Guadeloupe. « Il est possible de fournir de l’eau potable en permanence si une structure ad hoc est créée pour colmater les 10 000 fuites »

Thierry Le Lay anime un collectif d’usagers qui a déposé plus de 700 plaintes contre le SMGEAG. Entretien.

Vous avez déposé plus de 500 plaintes — d’autres vont suivre — auprès de la procureure de la République. Quel griefs voulez-vous dénoncer ?

Le collectif L’Eau c’est la vie a déposé le 24 septembre dernier 500 plaintes directement auprès de Mme la procureure de la République de Pointe-à-Pitre, accompagné d’un premier rapport détaillé. Nous n’avons eu pour le moment aucun retour du Parquet sur le suivi de ce dossier.
Plus de 250 nouvelles plaintes ont été rassemblées par notre collectif. Les étudiants du CROUS nous ont rejoint pour participer à cette opération.
Nous effectuerons au cours des prochains jours un nouveau dépôt de ces plaintes au Parquet.
Nous portons plainte pour mise en danger de la vie d’autrui, articles 121-3 et 223 -1 du code pénal.
Nous reprochons au SMGEAG de ne pas respecter les obligations de prudence et de sécurité prévue par les lois et règlements concernant la qualité de l’eau et surtout des coupures intempestives et incessantes qui causent tant de souffrances à la population.
Nous lui reprochons également de ne pas entretenir et alimenter en eau régulièrement les bornes d’incendie, au mépris des obligations légales prévues par le code des collectivités territoriales. Le sinistre de la Marina de Saint François avant-hier en est la parfaite illustration. Si demain le feu prend dans un immeuble important en milieu urbain, il pourrait y avoir de nombreuses victimes.

Il s’agit d’une plainte contre X ou contre le SMGEAG ?

Il s’agit d’une plainte contre les dirigeants (sans préciser de nom) du SMGEAG, destinée à rechercher les responsables de cette situation.

Avez-vous été contacté par la présidence/direction du SMGEAG pour avoir une explication ?

Nous avons été reçus par M. Louisy et ses collaborateurs à deux reprises pour rechercher des solutions avant ces dépôts de plaintes pour ce qui concerne l’association des résidents du Bas-du-Fort. Depuis nous n’avons eu aucun contact.

En début de semaine, avec d’autres usagers de l’eau, vous avez pu échanger longuement avec le préfet Thierry Devimeux. Que retenez-vous de cette rencontre ? Vous avez cité une expérimentation réussie d’un préfet, Philippe Gustin qui avait fait venir des techniciens du SIAEAG (prédécesseur de SMGEAG) afin de colmater les fuites sur le réseau sans changer les tuyaux. Est-ce possible de renouveler cette expérience moins couteuse et plus efficiente ?

Cette rencontre avec le préfet de Région a été appréciée. Elle a permis de rassembler beaucoup d’associations pour exprimer leur compréhension du problème. Maintenant pour trouver des solutions, ce n’était pas l’objectif je pense.
Je crois qu’aujourd’hui il est possible de fournir de l’eau potable en permanence, quasiment à tout le monde, si une structure ad hoc est créée pour colmater les 10 000 fuites d’eau en Guadeloupe. 70 % de l’eau n’arrive pas au robinet. Si nous colmatons provisoirement toutes les fuites au fur et à mesure, seulement 30 à40 % se perdra dans la nature et cela permettra à tous d’avoir de l’eau au robinet.
Parallèlement il faudra réparer le réseau, mais sans faire souffrir la population.  Beaucoup de techniciens se posent la question de savoir pourquoi cette solution simple n’est pas retenue aujourd’hui.
Le préfet Philippe Gustin l’avait expérimentée avec succès en 2018. Elle impose cependant une action contraignante des services de l’Etat si le SMGEAG s’y refuse.

Comment a réagi le préfet quand vous avez parlé de cette expérience ?

Il m’a semblé ouvert à cette idée.

Les tours d’eau, c’est encore pour des années disent les experts ? Réactions ?

Je pense aussi que nous en avons encore pour 5 ans ou plus avec les tours d’eau. C’est la raison pour laquelle je préconise avec force une solution qui nous permettra d’avoir malgré tout de l’eau, en réparant au fur et à mesure les fuites.

André-Jean Vidal
aj.vidal@karibinfo.com

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