Guadeloupe. Que faire face à l’insécurité croissante ?

La préfecture de Guadeloupe a décidé la tenue d’un séminaire consacré à la sécurité publique. Il s’est tenu à la Creole Beach Hôtel du Gosier, lundi 20 juin.

Polices municipales, entreprises, monde associatif… réunis pour un séminaire de haute tenue. @K

Le directeur de cabinet du préfet, Tristan Riquelme, a ouvert le séminaire, entouré d’intervenants : le colonel Jean-Pierre Rabasté, commandant en second de la gendarmerie de Guadeloupe et des Îles de Nord, le capitaine Sylvain Louis Carmasol, adjoint au chef d’état-major de la Direction territoriale de la Police nationale (DTPN), les majors Louis Falémé, référent sûreté de la gendarmerie, et son homologue Didier Plaisance, de la Police nationale.

La prévention de l’insécurité doit se faire dans les familles, les entreprises, les collectivités, les associations. Il s’agit d’un travail de coopération et de coordination.

Disons-le : la Guadeloupe n’est pas épargnée par des vagues d’insécurité croissantes : la délinquance y prospère malgré le travail des forces de l’ordre. 1 000 gendarmes et autant de policiers nationaux veillent pourtant sur la sécurité publique avec un professionnalisme et un dévouement sans faille.

La zone gendarmerie comprend toutes les communes de l’archipel sauf les agglomérations de Basse-Terre, Pointe-à-Pitre, Les Abymes, Le Gosier et Capesterre Belle-Eau (bourg).

La zone police est facile à définir : ce sont les villes précitées.

En zone gendarmerie comme en zone police, la délinquance et le crime explosent, avec un accroissement constaté depuis le début de l’année.

Les chiffres sont sans appel, 7 013 crimes et délits depuis janvier… avec une nette hausse de toutes les catégories : les violences physiques crapuleuses (vols avec arme) ont augmenté de 40%, les homicides et tentatives d’homicides de 50%, les atteintes aux biens et vols avec violence de 21%.

« Nous avons eu à traiter de 354 infractions pour violences avec armes, nous avons saisi 57 armes à feu en cinq mois », a dit le colonel Rabasté.

« Il y a une utilisation totalement décomplexée d’armes, souvent de poing, des Glock, des Taurus… », a précisé le sous-préfet Riquelme.

« Des actions sont mises en œuvre par la gendarmerie contre la circulation des armes, avec le déploiement des unités sur le terrain, que réquisition du parquet », a expliqué le colonel Rabasté.

Outre ces actions, il y a un renforcement de la prévention par le déclenchement, à intervalles réguliers, des opérations « Déposons les armes. »

Enfin, il y a une délinquance qui prend de l’ampleur, ce sont les violences intra-familiales : 700 interventions en 5 mois. Pour lutter contre ce type de délinquance, il y a la Maison de protection des familles, une équipe chargée des enquêtes et des actions de prévention en milieu scolaire, dans les entreprises, dans les associations.

Le capitaine Sylvain Louis Carmasol a détaillé à son tour le travail de la DTPN, nouveau service conjoint mis en place en Guadeloupe en début d’année 2022, qui comprend sous une mêle direction la police aux frontières, la formation, la sécurité publique et la police judiciaire.

La délinquance générale en zone police depuis le 1er janvier (5 mois), ce sont 4 180 affaires, 13 homicides, 48 tentatives d’homicides (19 toute l’année 2021), la saisie de 545 kilogrammes de drogues diverses (contre 1 954 pour toute l’année 2021), 53 armes saisies (106 toute l’année 2021), 11 armes déposées (15 pour toute l’année 2021).

Simple constat : un emballement de la délinquance.

« Depuis le début de l’année, commentait Tristan Riquelme, nous constatons un accroissement inquiétant. Ce qui se passe ici se passe aussi ailleurs, mais en Guadeloupe nous avons des problèmes qui nous préoccupent particulièrement, outre les violences intra-familiales et les violences contre les femmes : la délinquance routière, la circulation des armes, le trafic d’armes. »

Pour coordonner les moyens de l’Etat contre la délinquance de toute sorte — Police nationale, Gendarmerie, Douane — il existe le Centre opérationnel départemental, en préfecture, qui est enclanché en cas d’événement naturel (séisme violent, météo impactante, etc.), de crise sociale débordant sur la voie publique (routes barrées, émeutes, etc.). Réuni sous la présidence du préfet de Région, ce centre est dirigé par le directeur de cabinet Tristan Riquelme.

Celui-ci a rappelé le travail effectué par ce centre lors des événements liés à la crise sociale de fin 2021, soulignant que les débordements constatés — dont des tirs à balles réelles sur des gendarmes et policiers — avaient donné lieu au déploiement de six escadrons de gendarmes mobiles, du RAID (police) et du GIGN (gendarmerie), unités d’élite d’intervention.

Face à cette délinquance exacerbée, des opérations ont été mises en place depuis le début de l’année, détaillées par Tristan Riquelme :

. le contrôle des fêtes nautiques : « parfois deux à trois cents personnes alcoolisés, des viols… », affirme le directeur de cabinet. Les équipes des douanes, du Parc national, la gendarmerie maritimes entrent régulièrement en action pour contrôler bateaux et occupants;

. le contrôle des sites comme l’aéroport, les aérodromes qui peuvent servir pour des trafics de marchandises et de personnes;

. le contrôle des zones festives : boites de nuit, avec contrôle des horaires de fermeture, des licences IV pour la vente des boissons alcoolisées, les nuisances sonores… Le contrôle des rodéos aussi.

Tristan Riquelme a rappelé que les polices municipales peuvent aussi contrôler le respect de la réglementation, des licences, les horaires de fermeture, les nuisances sonores.

Tristan Riquelme :

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