Guadeloupe. Les tribunaux ont fait leur rentrée solennelle

Après la Cour d’appel, puis le tribunal judiciaire de Basse-Terre, c’était ce matin au tour du tribunal judiciaire de Pointe-à-Pitre de tenir son audience solennelle de rentrée.

Françoise Gaudin a présidé la rentrée à Basse-Terre.

Le tribunal judiciaire de Basse-Terre a fait sa rentrée dans le chef-lieu, jeudi, sous la présidence de François Gaudin.

L’occasion pour le Procureur de la République, Xavier Sicot, de lancer quelques messages mais aussi des pistes de réflexion et de sonner la charge pour prévenir des risques d’une recrudescence de la délinquance.

Xavier Sicot s’interroge sur une activité judiciaire soutenue, avec plus de 10000 plaintes et procès-verbaux, des affaires poursuivables et un nombre de poursuite engagées en augmentation, même si le taux de réponse pénale est au-dessus des 90%.

Le procureur Xavier Sicot.

Le Procureur de la République de Basse-Terre s’est fixé 4 priorités pour 2023 :
. Faire baisser et sanctionner lourdement les détenteurs et les utilisateurs d’armes à feu. Tolérance zéro. Fermeté tous azimut.
. Combattre farouchement et condamner sévèrement les violences intra familiales.
. Troisième axe fort : l’environnement qui sera un sujet prioritaire avec plusieurs dossiers emblématiques qui seront jugés devant le tribunal correctionnel avant la fin du mois de juin.
. Enfin, Xavier Sicot l’a une nouvelle fois répété. Il n’y aura pas de répit pour la délinquance routière. Déferrement, comparutions, saisies vont s’accentuer.

A Pointe-à-Pitre

Hélène Judes (au centre) et les magistrats du siège.

A Pointe-à-Pitre, Hélène Judes, présidente du tribunal judiciaire, a ouvert l’audience en présence, tout comme à Basse-Terre, des personnalités du monde judiciaire, Eric Maurel, procureur général, Philippe Cavalerie, premier président de la Cour d’appel, des autorités civiles, dont le sous-préfet Bruno André et le maire de Pointe-à-Pitre Harry Durimel, et militaires, dont le général Vincent Lamballe, commandant de la Gendarmerie de Guadeloupe et Îles du Nord, les chefs de corps des unités militaires basées en Guadeloupe.

Patrick Desjardins et les magistrats du parquet.

Patrick Desjardins, procureur de la République a requis. Réquisitions en forme de constat : il n’y a pas plus de magistrats mais il y a plus de travail. Constat qui sera aussi celui d’Hélène Judes.

Le procureur Patrick Desjardin a rappelé les événements de fin 2021 et début 2022, le temps des émeutes puis des interpellations, des audiences difficiles pour juger les auteurs des délits. Il a tenu à remercier les services d’enquêtes, fonctionnaires de police et gendarmes pour le travail fait et le travail qui se poursuit.

« Nous veillerons à ce que ces dossiers soient menés à terme et tous les auteurs soient condamnés. »

Il a qualifié la criminalité comme hors normes, soulignant que tous les chiffres de la permanence sont à la hausse.

M. Desjardins est préoccupé par l’explosion des activités du tribunal pour enfants. « C’est très inquiétant, on a de plus en plus de passages à l’acte de mineurs. »

« Nous avons fait, ces deux dernières années, de la gestion des urgences. Je ne veux pas revenir sur des procès où des propos ont été tenus… Non, je ne veux pas y revenir. J’ai la volonté de passer à autre chose. Et je pense que l’ensemble du monde judiciaire est dans le même état d’esprit. Il faut désormais passer de l’urgence au travail de fond. »

2023 année du collectif

Ce travail de fond est amorcé depuis quelques mois. Il passe, a dit le procureur, par la redynamisation des CLSPD qui étaient tombés en quenouille ces dernières années alors qu’ils sont essentiels parce qu’ils permettent, au plus près de la population, les communes, d’échanger, de faire remonter des informations pour intervenir dans l’intérêt des citoyens.

Travail de fond qu’il faut poursuivre et qui a donné lui à des conventions de rappel à l’ordre. « Les maires viennent vers nous », a dit Patrick Desjardins.

Fierté légitime du procureur pointois : les audiences foraines qui se tiennent dans les communes, tenues par les délégués du procureur.
« La justice est rendue en circuit : l’infraction, l’enquête et jugement se sont déroulés dans la commune. »

Autres fiertés parce que ça fonctionne :
. les stages de citoyenneté
. les stages thématiques par infractions
. les stages de citoyenneté thématiques
. la Maison d’éviction du Moule.

« En 2023, il y aura une intensification
du travail de fond. »

Cela sera fait par :
.  la prise en charge des victimes
.  un meilleur accueil des victimes : imaginer des locaux plus protecteurs pour éviter des pressions des familles des auteurs
. un audiencement correctionnel plus rationnel puisque l’on a constaté que des renvois d’audience sont systématiquement demandés
. la surpopulation carcérale : les auteurs, dangereux, ne laissent pas trop d’alternatives
. juguler la délinquance : les forces de l’ordre font un métier dangereux. Le soutien du parquet est entier, ce qui ne l’empêche pas une certaine vigilance pour éviter les excès d’autorité.

33 homicides en 2022 4 homicides depuis 1er janvier. C’est un fléau toujours actuel, qu’il faut associer à la lutte contre les détenteurs d’armes à feu. Ces armes sont employées pour n’importe quoi par des gens qui se promènent avec des armes chargées dans la rue.

Le procureur Patrick Desjardins a parlé des détournements de fonds publics : « l’argent ne public ne manque pas mais il est très souvent détourné à l’arrivée, comme d’un butin dont il faudrait prendre sa part. On ne se fait pas élire pour s’enrichir ! »

Il a conclu : « 2023 sera l’année du collectif. »

André-Jean Vidal

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