odieux comportement d’une droite qui déserte ses bancs et qui choisit délibérément d’imposer ses choix même ultra-minoritaires dans l’hémicycle.
Il est véritablement indigne et irrespectueux de contourner ainsi le règlement du Sénat en faisant systématiquement des scrutins publics sur nos amendements permettant de faire massivement voter les absents sur ses bancs et gagner ainsi indument des votes alors même que la gauche est physiquement majoritaire dans les travées.
Cette séquence sur la mission Outre-mer vient clore plusieurs semaines de débats pendant lesquelles j’ai ferraillé encore et toujours pour défendre nos peuples et nos socioprofessionnels des véritables horreurs budgétaires et fiscales proposées par le Gouvernement. Pour la première fois depuis 2017, la droite sénatoriale ne m’a accordé aucune véritable avancée mais j’ai toutefois pu obtenir l’essentiel : préserver les Outre-mer des purges annoncées.
Premier succès : la suppression du rabotage massif des aides fiscales à nos entreprises décidé sans consultation ni étude d’impact.
Second succès : la suppression du rabotage des aides à l’embauche outre-mer.
Troisième succès : l’adoption de mon amendement préservant tous les autoentrepreneurs de France d’une refonte des seuils de la franchise en base de TVA.
Quatrième succès : la préservation des producteurs de rhum antillais d’une nouvelle flambée des taxes.
L’issue de ces débats budgétaires dépend évidemment de la capacité du Gouvernement à convaincre son camp de la nécessité de faire des compromis : à eux de se montrer responsables et réalistes en admettant de faire des pas pour plus de justice sociale et fiscale. Nous y sommes prêts, nous l’avons démontré.
*Sénateur de la Guadeloupe, ancien ministre
























