Opinion. Sargasses : l’heure de l’action est venue

PAR DOMINIQUE THÉOPHILE*

En 2019, à la demande du Premier ministre Édouard Philippe, je me suis vu confier une mission internationale sur le phénomène des sargasses. Cette mission m’a conduit à parcourir l’ensemble de la Grande Caraïbe, de la République dominicaine à Sainte-Lucie, en passant par le Mexique, pour établir un diagnostic global et formuler des recommandations concrètes sur la prévention, la collecte, le stockage et surtout la valorisation de ces algues brunes, dont les échouages massifs menacent durablement les écosystèmes, la santé publique et l’économie locale.

Remis en février 2019, mon rapport parlementaire intitulé « La lutte contre les sargasses dans la Caraïbe passe par des actions de coopération à l’échelle du bassin océanique » a reçu l’approbation du gouvernement et posé les jalons d’une véritable diplomatie environnementale dans la Caraïbe.

Il a notamment conduit à l’organisation de la première Conférence internationale sur les sargasses en octobre 2019 à Pointe-à-Pitre, réunissant plus de 20 délégations d’États et territoires touchés, aux côtés d’organisations régionales comme l’AEC, l’OECO ou l’OEA.

Depuis cette date, toutes les problématiques aujourd’hui soulevées : valorisation, financement, mutualisation des données scientifiques, innovations industrielles, besoin de coordination, étaient déjà identifiées dans ce rapport.

Mais, six ans plus tard, la mise en œuvre tarde. Les collectivités sont livrées à elles-mêmes, confrontées à une pollution qu’elles n’ont ni les moyens, ni les compétences de traiter durablement.

À l’occasion du Forum mondial des îles organisé à Nice en marge de la Conférence des Nations Unies sur l’océan (UNOC3), je rappelle que les fondations sont posées depuis 2019. Il est désormais urgent de passer à l’action.

Je renouvelle plusieurs propositions structurantes :

  • La création d’un Observatoire international des sargasses, à la fois scientifique, technologique et sanitaire, doté de moyens pérennes.
  • La mise en place d’un fonds d’intervention spécifique, abondé par l’État et l’Union européenne, pour financer les opérations de collecte et de traitement.
  • Le développement d’une filière industrielle de valorisation, à partir d’expérimentations locales déjà identifiées.
  • Un pilotage national, coordonné au niveau interministériel, pour soulager les communes et sortir de la gestion de crise.

Il est temps de le rappeler avec force : la gestion du fléau des sargasses relève exclusivement de la compétence de l’État. Par sa nature transfrontalière, son impact sur la santé publique, l’économie locale, les écosystèmes marins et la diplomatie environnementale régionale, cette crise dépasse de très loin le champ d’action des communes et des collectivités. Il ne peut y avoir de réponse locale à un phénomène global.

Le sommet international de Nice offre une occasion unique de relancer cette dynamique, et j’en appelle à une prise de conscience partagée, à l’échelle du bassin caribéen, et réaffirme mon entière disponibilité pour accompagner la relance de ce chantier environnemental majeur.

*Sénateur de la Guadeloupe

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