Présidentielle. Comment le vote Mélenchon du premier tour pourrait se transformer en vote Le Pen au second, ce samedi

Guyane, Martinique, Guadeloupe : c’est Jean-Luc Mélenchon qui l’a emporté au premier tour. Comme dans le reste des Outre-mer. Devant Emmanuel Macron, le président sortant. En Guadeloupe, ce dernier n’arrive qu’en troisième position. 

Jean-Luc Mélenchon a été l’élu de la gauche non encartée socialiste, l’élu des nationalistes que son parti a séduits en les soutenant pendant la crise sociale. Mathilde Panot, députée de La France Insoumise, a fait le job, surtout en Guadeloupe. L’élu aussi de tous ceux qui en ont assez de la classe politique qui a appelé à voter Macron, tous partis locaux confondus (sauf le PCG).

Les réseaux sociaux, depuis le soir du premier tour, résonnent d’une petite musique qui s’amplifie : puisque ce n’est pas Mélenchon, « pourquoi pas Le Pen ». Mais surtout pas Macron. Le président sortant qualifié, sans aucune retenue, de « dictateur » dans sa gestion de la crise sanitaire. 

Sans aucun complexe, en Guadeloupe notamment, même si le camp patriotique prône officiellement l’abstention, les troupes seraient tentées de voter Le Pen. Pourquoi ? Pour dégager Macron. Et ensuite ? Ensuite, pensent-ils nous verrons. Mais le Tout sauf Macron semble prendre de l’ampleur malgré les appels à la raison lancés ici ou là. 

En Guyane

Au premier tour de l’élection présidentielle, comme dans le reste des Outre-mer, la Guyane a choisi Jean-Luc Mélenchon en lui octroyant 50,59% des suffrages, loin devant le président sortant Emmanuel Macron 14,22% et Marine Le Pen 17,66% des votes. 

Depuis, la Guyane semble ne plus du tout s’intéresser au scrutin dont le second tour est ce samedi 23 avril.

Si un représentant de Marine Le Pen a fait une tournée dans les communes, la représentation locale d’Emmanuel macron n’a rien fait…

Le président de la Collectivité territoriale de Guyane, Gabriel Serville, se veut pragmatique et il s’en réfère à celui ou celle des candidats qui fera les meilleures propositions pour la Guyane. 

Il leur pose deux questions : « Quel est votre programme pour la Guyane ? » et « Comment comptez-vous nous accompagner sur notre projet d’évolution statutaire ? » 

Une démarche qui pourrait s’apparenter à du marchandage.

Pas sûr que cette attitude du premier guyanais incite les électeurs à se rendre aux urnes samedi. 

En Martinique

Electrocardiogramme plat, serait-on tenté d’écrire. Les soutiens d’Emmanuel macron, plutôt tiède au premier tour se sont sensiblement refroidis. 

Là encore, au premier tour, Jean-Luc Mélenchon a caracolé en tête du scrutin avec 53,1% des suffrages exprimés, devant Emmanuel macron, avec 16,3% et Marine Le Pen 13,42%.

Depuis, à part quelques déclarations ou lettres ouvertes, dont celle de Serge Letchimy, appelant à ne pas voter pour Marine le Pen, l’enthousiasme pour Emmanuel Macron ne s’est nulle part manifesté. 

On peut craindre que l’abstention soit la norme dans cette région. 

En Guadeloupe

En Guadeloupe, le premier tour a élu — élu de cœur éliminé — Jean-Luc Mélenchon, avec 56,16% des suffrages, contre 17,92% des suffrages à Marine Le Pen, 13,43% à Emmanuel Macron. 

Une gifle non seulement pour le président sortant mais encore pour la classe politique au pouvoir dans les deux assemblées, qui avait parrainée Emmanuel Macron et appelé à voter pour lui, malgré quelques réserves sur son bilan de mandat.

Mais, dans ces trois régions, Emmanuel Macron est associé à la crise sanitaire et à la grogne qui a suivi l’obligation vaccinale, le passe sanitaire, puis le passe vaccinal, la suspension des soignants non vaccinés. Et, depuis quelques semaines, l’augmentation du prix des hydrocarbures qui impacte fortement les ménages. 

Les élus, dans la perspective du second tour, n’ont pas marqué réellement leur soutien, sauf quelques exceptions depuis ce début de semaine où les partisans d’Emmanuel Macron vont tenir meetings.

On peut comprendre leur inquiétude quand ils suivent les posts sur les réseaux sociaux. Un vote pour Marine Le Pen au soir du second tour en Guadeloupe n’est pas improbable.

C’est pour cela qu’Ary Chalus, entre autres leaders politiques, ont pris la plume pour s’engager plus avant. Le président de Région le fait, avec des exigences qu’il affirme. Il dit le besoin d’écoute de la détresse des Guadeloupéens, déjà marqué dans plusieurs courriers au chef de l’Etat, du respect de la volonté politique. Il s’agit, il le dit et on veut bien le croire, d’un soutien « sans allégeance ni soumission. »

La sortie du nom de Marine le Pen est tête, dimanche (on le saura, en fait, dès samedi soir) serait un avertissement pour la classe politique dans la perspective des législatives quand on sait que Jean-Luc Mélenchon a déclaré qu’il veut être Premier ministre en juin prochain grâce aux votes des Français — et des Français d’Outre-mer qui lui sont acquis — lors des législatives qui vont suivre la présidentielle. 

Législatives qui vont arriver d’autant plus vite qu’on dit le président Macron, s’il est réélu, tenté de dissoudre l’Assemblée pour provoquer des élections plus rapidement… et empêcher l’opposition de faire campagne. 

André-Jean VIDAL

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