Haïti. Les kidnappeurs ont repris du service, alerte la CE-JILAP

La directrice exécutive de la Commission épiscopale Justice et paix (CE-JILAP) a reconnu jeudi une nette augmentation des cas de kidnapping, dans un contexte de reprise des actes criminels.

Depuis plusieurs jours, des signalements publiés notamment sur les réseaux ont démontré des signes palpables d’augmentation des cas de kidnapping dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, après une diminution considérable au cours de ces derniers mois. Les communes de Delmas et de Pétion-Ville seraient les principales concernées par la recrudescence de ces cas d’enlèvements.

Participant à l’émission Panel Magik de jeudi 23 octobre, la directrice de la Commission épiscopale Justice et paix (CE-JILAP), Jocelyne Colas, a confirmé cette tendance.

« Effectivement, nous avons l’impression que le kidnapping a connu une recrudescence », a confirmé Mme Colas, qui a tenu à préciser que le kidnapping n’a jamais réellement disparu. « Nous avions l’impression qu’ils s’étaient arrêtés, mais en réalité, ce n’était pas le cas. On dirait qu’ils se préparaient ou qu’ils attendaient des ordres pour recommencer », a-t-elle ajouté. Une situation qui prend tout le monde de court puisque, pour l’heure, les forces de l’ordre ne donnent pas « l’impression d’avoir une emprise sur la réalité du kidnapping », estime Jocelyne Colas.

Il est difficile, pour l’heure, d’attribuer ces cas à un groupe de gangs en particulier ou de déterminer les zones où sont séquestrées les victimes. Toutefois, certains emplacements font penser à certains groupes criminels bien précis, ces derniers étant dominants dans les zones indiquées.

Une reprise générale des activités des gangs armés

Cette reprise des cas d’enlèvements semble s’inscrire dans une nouvelle vague d’activités des gangs armés. Depuis quelques jours, les groupes criminels ont augmenté les activités criminelles génératrices de revenus. En début de semaine, les chauffeurs de transport public assurant le trajet Carrefour/Centre-ville ont lancé un mouvement de grève suite à l’annonce de l’augmentation des prix des postes de péages installés le long de la route nationale numéro 2.

Parallèlement, les groupes criminels continuent de dicter leurs lois, en dépit des changements opérés au sein de la PNH et des annonces incessantes des dirigeantes sur le rétablissement de la sécurité. Dans le département de l’Artibonite où ils gagnent du terrain, tuent, volent et brûlent, ou à Port-au-Prince où ils contrôlent une bonne partie de la capitale tout en essayant de grappiller quelques centimètres carrés supplémentaires, c’est le même refrain : les gangs agissent sous l’œil passif des autorités. « Les groupes armés agissent à leur guise sans rencontrer de vraie résistance. Nous avons le sentiment que les autorités ont perdu le contrôle sur les actions des groupes armés », regrette Jocelyne Colas.

La situation politique au cœur de cette recrudescence des actes criminels

Face à cette remontée spectaculaire des gangs, la défenseure des droits humains a une explication toute faite. La situation sécuritaire, telle qu’elle évolue actuellement, est en lien direct avec l’actualité politique, marquée notamment par la fin du régime transitoire actuel et l’annonce de l’organisation des prochaines joutes électorales. « Tout ce qui se joue en ce moment est en rapport avec l’échéance du CPT, du 7 février, des questions électorales et les interrogations qui vont avec », précise-t-elle.

Les cas de meurtre en augmentation dans le Centre et l’Artibonite

L’aggravation de la situation sécuritaire de ces derniers mois n’est pas sans conséquence, notamment dans le département de l’Artibonite, dont plusieurs communes sont tombées sous le contrôle des gangs armés, et dans le département du Centre où les gangs sévissent depuis le début de l’année 2025.

Entre le 1er juin et le 31 août 2025, 1 303 cas d’homicides volontaires ont été recensés par le Bureau intégré des Nations unies en Haïti dans les départements précités. Ce qui représente une augmentation de 210 % par rapport à la même période en 2024.

Source : Le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/261100/les-kidnappeurs-ont-repris-du-service-alerte-la-ce-jilap#google_vignette

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