La question de l’autonomie de la Guadeloupe avait été révélée avec beaucoup d’honnêteté par l’un des interlocuteurs du ministre des Outre-mer, jeudi 25 novembre. A l’issue d’une réunion en visioconférence entre les maires et Sébastien Lecornu, le président des maires de Guadeloupe, Jocelyn Sapotille, avait dit que la question statutaire avait été évoquée avec le ministre.
Depuis, Sébastien Lecornu s’est entretenu longuement en visioconférence avec les présidents de Région, Ary Chalus, et de Département, Jean-Philippe Courtois. Et les parlementaires de Guadeloupe. Il n’est un secret pour personne, c’est dans leurs déclarations depuis des mois, qu’Ary Chalus et Guy Losbar, président du GUSR, qui détiennent tous les leviers de pouvoir dans l’archipel, souhaitent (veulent) plus de domiciliation locale pour certains dossiers, dont celui de la santé.
Ils répètent depuis des mois que la crise sanitaire a été mal gérée par le gouvernement et ses instances locales. Ils répètent depuis des mois que les morts des mois d’août et de septembre (500 ? 800 ?) sont le fait de cette mauvaise gestion à laquelle ils n’ont jamais été associés.
D’ailleurs, intervenant sur des chaînes nationales, Ary Chalus l’a répété : « On n’a été associé à rien. C’est du mépris ! »
Ces voix de la Guadeloupe, qui réclament de pouvoir gérer directement la crise sanitaire et d’autres dossiers mal ficelés par un Etat mal informé ou indifférent, ont été entendues.
Sébastien Lecornu, membre éminent du gouvernement Castex, fidèle du chef de l’Etat Emmanuel Macron, l’a dit nettement : la question de l’autonomie de la Guadeloupe peut être rapidement à l’ordre du jour. Si c’est ce que veulent les élus et les Guadeloupéens.
Les politiques à la manœuvre
De son côté, Victorin Lurel, sénateur de la Guadeloupe, ancien ministre des Outre-mer, qui a assisté à la visioconférence avec Sébastien Lecornu et les présidents des collectivités majeures, est allé au Sénat et a profité d’une question au gouvernement pour dire Chiche, posons la question aux élites et au peuple. Les masques tomberont.
Parce qu’il pense que cette volonté de récupérer des compétences est une réponse aux critiques d’une certaine partie de la population qui monte en ce moment au créneau. Comme un renvoi de balle pourrie hors champ, vers l’Etat…
Et puis, s’il peut glisser une peau de banane sous les pas de ses adversaires, il n’hésitera pas à agiter la crécelle de l’autonomie pour séparer les élus de la population sans doute plus frileuse sur ce sujet.
A Paris, les propos sans équivoque de Sébastien Lecornu sur l’autonomie de la Guadeloupe ont fait pousser de hauts cris à l’ensemble de la droite.
Eric Ciotti, du LR, pour la droite républicaine, fait un parallèle entre Notre-Dame des Landes et la Guadeloupe. C’est sur Twitter.
Marine Le Pen va plus loin qui accuse le gouvernement de donner des gages aux indépendantistes. Elle le fait sur Twitter.