Entre le 1er juin et le 31 août 2025, le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH) a enregistré 2 123 cas de victimes d’homicides volontaires dans tout le pays, dont 161 femmes, 16 filles et 29 garçons; soit une baisse de 10 % par rapport aux 2 364 victimes enregistrées entre mars et mai.
Cependant, le nombre d’homicides volontaires a augmenté de façon spectaculaire dans les départements de l’Artibonite et du Centre, où il a été fait état de 1 303 victimes entre janvier et août, contre 419 au cours de la même période en 2024, soit une augmentation de 210 %, selon le rapport du BINUH au Conseil de sécurité en date du 14 octobre 2025.
À Kenscoff, les gangs ont intensifié leurs attaques contre les villages agricoles afin d’étendre leur contrôle territorial, creusant des tranchées pour bloquer les véhicules blindés de la police. En juillet et en août, 4 policiers ont été tués, au moins 10 ont été blessés, 3 véhicules blindés ont été détruits et le poste de police de Furcy a été incendié.
Au cours de la même période, 22 résidents (11 hommes, 10 femmes et 1 enfant) ont été tués et 9 hommes ont été blessés. Le 19 août, l’explosion accidentelle d’un drone a tué 2 policiers et en a blessé 6 autres. Les membres du gang se sont également emparés temporairement d’un site de communication stratégique de l’Office national de l’aviation civile, lequel site a été repris par la police le 25 août, selon le rapport.
Dans le département de l’Ouest, les 11 et 12 septembre, une attaque de gang contre le village de Labodrie à Cabaret a fait plus de 42 morts les assaillants s’en étaient pris aveuglément aux habitants et ont mis le feu à leurs biens.
En juillet et en août, les gangs ont poursuivi leurs activités et ont continué à commettre des violations à Mirebalais et dans les zones environnantes. Le 3 juillet, des gangs ont attaqué Lascahobas, près de la frontière avec la République dominicaine, tuant au moins neuf personnes, dont un policier, plusieurs autres ont été blessés et plusieurs habitants ont été contraints de fuir. Les affrontements ont repris le 7 août à Lascahobas et Mirebalais. Le 25 août, les forces de sécurité nationales ont mené une opération à Mirebalais, reprenant le contrôle de cette zone.
Dans l’Artibonite, les attaques perpétrées au cours de la même période ont fait 42 morts et 29 blessés parmi les habitants. Le commissariat de Marchand-Dessalines a été incendié et celui de Liancourt détruit le 15 septembre.
Le 18 septembre, des gangs ont attaqué Bassin-Bleu, dans le département du Nord-Ouest, tuant une personne et brûlant le poste de police. Ces assauts soulignent la capacité des gangs de consolider leur contrôle dans un couloir allant du Centre à l’Artibonite, en tirant parti de la présence limitée des forces de l’ordre et des obstacles logistiques.
Faits nouveaux liés à la police
Suite à la nomination d’un nouveau directeur général par intérim de la Police nationale d’Haïti le 7 août et à la déclaration d’un état d’urgence de trois mois dans les départements de l’Ouest, du Centre et de l’Artibonite, des changements parmi les membres du haut commandement de la police. Ces mesures visaient à revitaliser l’institution et à préserver sa cohésion, à renforcer les stratégies antigangs et à améliorer la coordination entre les forces de sécurité et les autorités civiles.
Au 31 août, les effectifs de la Police nationale d’Haïti étaient de 13 501 agents, dont 1 776 femmes (13,2 %). Entre juin et août, la Police nationale d’Haïti a fait état de la perte de 27 agents, dont 13 ont été tués par balles. Début octobre, environ 892 nouvelles recrues, dont 161 femmes (18 %), faisant partie de la trente-cinquième promotion ont commencé à suivre une formation de base. De graves lacunes opérationnelles persistent : sur 116 véhicules blindés, 25 ne sont pas opérationnels, 23 ont été détruits lors d’opérations et 2 seraient aux mains de gangs. Sur les 413 postes de police que compte le pays, 79 ne sont toujours pas opérationnels.
Malgré ces difficultés, les infrastructures et les capacités opérationnelles ont été renforcées. Grâce à l’aide internationale, le poste de police de Champ-de-Mars a été rénové et 24 véhicules et 8 ambulances ont été livrés. Le 7 septembre, le Gouvernement a fourni à la police 10 véhicules blindés et des équipements de protection individuelle. À Kenscoff, le commissariat principal et le sous-commissariat ont été remis en état, et à Borgne (département du Nord), le poste de police a été rénové.
En juillet, l’OEA a parrainé deux sessions de formation spécialisée axées sur les opérations antidrogues et les techniques d’enquête de pointe. Les sessions de formation ont été organisées à l’intention de 35 enquêteurs, dont 2 femmes. Le 2 octobre, l’OEA a livré plus de 90 motos et un lot de matériel logistique.
Pour encourager le développement institutionnel à long terme, le BINUH a organisé, le 24 juillet et le 30 septembre, des réunions de haut niveau avec les responsables de la Police nationale, des partenaires internationaux et des donateurs bilatéraux. Un mécanisme de coordination a été mis en place pour veiller à ce que l’appui fourni par les donateurs s’aligne sur le plan de développement stratégique global de la Police, afin de réduire la fragmentation et d’éviter les doubles emplois, a informé le rapport du BINUH
Entre juin et septembre, le BINUH et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) ont recensé au moins 733 meurtres et 423 personnes blessées au cours d’opérations menées par les forces de sécurité contre des gangs, peut-on lire dans ce rapport qui a également partagé des informations sur les enlèvements.
Du 1er juin au 31 août, les gangs ont enlevé 334 personnes,dont 69 femmes, 10 filles et 14 garçons, contre 328 enlèvements enregistrés au cours des trois mois précédents, a indiqué le rapport du BINUH.
Source : Le Nouvelliste


























