Haïti. Un mois sans navires au CPS, aucune arrivée prévue par les lignes maritimes

Le gros du transport commercial entre Haïti et l’étranger se fait par voie maritime.

Le gros du transport commercial entre Haïti et l’étranger se fait par voie maritime. Mais depuis que la capitale a basculé dans violence le 29 février 2024, les installations portuaires sont confrontées à des arrêts des opérations ou une baisse considérable du trafic, ont confirmé des sources interrogées par Le Nouvelliste. « Cela fera un mois, demain 5 avril 2024, qu’aucun navire transportant des conteneurs n’a accosté au Caribbean Port Services (CPS) de Port-au-Prince. Officiellement, il n’y a pas de date prévue par les lignes maritimes pour l’arrivée de navires dans nos installations », a confié au Nouvelliste une source proche de ce terminal portuaire, l’un des plus importants du pays, jeudi 4 avril 2024.

Le port de l’APN est lui aussi quasiment déserté par les navires. Début mars, un navire transportant des marchandises en vrac a été touché par balles. Il s’est dirigé en République dominicaine. L’importateur est en discussion avec le navire, avons-nous appris. Plus largement, à cause de l’aggravation du climat sécuritaire dans la ville, « le trafic a baissé considérablement pour toutes les 8 installations portuaires de la baie de Port-au-Prince », a confié Jocelyn Villiers, directeur de l’APN, interrogé lundi par le journal. « La pression est très élevée à l’extérieur. La sécurité est renforcée au port de l’APN y compris au niveau de CPS », a-t-il dit.

« L’armée sécurise l’APN et CPS, la police est plus présente », a poursuivi Jocelyn Villiers. « Mais  nous n’avons aucun pouvoir de décider de la venue ou non d’une ligne maritime », a-t-il mis en avant au moment d’aborder un problème qui donne des sueurs froides au secteur.  « Les compagnies d’assurance ont augmenté les primes d’assurance des navires voyageant sur Port-au-Prince. C’est ce qui explique que nous n’ayons aucun trafic au port de Port-au-Prince », a dit Jocelyn Villiers qui redit à tous, y compris aux bandes armées, l’importance des installations portuaires dans la ville.

Le fonctionnement des installations portuaires « est bénéfique pour la ville, pour le public en général », a insisté Jocelyn Villiers, qui déplore l’impact de l’aggravation de l’insécurité sur circulation de biens et marchandises. « Il n’y a pas de corridors qui permettent d’acheminer la marchandise en toute sécurité au client. Le port ne contrôle pas les paramètres de sécurité au niveau de la ville », a expliqué le DG de l’APN, extrêmement préoccupé par cette situation et son impact sur le trésor public.

« C’est catastrophique pour le pays, pas seulement pour le port. Les douanes prélèvent 69 à 70 % de ses recettes du trafic maritime », a-t-il dit, invitant à imaginer ce que représente cette saignée dans un contexte aussi de fermeture de l’aéroport international Toussaint Louverture. « Si la sécurité n’est pas rétablie dans la ville, vous pouvez deviner ce qui peut peut-être se produire dans un pays qui importe beaucoup de produits  de consommation de masse », a expliqué Jocelyn Villiers.

Entre-temps, Le Nouvelliste a appris ce jeudi que le désespoir est si grand que la sortie ces derniers jours de quelque 300 conteneurs au CPS est perçue comme une victoire. « Les bandits continuent de rançonner les containers. Il est signalé le vol d’au moins deux containers transportant de la nourriture », a expliqué l’une de nos sources, qui décrit les conditions extrêmement éprouvantes pour les employés d’installations portuaires et des douanes. Il faut trouver l’autorisation de sortie avant trois heures 3 heures p.m.

Ensuite, c’est sous les balles qu’il faut laisser le bas de la ville dans des véhicules blindés, a indiqué notre source. « Je voudrais seulement que tu puisses voir ce qu’est devenu le bas de Delmas. C’est catastrophique », a lâché notre source avec une pointe d’émotions, évoquant les barricades, les entreprises pillées. « C’est catastrophique », a-t-elle ruminé.  

Une source proche du terminal de Varreux SA (TEVASSA) a indiqué que le terminal est resté opérationnel au cours du mois de mars. La situation autour du site demeure relativement calme. La PNH assiste avec des blindés la sortie de camions vers les grands axes routiers, a confié notre source à la TEVASSA, qui reçoit des marchandises en vrac. Un navire transportant du riz et un autre transportant de l’acier sont déchargés actuellement.

Durant le mois de mars, deux tankers transportant des produits pétroliers, un tanker transportant de l’huile de palme et un tanker de propane ont accosté au port. Tous ces produits ont été livrés aux importateurs, a indiqué notre source qui confirme une baisse du volume de produits en vrac ces derniers mois. « Oui, plusieurs armateurs ont retardé leurs navires », a-t-elle indiqué. Notre source proche de la Tevassa a estimé qu’il y a du « stock dans les grands entrepôts. Cependant, la distribution aux petits dépôts et détaillants est compliquée et chère. Les prix des denrées alimentaires de base ont augmenté de manière significative », a souligné notre source.

Source : Le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/247536/un-mois-sans-navires-au-cps-aucune-arrivee-prevue-par-les-lignes-maritimes

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