Opinion. « En Guyane, la tortue luth pourrait disparaitre de ses sites historiques »

Un déclin de 95% des pontes de tortues luth Dermochelys coriacea dans l’Ouest guyanais en 20 ans. Laurent Kelle, responsable du WWF Guyane, interpelle sur la situation de la tortue luth.

Laurent Kelle.

En Guyane, la tortue luth pourrait disparaître de ses sites de ponte historiques. Le rapport Planète Vivante du WWF paru en octobre avait déjà mis en lumière la possible disparition locale de cette espèce emblématique.

A l’occasion de la journée mondiale des tortues, le WWF publie un rapport détaillant les causes de ce déclin, et pointe la responsabilité de la pêche illégale. Malgré la mobilisation locale et les annonces récentes du gouvernement, cette menace perdure à forte intensité. Le WWF appelle à des actions ciblées pendant la saison de ponte des tortues marines et un renforcement de la coopération avec le Suriname, sans quoi la plus grande des tortues marines pourrait disparaître de son fief historique.

Une espèce emblématique en déclin

La tortue luth est une espèce emblématique de la biodiversité guyanaise et française, importante à de nombreux niveaux. Elle est à la fois une tortue marine, un reptile, mais également une icône de la biodiversité : en protégeant la tortue luth, nous protégeons en même temps énormément d’écosystèmes qu’elle fréquente, des zones tropicales jusqu’au cercle arctique. 

Mais cette espèce emblématique voit sa population diminuer de façon dramatique. Depuis la fin des années 2000, le nombre de pontes sur la plage d’Awala Yalimapo (réserve naturelle de l’Amana) n’a cessé de chuter, dans des proportions considérables, passant de plus de 5000 pontes en 2009, à 72 en 2022.

Piégées par les filets…

Comme pour les autres tortues marines, la tortue luth a une mortalité naturellement élevée dans les premiers stades de sa vie : pour un millier d’œufs pondus par la femelle, on estime généralement que seulement une tortue a la chance d’atteindre l’âge adulte. Ainsi, la survie des individus adultes est donc d’importance prioritaire pour la survie de ces espèces.

Si le changement climatique a un impact direct sur les populations de tortues luth (notamment à cause de l’érosion des plages de pontes), les adultes font face à une autre menace : les captures accidentelles et notamment les captures accidentelles liées aux filets. Dès le début des années 2000, les analyses menées ont confirmé la dangerosité des filets de pêche pour les tortues marines femelles reproductrices.

Mettre un terme à la pêche illégale

La pression de pêche illégale dans l’ouest guyanais est connue depuis plus de 20 ans. Dès 2000, le WWF France adressait un rapport d’analyse au Conseil National de Protection de la Nature du ministère de l’environnement afin d’alerter sur la situation. 23 ans plus tard, les constats les plus récents démontrent que la principale menace pesant sur la survie des tortues luth en Guyane perdure à haute intensité dans la même zone. 29 tapouilles (bateaux de pêche illégale) ont en effet été recensées lors du survol de septembre 2022 par les équipes du WWF France, à proximité immédiate des zones de pontes, un record.

Laurent Kelle, responsable du WWF Guyane

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