L’IEDOM a présenté sa synthèse annuelle 2024 pour la Guyane.
L’année 2024 est marquée par l’amélioration progressive de la confiance des chefs d’entreprise. L’indicateur du climat des affaires (ICA) retrouve son niveau de longue période en fin d’année. Cependant, plusieurs facteurs de fragilité sont à souligner, notamment la forte croissance du nombre de chômeurs et l’aggravation du surendettement des ménages.
L’ICA retrouve son niveau de longue période
En 2024, l’indicateur du climat des affaires (ICA) progresse pendant trois trimestres consécutifs, pour se stabiliser au niveau de sa moyenne de longue période en fin d’année. En moyenne annuelle, l’ICA s’établit ainsi à 98,7 points, soit 4,4 points de plus qu’en 2023. Les chefs d’entreprise interrogés par l’IEDOM continuent toutefois de signaler des délais de paiement détériorés, en lien notamment avec les délais de paiement du secteur public local et du secteur hospitalier. Pour rappel, ceux-ci s’élevaient à 64 jours en moyenne en 2023, soit un niveau supérieur au plafond règlementaire. Les charges continuent par ailleurs de s’alourdir, mais une nette amélioration est visible en fin d’année ; ce qui se répercute favorablement sur la trésorerie.
Les défaillances d’entreprise s’inscrivent à la baisse : en cumul sur 12 mois, ces dernières reculent de 12,7 % par rapport à 2023. La Guyane compte ainsi 55 défaillances en 2024.
Les créations d’entreprise maintiennent quant à elles une tendance haussière sur l’année, progressant de 5,8 %, atteignant environ 3 540 créations. Les micro-entreprises constituent la moitié des entreprises créées et progressent de 4,8 % sur l’année.
L’inflation se stabilise
En moyenne annuelle, l’inflation est de 3 % en 2024, soit un niveau équivalent à l’année précédente. Ainsi, si la hausse des prix dépasse toujours le seuil de 2 % fixé par la BCE, elle n’accélère pas sur un an. Cette hausse est principalement tirée par les prix de l’énergie (+7,2 %) et de l’alimentation (+4,9 %). Les prix des services y contribuent de façon modérée (+2,8 %), tandis que les prix des produits manufacturés évoluent peu (+0,7 %). En 2024, l’inflation reste à un niveau plus élevé en Guyane qu’en France entière, contrairement à la tendance observée les années précédentes. En effet, au niveau national, l’inflation s’établit à 2 % en moyenne annuelle. Compte tenu d’un effet de retard, l’évolution des prix guyanais devrait progressivement converger vers ceux de la France entière. Au niveau infra-annuel en Guyane, on observe néanmoins une inflexion des prix de l’ensemble des produits au 2e semestre. Celle-ci est causée dans un premier temps par une décélération des prix des services, puis, dans un second temps, par celle des prix de l’énergie.
Une demande d’emploi en fin de mois en forte hausse
Après une tendance à la baisse amorcée fin 2020, les demandeurs d’emploi en fin de mois (DEFM) de catégorie A bondissent de 9 % en 2024, s’établissant à 22 300 personnes en moyenne sur l’année. Le nombre de chômeurs de longue durée est également en hausse, mais plus modérée : +1,3 % en moyenne annuelle (soit environ 6 700 personnes).
La consommation des ménages est bien orientée
La consommation des ménages est en hausse sur l’année ; elle est soutenue par la croissance de la masse salariale du secteur privé : +4,2 %. Toutefois, elle demeure fragilisée par l’inflation. Cette dernière conduit les ménages à privilégier l’achat de biens de première nécessité et à reporter leurs achats moins essentiels. Globalement, les importations de biens de consommation augmentent de 4,5 % en valeur et de 4,2 % en volume en 2024, contre +0,7 % et -6,4 % l’année précédente. Dans le détail, cet élan est principalement porté par la consommation de biens non durables. En effet, les importations de ce type de biens s’inscrivent en hausse de 5 % en valeur et de 4,4 % en volume. En revanche, les biens de consommation durables enregistrent une progression moins marquée (+1,1 % en valeur et +1,6 % en volume), traduisant les arbitrages des ménages imposés par l’inflation.
En outre, le marché automobile présente des résultats en berne en 2024. Les importations de véhicules de tourisme chutent de 3,9 % en valeur et de 9,7 % en volume. De même, les immatriculations de voitures de tourisme reculent de 6,4 % sur l’année. En matière de vulnérabilité, le nombre de dossiers de surendettement déposés à l’IEDOM (291) bondit de 27,6 % sur un an, témoignant d’une fragilité accrue des ménages. L’investissement privé se maintient en hausse La bonne santé de l’investissement privé constitue un signal d’optimisme sur l’année.
Parmi les projets notables du privé, le secteur énergétique est particulièrement représenté. Ainsi, la centrale photovoltaïque avec stockage lithium-ion et hydrogène de l’Ouest guyanais (la CEOG) représente un investissement total de 170 M€. En outre, le Pôle scierie et énergie valorisant le bois immergé du lac de Petit-Saut constitue un autre projet emblématique en cours. La mise en service de la centrale biomasse de Sinnamary, faisant partie de ce projet, est imminente. Elle contribuera à hauteur de 8 % à la production d’électricité du territoire. En 2024, les importations de biens d’investissement croissent de 5,2 % en valeur et de 9,6 % en volume. Corroborant cette hausse, les chefs d’entreprise sondés par l’IEDOM rapportent des prévisions d’investissement globalement positives sur l’année, malgré une légère inflexion au 3e trimestre. De même, les encours de crédits à l’investissement bondissent de 10,2 % sur l’année, largement portés par les entreprises (+14,8 %).
Rebond des importations
Les importations sont en hausse de 9,3 % en valeur et de 21,0 % en volume en 2024. Elles représentent 2 185 M€ et 890 022 tonnes. Dans le détail, les importations des produits de l’énergie enregistrent la progression la plus importante, avec +22,8 % en valeur et +35,9 % en volume. Les importations de biens de consommation durables et non durables, ainsi que celles de l’investissement sont également dynamiques (cf. parties consommation et investissement). Enfin, les importations de biens intermédiaires suivent la tendance générale et augmentent de 14,6 % en valeur et de 19,7 % en volume. En revanche, le bilan est plus mitigé pour les exportations qui progressent de 10,5 % en valeur, mais diminuent de 11,6 % en volume. La hausse en valeur est principalement portée par les exportations d’or (+15,6 %) ainsi que par les exportations de biens de consommation (+5,3 %). La diminution en volume est quant à elle imputable aux exportations des produits agricoles, sylvicoles et de la pêche (-34,0 %) et des exportations de bois (-12,4 %).
Une activité globalement stable pour le secteur primaire et les IAA
Le solde d’opinion relatif à l’activité du secteur primaire et des industries agroalimentaires oscille légèrement autour de sa moyenne de longue période en 2024, indiquant une activité relativement stable sur l’année. Les prévisions d’investissement sont particulièrement bien orientées ; les effectifs sont également en hausse. Les charges, qui se sont fortement améliorées sur les trois premiers trimestres de l’année, se sont nettement dégradées en fin d’année. Dans le sous-secteur de l’abattage, les résultats sont en retrait. L’abattage de porcins et de bovins est en baisse sur l’année : respectivement -17,7 % et -2,2 % en volume. Dans le même temps, les importations de ces derniers augmentent de 14,2 % et 17,9 % en volume. L’activité des industries (hors IAA) se relève La première partie de l’année est morose pour le secteur des industries (hors IAA). L’activité a cependant rebondi sur la seconde moitié de l’année. Les chefs d’entreprise du secteur font état d’une stabilisation globale de leur trésorerie sur un an. En outre, le solde d’opinion relatif aux prévisions d’investissement se redresse tout au long de l’année et dépasse sa moyenne de longue période fin 2024. Des projets d’investissement d’envergure sont en cours de réalisation (cf. partie investissement). L’activité aurifère est en repli avec des exportations qui diminuent de 3,5 % en volume sur l’année. La hausse du cours de l’once permet toutefois de maintenir les exportations d’or en hausse en valeur (+15,6 %). On observe également une diminution des exportations de bois sur l’année : -12,4 % en volume et -23,4 % en valeur.
L’activité du secteur du BTP est croissante sur l’année
L’activité du secteur du BTP s’accélère en 2024. Alors que les charges se stabilisent globalement sur l’année, les délais de paiement s’améliorent nettement. Dans ce contexte, la trésorerie progresse en fin d’année, à l’instar des effectifs. Au contraire, les prévisions d’investissement se dégradent fin 2024 pour le secteur, après un pic en début d’année. En parallèle, l’encours de crédits de la construction se contracte de 8,1 %. Le manque de visibilité explique en partie ce constat. Les acteurs du BTP évoquent des craintes quant à une baisse future de la commande publique.
L’activité commerciale chute en fin d’année
Alors que l’activité était en hausse en début d’année, le solde d’opinion relatif à l’activité du secteur du commerce repasse en dessous de sa moyenne de longue période au 4 e trimestre 2024. Les acteurs du commerce signalent des prix en baisse tout au long de l’année 2024, baisse amorcée mi-2023. Les prévisions d’investissement sont quant à elles bien orientées.
Une activité dégradée pour les services marchands
Semblable à 2023, l’activité du secteur des services marchands demeure dégradée en 2024. Le solde d’opinion relatif à l’activité du secteur est resté en dessous de sa moyenne de longue période tout au long de l’année. Les délais de paiement, les carnets de commandes et la trésorerie se sont détériorés sur un an. À contrario, les prévisions d’investissement se redressent, particulièrement en fin d’exercice. L’activité touristique est mitigée. Le trafic aérien est en hausse, après une année 2023 impactée par la liquidation d’Air Guyane. Le nombre de passagers à l’aéroport Félix Eboué augmente de 3 %, tandis que les mouvements de vols croissent de 29,9 %. Malgré ces résultats bien orientés, les entreprises interrogées par l’IEDOM signalent une activité en berne, avec un solde d’opinion en dessous de sa moyenne de longue période. De surcroît, le nombre de nuitées enregistrées dans l’hôtellerie baisse de 1,2 % en moyenne en 2024. Pour le spatial, l’activité stagne. On comptabilise 3 lancements au cours de l’année, soit un niveau équivalent à 2023. À titre de comparaison, le nombre de lancements moyen annuel est de 8 sur la dernière décennie.
Toutefois, le lancement inaugural réussi du nouveau lanceur lourd européen Ariane 6 en juillet et le retour réussi du lanceur Vega-C en décembre augurent des perspectives favorables pour le secteur spatial.