Haïti. 29 exécutions sommaires dans le bas Artibonite

La vague de terreur qui s’abat sur la région du bas Artibonite a déjà fait 29 morts.

Des exécutions sommaires perpétrées pendant le mois de juillet 2023 dans l’indifférence des autorités étatiques, a fustigé la Fondasyon Je Klere (FJKL) dans un communiqué qui fait le point sur ces exécutions. « Reconnaître ses limites, tirer sa révérence quand on n’y peut rien sont des actes de grandeur », a rappelé la FJKL au Premier ministre Ariel Henry.

La FJKL a décrit le mois de juillet 2023 comme un mois de vrai cauchemar vécu par les habitants de Liancourt, l’Estère, Petite-Rivière de l’Artibonite et Verrettes dans le département de l’Artibonite. Le bilan est lourd : 29 exécutions sommaires dans le bas Artibonite en moins d’un mois, une dizaine de personnes kidnappées, plusieurs femmes violées et plusieurs dizaines de maisons pillées et/ou incendiées.

Selon l’organisme de droits humains, les atrocités commises par les gangs Gran Grif et Kokorat sans ras sur la population dans la région sont choquantes et révoltantes.

La Fondasyon Je Klere en profite pour déplorer le fait que les cris de détresse, les appels d’urgence au secours de la population n’ont pas atteint les membres du gouvernement d’Ariel Henry ni les agents des forces de l’ordre.   

« Face à la terreur des gangs au niveau du bas Artibonite, le gouvernement répond donc par un silence radio, par l’inaction », s’insurge la FJKL, déplorant que plus de 70% de la population de Liancourt ont dû abandonner leurs résidences pour se réfugier dans d’autres communes avoisinantes augmentant ainsi le nombre déjà considérable des déplacées-es internes à travers le pays qui ne bénéficient d’aucun support du gouvernement. 

La FJKL a documenté les journées de terreur vécues dans la région durant le mois de juillet. Le vendredi 14 juillet 2023, les hommes lourdement armés de « Gran Grif » ont lancé une première attaque contre la population de Liancourt. De manière choquante, ils ont extrait de force des personnes de leurs domiciles pour les exécuter sommairement en plein jour, en pleine rue. Huit personnes innocentes ont été ainsi exécutées sommairement lors de cette attaque. 

Les attaques s’ensuivent dimanche 23 juillet, vendredi 28 juillet à la 3e section communale de Petite-Rivière de l’Artibonite; au moins 10 personnes ont été tuées, certains cadavres ont été brûlés, plusieurs blessés et 6 maisons incendiées. Dimanche 30 juillet 2023, à La Croix-Périsse, les membres du gang Kokorat san ras ont attaqué une patrouille policière. Un policier est sorti blessé lors de cette attaque. La patrouille venait de quitter la commune de l’Estère pour se rendre aux Gonaïves. 

La Fondasyon Je Klere a fait remarquer que le gang Kokorat sans ras a multiplié les actes de kidnapping, de vol et de viol tout au long du mois de juillet dans la zone de La Croix-Périsse, commune de l’Estère. Le tronçon l’Estère – Gonaïves de la route nationale No 1 devient une zone à haut risque pour toute personne qui s’y aventure, y compris pour les forces de l’ordre.

L’organisme de droits humains regrette que la terreur semée par les bandits ait paralysé la vie dans la région du bas Artibonite.  

La Fondasyon Je Klere n’a pas manqué de rappeler au pouvoir en place que la protection de l’ordre public est une responsabilité de l’État. La FJKL s’indigne que le droit à la vie, les libertés publiques ne soient pas garantis en Haïti depuis plus de deux ans et que la situation tend à empirer.

« La multiplication des voyages à l’étranger, des réunions, des colloques, des négociations n’a servi à rien.  Le moment est venu de faire un bilan et de penser au sacrifice nécessaire pour sauver le pays. Reconnaitre ses limites, tirer sa révérence quand on n’y peut rien sont des actes de grandeur », a écrit la FJKL comme pour tacler le Premier ministre Ariel Henry. 

La FJKL presse par ailleurs les autorités de prendre leurs responsabilités et d’agir en vue de mettre fin à cette situation de terreur qui prévaut au niveau du bas Artibonite et à travers tout le pays. Selon l’organisme de droits humains, les solutions existent, mais elles nécessitent une volonté politique forte et une action concertée pour rétablir l’ordre et la sécurité pour tous.

Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp
Email

Actualité

Politique

Economie

CULTURE

LES BONS PLANS​