La Journée internationale d’action pour la santé des femmes, le 28 mai, a été l’occasion pour la fondation Agir pour le cœur des femmes de souligner le nécessaire travail de « formation des professionnels de santé pour mieux appréhender les spécificités féminines en médecine, particulièrement en cardio-gynécologie ».
Selon l’étude d’opinion diffusée par la fondation Agir pour le cœur des femmes, 7 millions de Françaises s’estiment « en mauvaise santé ». Elles sont « 38 % à avoir déjà connu un manque d’écoute, voire une minimisation de leurs symptômes lors d’une consultation médicale en raison de leur genre. » Cette proportion explose à 60 % chez les femmes de moins de 25 ans.
Ce chiffre est un nouvel élément de compréhension pour appréhender la perte de chances des femmes face aux maladies cardiovasculaires. Il en résulte une propension à l’automédication ou au report des consultations médicales, sachant que les trois quarts des femmes font déjà passer la santé de leurs proches avant la leur. Pour rappel, les maladies cardiovasculaires tuent une femme toutes les 7 minutes en France, soit 200 par jour et 76 000 par an.
Selon la fondation Agir pour le cœur des femmes, il faut :
- poursuivre le travail de formation auprès des professionnels de santé pour mieux appréhender les spécificités féminines en médecine, et plus particulièrement en cardio-gynécologie
- poursuivre le développement de programmes de recherche médicale appliqués à la physiologie des femmes
- délivrer des conseils pratiques efficaces et non culpabilisants pour accompagner les femmes dans une démarche de prévention (lire ci-dessous)
- poursuivre les actions de terrain comme le Bus du Coeur des Femmes (qui a effectué une étape spéciale à destination des employées et députées de l’Assemblée nationale le 28 mai) pour réinsérer les femmes dans des parcours de soin dédiés.
« On n’a pas le droit de mourir parce qu’on est une femme ! »
Alors que 7 millions de femmes se considèrent en mauvaise santé :
- elles connaissent mal les risques cardio-vasculaires et les moyens de les prévenir
- elles s’occupent davantage de la santé de leurs proches que de la leur
- elles repoussent trop souvent leurs rendez-vous médicaux
- elles ne se sentent pas suffisamment écoutées par les professionnels de santé
- leurs symptômes sont souvent très minimisés, un phénomène qui s’accentue quand elles sont jeunes.

Les maladies cardiovasculaires constituent la première cause de mortalité des femmes en France. Pourtant, 1 femme sur 2 déclare ne jamais avoir évoqué ces pathologies ou les facteurs de risques associés avec un professionnel de santé. L’étude souligne des lacunes majeures :
- 20 % des femmes n’ont pas de suivi gynécologique et 1/3 des moins de 25 ans n’ont jamais vu de gynécologue
- 41 % des femmes considèrent à tort que 2 heures d’activité physique le week-end suffisent pour éliminer le risque cardiovasculaire
- Moins d’un tiers des femmes font au moins 30 minutes d’activité physique chaque jour et 36 % déclarent rester assises 6 heures ou plus pendant la journée
- Un quart des femmes déclarent dormir moins de 6 heures par nuit en semaine
- 74 % pratiquent l’automédication avant de se rendre chez un médecin.
- 94 % des femmes ménopausées ne prennent pas de traitement hormonal.
Qui enchaînerait 3 nuits blanches pour se reposer les 2 jours suivants ?

« Ces déclarations sont inquiétantes, commente le Pr Claire Mounier-Véhier, cardiologue et médecin vasculaire au CHU de Lille, cofondatrice d’Agir pour le cœur des femmes. De nombreuses femmes s’estiment protégées parce qu’elles vont pratiquer une activité physique deux heures le week-end. Certes, c’est mieux que rien. Mais cela ne viendrait à l’idée de personne d’enchainer trois nuits blanches pour se reposer les deux jours suivants, et ce, chaque semaine. Pour l’activité physique, c’est pareil. Une prévention efficace, ce n’est pas un coup, une motivation que l’on déclenche ça et là. C’est une habitude. L’idéal, c’est la stratégie des petits pas : faire un petit peu chaque jour, sur le long terme. Commencer par consulter régulièrement son gynécologue et son médecin généraliste (au moins une fois par an). Préparer sa consultation pour ne rien oublier le jour J. Répartir l’activité physique tout au long de la semaine plutôt que de la concentrer sur le week-end. Se rapprocher des 7 à 8h de sommeil par nuit. Puis, lorsque l’on a réussi à stabiliser un de ces paramètres, on passe au suivant, on se projette sur l’alimentation, la consommation de tabac ou la pratique sportive… »
Les maladies cardiovasculaires sont des maladies de l’environnement : dans 8 cas sur 10, la prévention permet d’éviter d’entrer dans la maladie. Or, les trois quarts des femmes interrogées indiquent faire passer la santé de leurs proches avant la leur et 74 % pratiquent l’automédication avant de se rendre chez un médecin.
Le simple fait de repousser un rendez-vous médical doit alerter les femmes sur leur situation : si l’on manque une rencontre avec un professionnel de santé, on est déjà en train de s’exposer à des facteurs de risque.
Pour une meilleure prévention

1 – Planifiez votre bilan de santé avec votre généraliste et préparez votre consultation.
2 – Identifiez les compartiments de vie sur lesquelles vous choisissez de progresser.
3 – N’essayez pas de tout faire en même temps. Prenez soin de vous étape par étape. Une fois que l’amélioration d’un comportement (sommeil, activité sportive, nutrition…) est devenue une habitude, passez au suivant
4 – Écoutez-vous, autorisez-vous à prendre soin de vous et apprenez à identifier les signaux que votre corps vous envoie pour en parler à votre médecin.
5 – N’hésitez jamais à faire appel à un second avis si vous ne vous sentez pas écoutée.