Opinion. Donner à la Guadeloupe les moyens de rendre justice

PAR CHRISTIAN BAPTISTE*

𝗥𝗲𝘁𝗼𝘂𝗿 𝘀𝘂𝗿 𝗹𝗲 𝗱𝗲́𝗽𝗹𝗮𝗰𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗺𝗶𝗻𝗶𝘀𝘁𝗲́𝗿𝗶𝗲𝗹 𝗱𝗲 Eric 𝗗𝘂𝗽𝗼𝗻𝗱-𝗠𝗼𝗿𝗲𝘁𝘁𝗶, g𝗮𝗿𝗱𝗲 𝗱𝗲𝘀 S𝗰𝗲𝗮𝘂𝘅 𝗲𝘁 𝗺𝗶𝗻𝗶𝘀𝘁𝗿𝗲 𝗱𝗲 𝗹𝗮 J𝘂𝘀𝘁𝗶𝗰𝗲 – 𝗣𝗿𝗲́𝘀𝗲𝗻𝘁𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱𝘂 𝗽𝗹𝗮𝗻 𝗱’𝗮𝗰𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗷𝘂𝘀𝘁𝗶𝗰𝗲 𝗲𝘁 𝘀𝗮 𝗱𝗲́𝗰𝗹𝗶𝗻𝗮𝗶𝘀𝗼𝗻 𝗚𝘂𝗮𝗱𝗲𝗹𝗼𝘂𝗽𝗲́𝗲𝗻𝗻𝗲.

La justice, mission régalienne de l’État, porte avec elle son lot de suspicion et de questionnements sur la manière dont elle est rendue et dont elle pourrait être rendue.

Pour son premier déplacement dans notre archipel, et conscient des enjeux entourant cette visite, j’ai tenu à accompagner Monsieur le Ministre au fil des étapes qui jonchaient son parcours, à la rencontre des différents acteurs et des multiples sphères qui relèvent de son ministère.

Une visite remplie d’espoir pour des personnels surmenés, épuisés et que l’on invisibilise volontiers. J’avais tenu à les rencontrer dès mes premières semaines de mandat, avec mes collègues parlementaires socialistes. La première rencontre était une visite à la Maison d’Arrêt de Basse-Terre, accompagné de représentants syndicaux. La seconde s’est tenue aux Abymes.

Ces représentants attendaient des gestes significatifs pour l’exercice de leur profession respective et de nouveaux moyens octroyés à la Justice pour qu’elle soit rendue dans de meilleures conditions, aussi bien à Basse-Terre qu’à Saint-Martin.

Bien que je plaide pour un changement de paradigme pour notre schéma carcéral dans le pays, je ne peux que saluer les annonces qui ont été faites par Monsieur le Ministre :
. Dès septembre, un coordinateur, rattaché au Secrétaire Général du ministère de la Justice, sera nommé pour la zone Antilles. Il aura une mission particulière en matière de ressources humaines, de gestion des moyens techniques, logistiques et numériques ainsi que l’immobilier.
. D’ici 2027, le ministère devrait embaucher 1 500 magistrats et 1 500 greffiers. Des recrutements prévus dans le projet de loi de programmation et d’orientation de la justice.
Les contractuels devraient avoir la possibilité d’être « attachés de justice », une fonction nouvellement créée.
. La juridiction de Pointe-à-Pitre devrait compter quatre nouveaux magistrats d’ici septembre.

En plus des annonces, nous avons également été conviés à la pose de la première pierre d’une extension de 300 places du centre pénitentiaire de Baie-Mahault qui affiche un taux de 272% de surpopulation carcérale.

Une extension, je le rappelle, dévoilée en 2019 par l’ancienne Garde des Sceaux Nicole Belloubet et annoncée pour cette année, qui sera finalement livrée en 2026.

Sur le versant plus négatif que j’évoquais en préambule, je regrette que le Ministre n’ait rencontré que les personnels pénitentiaires et pas les représentants syndicaux, au grand dam de ces derniers. Une réunion demandée au cours de laquelle les questions relatives aux effectifs et aux moyens, tant pour les centres de la Guadeloupe que pour celui de la Martinique, auraient pu être à l’ordre du jour.
Notamment la question de l’égalité de traitement, avec par exemple, l’obtention du déploiement des mêmes services que ceux ayant cours dans l’Hexagone. Des réclamations faites depuis des années de mémoire de syndicaliste.

En trame de fond de ce déplacement, nous avons pu voir les premiers axes des deux textes qui seront portés par le Ministre en Juin prochain : un « projet de loi d’orientation et de programmation » de la justice et un « projet de loi organique relatif à l’ouverture, la modernisation et la responsabilité de la magistrature ».

Deux textes sur lesquels nous travaillerons afin de donner à la Guadeloupe les moyens de mieux rendre justice et de faire entendre les revendications des personnes dépendantes de ce ministère qui se sont senties mises à la marge lors de ce déplacement.

*DÉPUTÉ DE LA GUADELOUPE

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