Présidentielle. La crise des parrainages

Le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé, lors de la séance de questions à l’Assemblée nationale, ce mardi 22 février, qu’il recevrait les associations d’élus en présence des présidents Gérard Larcher du Sénat, et Richard Ferrant, de l’Assemblée nationale, jeudi 24 février.

Pourquoi ? Pour parler des difficultés qu’ont certains candidats à décrocher leurs 500 parrainages qui permettront qu’ils soient officiellement candidats à la présidentielle française.

En effet, comme l’a souligné Jean Castex devant la représentation nationale, seuls 10 000 élus sur les 42 000 susceptibles d’apporter leur parrainage à un candidat qui le leur demanderait, se sont manifestés.

Cette année, les élus se font tirer l’oreille, qui doivent confondre parrainage et soutien. Le Premier ministre l’a rappelé : « Parrainage ne veut pas dire soutien. C’est une simple manifestation de la démocratie. »

A ce jour, certains candidats — et même Emmanuel Macron, président de la République sortant qui ne s’est pas manifesté — ont obtenu leurs parrainages. Y compris des candidats qu’on pourrait estimer marginaux (il y a une trentaine de candidatures à ce stade des intentions).

Pourtant, certains candidats qui se sont manifestés, qui sont en pré-campagne, et qui sont, si l’on en croit les sondages, susceptibles de réaliser des scores leur permettant de prétendre aller au second tour de cette élection majeure, comme Marine Le Pen ou Eric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon ou qui ont un (petit) poids dans la landernau politique national, comme Christiane Taubira, peinent à obtenir des parrainages.

Certains candidats, comme Anne Hidalgo (PS), qui fait 2% d’intentions de vote mais a ses parrainages (1 177 à ce jour), fustigent la démarche de Jean Castex.

« Tout ça c’est pour que Zemmour puisse avoir ses parrainages – je ne vais pas l’empêcher, je dis juste : qu’on nous prenne pas pour les idiots du village, quand même. Zemmour qui tient des propos antidémocratiques, négationnistes, extrêmement dangereux pour l’équilibre de notre pays et qui nous renverraient à une forme d’indignité au ban des nations, que au nom de la démocratie on vienne chercher des formules pour lui donner des parrainages, mais de qui se moque-t-on ? », dit-elle au Monde et autres médias.

Sauf qu’Eric Zemmour, candidat réactionnaire, fait 15 à 16% des intentions de vote.

D’autres personnalités ont appelé à parrainer ces candidats et d’autres. Ainsi le président de l’Association des maires de France, David Lisnard, à titre personnel, ou le président du Modem, François Bayrou — qui aurait une réserve comprise entre 120 et 180 élus susceptibles à sa demande d’apporter leur… parrainage. Au nom de la démocratie.

D’ailleurs, on dit « parrainer » mais la formule officielle est « présenter ». On peut présenter quelqu’un qu’on n’aime pas particulièrement alors que parrainer… on s’implique plus. Et on n’enlèvera pas cette idée des têtes des élus.

Elus qui se voient mal, sans doute, parrainer des personnalités chouchou des sondages, certes, mais qui sentent un tantinet le soufre. D’autant qu’il faudra se débrouiller ensuite (les parrainages sont publics sur le site du Conseil Constitutionnel) pour aller aux législatives, deux mois après la présidentielle… avec collé à son veston l’étiquette de parrain de X ou Y… dont l’odeur de soufre colle aux basques.

André-Jean VIDAL

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