Gérald Darmanin annonce « un couvre-feu pour les mineurs » à Pointe-à-Pitre

Face à la montée des faits de violence en Guadeloupe, impliquant notamment des mineurs, l’Etat oppose un discours de fermeté… et des actes.

Avec les annonces du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, actuellement en visite en Guadeloupe, Harry Durimel, maire de Pointe-à-Pitre, qui avait manifesté ouvertement son désarroi face à l’insécurité qui gangrène sa ville, pourra envisager le quotidien plus sereinement. En effet, quelques heures après son arrivée, mercredi 17 avril, Gérald Darmanin s’est entretenu avec le maire de Pointe-à-Pitre avant de se rendre à l’entrée de la rue Vatable.

Parlementaires, les élus de la ville de Pointe-à-Pitre, les forces de l’ordre…, ont assisté à ses côtés à la présentation par Christophe Gavat, directeur territorial de la Police nationale, des actions mises en œuvre pour l’opération Place nette, débutée le 15 avril. Un dispositif qui sera maintenu « tant qu’il le faudra », a indiqué Gérald Darmanin. « L’Etat ne laissera pas faire une délinquance qui est de plus en plus jeune et de plus en plus armée, prévient Gérald Darmanin. Comme dans l’Hexagone, j’ai demandé aux policiers et aux gendarmes de mettre en place des opérations Place nette pour lutter contre la drogue, les points de deal, la circulation des armes, qui est sans doute le problème principal que connaît la Guadeloupe aujourd’hui. »

« Les parents doivent s’occuper de leurs enfants ! »

Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer.
Gérald Darmanin, avec Caroline Calbo, procureure (à gauche), Marie Guévenoux, ministre déléguée aux Outre-mer et Harry Durimel, maire de Pointe-à-Pitre.

En Guadeloupe, l’opération d’envergure se déroule sous l’autorité de la procureure de la République, avec les douaniers, les policiers, les gendarmes mobiles… « Ils ratissent chaque rue, les squats, les points de deals, ceux où on entrepose de la drogue, mais aussi les lieux de prostitution, de circulation d’armes afin de procéder à des interpellations. Il faut frapper un grand coup, comme nous le faisons dans l’Hexagone, pour rendre la tranquillité publique aux habitants de Pointe-à-Pitre et d’ailleurs. »

Concernant l’implication de plus en plus fréquente de mineurs, armés, dans des délits, Gérald Darmanin entend rappeler chacun, particulièrement les parents, à leurs responsabilités.

Un couvre-feu devrait entrer en vigueur « dès le début de la semaine prochaine [22 avril, NDLR] et pendant deux mois, précise Gérald Darmanin. Les mineurs de moins de 18 ans ne pourront pas circuler dans les rues de Pointe-à-Pitre après 20 heures. La Police nationale assurera les contrôles. Les parents doivent s’occuper de leurs enfants ! Ceux qui ont des difficultés sociales doivent être accompagnés par les services de l’Etat, du Département ou de la mairie. Il s’agit de rappeler à chaque parent son rôle : on ne peut pas laisser des enfants de 12, 13 ou 14 ans circuler à 22 heures, avec des armes, ni les laisser s’en prendre à des policiers, des touristes, des passants. Cette mesure de fermeté est un rappel : les mineurs sont sous la responsabilité des parents. »

« Parfois, le mineur tue et parfois, on le tue. »

Harry Durimel, maire de Pointe-à-Pitre.

Selon Harry Durimel, là où l’implication des mineurs dans les faits délictueux représentait 12 %, on atteint aujourd’hui 38 %. Une escalade qui interroge. La proposition d’une élue de Pointe-à-Pitre pour la mise en place d’un couvre-feu, relayée par le maire Harry Durimel, a été actée par Gérald Darmanin, ce mercredi soir. Une décision qui rassure le chef d’édilité. « Si les enfants sont chez leurs parents la nuit, ils ne brûleront pas 70 poubelles à Pointe-à-Pitre comme ils l’ont fait récemment, commente-t-il. On ne peut pas tout demander au ministre : il ne peut pas faire l’éducation de nos enfants. Demander à un parent d’avoir son enfant à la maison, c’est aussi le mettre en sécurité : parfois, il tue et parfois, on le tue. »

Parallèlement à cette mesure, la ville de Pointe-à-Pitre pourra disposer de caméras de vidéosurveillance, financés « à 100 % » par l’Etat. Un dispositif qui avait été évoqué lors la dernière séance élargie du Comité local de sécurité et de prévention de la délinquance de la ville de Pointe-à-Pitre, en présence, entre autres, du sous-préfet Jean-François Moniotte et de la procureure, Caroline Calbo.

« Les commandes sont passées, affirme Harry Durimel. Dans les semaines à venir, on devrait commencer à installer 18 points de surveillance et faire la connexion entre Police municipale et Police nationale : c’est ce qui manque. Le ministre a reconnu qu’en renforçant les moyens sur un si petit territoire, notamment en associant forces de Police et de Gendarmerie on peut assécher la délinquance à Pointe-à-Pitre. Les Pointois verront qu’on s’occupe de leur sécurité. Après notre entretien, je me sens accompagné : je me sens plus rassuré. »

Un haut fonctionnaire en charge de la sécurité

En complément de ces annonces, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer est arrivé en Guadeloupe avec un haut fonctionnaire chargé de la sécurité auprès du préfet Xavier Lefort, pendant trois mois. À l’issue, son rapport devrait permettre d’établir avec les collectivités locales « un nouveau contrat de sécurité à l’instar de ce qui s’est fait en Martinique et qui a permis une baisse de la délinquance », explique Gérald Darmanin.

La présence renforcée sur la voie publique des forces de Police et de Gendarmerie sera aussi couplée à un renfort d’enquêteurs. « Il n’y en a peut-être pas suffisamment pour produire des auditions et faire condamner les personnes interpellées, admet Gérald Darmanin : nous allons y remédier ! »

Soucieux de prendre en compte tous les aspects liés à la délinquance dans l’archipel, Gérald Darmanin annonce son prochain déplacement à la Dominique, comme il l’a fait à Sainte-Lucie, en marge de sa visite officielle en Martinique, en mars. « Même si les saisies d’armes et de drogue en Guadeloupe sont très importantes grâce au travail des policiers et des gendarmes qui agissent sous l’autorité des magistrats, la coopération internationale est un levier pour lutter contre l’immigration irrégulière, la circulation des armes, le trafic de drogue… ».

Voilà un ministre qui aura fait plus qu’accorder une oreille attentive. Next !

Cécilia Larney

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